Le rav David Grossman, rabbin de la ville de Migdal Haemek et directeur des institutions Migdal Or est connu pour son action au service des jeunes en déshérence ou en perte d’identité juive Il n’hésite pas à aller dans les lieux les plus insolites dans lesquels aucun rabbin ne met les pieds, pour récupérer des jeunes et tenter de les ramener vers le droit chemin.
Dans une interview au magazine Kehila, le rav Grossman a raconté l’une des “opérations sauvetage” qu’il a menée dans un…monastère!
C’était deux jours avant Yom Kippour, un homme en pleurs était venu frapper à sa porte. Il était désespéré. Son petit-fils, dont les parents habitaient en Europe, et qui avait été envoyé en Israël pour étudier, avait loué sans le savoir un appartement en colocation avec un homme qui s’était avéré être un missionnaire chrétien. Influencé par cet homme, le jeune homme était parti s’installer au monastère de Dir Hana, près de Migdal Haemek, pour y étudier le christianisme dans le but de se convertir. L’homme pleurait et disait au rav: “Comment pourrai-je décemment me présenter à la prière de Kol Nidreï et m’adresser à D.ieu alors que mon petit-fils est dans un monastère??”
Sans hésiter, le rav Grossman se rendit au village arabe de Dir Hana et demanda au mokhtar du village de l’aider à entrer clandestinement dans le monastère. Le mohktar accéda à sa demande et lui fit savoir que son fils était responsable de l’approvisionnement en nourriture du monastère et qu’il l’aiderait. Le rav Grossman comprit aussi que sa tenue vestimentaire de rabbin ne serait pas un atout pour se mouvoir discrètement dans l’enceinte du monastère! C’est ainsi qu’il prit la décision de revêtir un pantalon jeans et de porter une perruque. Il monta sur le tracteur du fils du mokhtar, s’assit à ses côtés et put ainsi entrer sans problème.
Le rav Grossman repéra sans peine le jeune homme juif et demanda à lui parler. Le jeune homme fut stupéfait de reconnaître le rav Grossman dès que ce dernier ôta la perruque. “Mais que faites vous-là??” demanda le jeune homme. “Et toi, que fais-tu là?” rétorqua du tac au tac le rav. Une discussion s’engagea durant laquelle le jeune homme se “déversa” et se plaignit de l’attitude de sa famille à son égard depuis des années. Mais le rav ne céda pas: “Je te comprends, mais tu es allé beaucoup trop loin! Comment peux tu te trouver ici, dans un monastère chrétien, à deux jours de Yom Kippour??!”
Malgré l’insistance du rav Grossman qui invita le jeune homme à venir chez lui pour Yom Kippour, ce dernier répondit par un vague “peut-être” et le rav prit congé. La journée de Yom Kippour se passa sans que le jeune homme ne soit apparu dans la synagogue du rav Grossman. Mais à l’issue de la fête, le rav reçut un coup de téléphone très ému du grand-père, lui annonçant que son petit-fils était venu prier dans sa synagogue, plein de remords et de repentance.
Des années plus tard, lors d’un voyage aux Etats-Unis, le rav Grossman se rendit dans un “schtiebel” à Monsey pour y prier minh’a. Un étudiant du kollel local s’approcha alors de lui et lui dit à voix basse avec un sourire: “Où est votre perruque, rav Grossman?”
Photo Yaakov Naumi / Flash 90