Alors que la normalisation des relations entre la Turquie et Israël semble toute proche, les entrepreneurs des deux pays espèrent une reprise et une accélération des échanges commerciaux.
Ces cinq dernières années, la balance commerciale turque avec Israël a été excédentaire.
Alors que les exportations turques vers Israël ont augmenté de 13% pour atteindre 2,7 milliards de dollars US, les importations ont elles, reculées de 19%, soit 1,7 milliards de dollars.
D’après l’analyse des données économiques entre les deux pays, les attentes en vue d’une normalisation semblent être en faveur de la Turquie.
L’Agence Anadolu a étudié ces données.
Selon les chiffres de l’Institut turc des Statistiques (TUIK), l’an passé, la Turquie a principalement exporté vers Israël des véhicules motorisés (464,8 millions de dollars US), de l’acier (324,7 millions) et des appareils électriques (181,7 millions).
Au niveau des importations en provenance d’Israël, c’est l’énergie qui arrive en tête (898,3 millions de dollars US), suivie des produits plastiques (150,4 millions) et des machines (80,7 millions).
Le tourisme est un secteur clé des relations commerciales entre les deux pays.
Entre 2011 et 2015, le nombre de touristes israéliens ayant choisi la Turquie comme destination a été multiplié par 2,8 pour passer de 79 140 à 224 568.
Le président du Conseil des affaires Turquie-Israël du Conseil des Relations Economiques Extérieures (DEIK), Hasan Akcakayalioglu, affirme que les échanges économiques entre les deux pays peuvent se défaire des relations diplomatiques, rappelant que les échanges se sont développés alors que les relations diplomatiques étaient au plus bas.
«Les entrepreneurs et les consommateurs des deux pays ont fait le choix de s’orienter vers ce qui est le mieux et le plus économique pour eux. Nous pensons que cette situation va se poursuivre. La normalisation des relations va augmenter le volume de nos échanges», a-t-il estimé.
Selon lui, en deux ou trois ans, le volume des échanges commerciaux entre la Turquie et Israël pourrait atteindre 7,5 milliards de dollars US.
Il considère que le secteur du tourisme est celui qui pourra enregistrer la plus importante performance, en accueillant chaque année au moins un million de touristes israéliens.
«Avec la volonté de faire d’Istanbul un centre financier international, de nombreux investisseurs israéliens peuvent se tourner vers notre pays. Le secteur le plus stratégique et le plus actuel est celui du gaz naturel. Si normalisation il y a, Israël pourrait faire transiter son gaz naturel par la Turquie pour le vendre sur les marchés européens. Ce serait du gagnant-gagnant et permettrait d’augmenter le volume des échanges», a-t-il expliqué.
Akcakayalioglu estime que la capacité de la Turquie a intégrer les marchés du Moyen-Orient et l’accès d’Israël aux technologies de pointes, sont deux facteurs qui encouragent les échanges mutuels entre les deux pays.
Concernant la perception israélienne de la Turquie, le président de conseil d’affaires a déclaré :«Avant la crise diplomatique entre Ankara et Tel Aviv, il était aisé de dire que les israéliens avaient un regard de sympathie et d’admiration envers la Turquie. Quand on regarde les données économiques, il semble évident que les relations diplomatiques n’ont pas eu d’incidence sur les échanges économiques. D’ailleurs, le secteur privé favorisera la normalisation des relations.»
Les entreprises turques aussi attendent beaucoup de la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays.
Le directeur de la société turque de bâtiment Yilmazlar Insaat, Ahmet Arık, qui développe des projets depuis 22 ans en Israël, a affirmé que le secteur du bâtiment bénéficiera de la normalisation.
«Nous faisons travailler 1200 Turcs dans nos projets en Israël. Mais notre société a écopé de manière injuste d’une dette de taxes de 40 millions de dollars US. L’affaire est devant la justice. Nous pensons que c’est une affaire politique. Si les relations se normalisent, nous pourrons la régler», a-t-il dit.