Censé promouvoir l’islam aux plans religieux et social parmi les citoyens arabes d’Israël, le Mouvement islamiste israélien et le chef de sa branche-nord, le Sheikh Raëd Salah, sont sans conteste des instigateurs-clés des tensions de ces deux dernières semaines dans et autour de la Vielle Ville de Jérusalem, et donc aussi de la vague actuelle de violences. Au centre de leurs activités militantes clairement antisionistes : une vaste campagne lancée voilà déjà deux décennies contre « la judaïsation de Jérusalem » et pour « la défense de la mosquée Al Aqsa ».
Outre les prêches du vendredi, les médias arabo-palestiniens, la toile Internet et les réseaux sociaux, qui jouent ensemble et comme par synergie un rôle très important dans la propagation des « rumeurs » insistantes attribuant aux Juifs et au gouvernement israélien un « plan secret » visant à modifier le statuquo actuel à Jérusalem, à détruire la mosquée d’Al-Aqsa, cette rhétorique du complot sortie d’un autre âge est amplifiée depuis des années à l’intérieur même d’Israël par le Mouvement islamique Nord (MIN). Lequel n’est rien d’autre que la section arabe israélienne des Frères musulmans, la grande confrérie moyen-orientale transcendant les Etats de la région et créée au milieu des années 1920 à laquelle appartient aussi le Hamas.
Pire encore : c’est bien le Sheikh Salah et son entourage du MIN qui ont planifié depuis de longs mois l’explosion actuelle de violences à Jérusalem, en Vieille Ville comme sur l’Esplanade des Mosquées. N’est-ce pas eux qui ont mis sur pied les deux groupes de casseurs des Mourabitoun et des Mourabitat motivés par une foi islamiste intégriste et répandant en permanence leur haine des Juifs et des non-musulmans lorsqu’ils empêchent – par des insultes et des menaces – aussi bien les touristes chrétiens que les visiteurs juifs israéliens de prier ou même simplement de réciter des Psaumes sur le mont du Temple… Le tout avec l’appui logistique et financier explicite du Qatar !
Ces mêmes Mourabitoun qui ont préparé de longue date des stocks entiers de pierres, de barres de fer, de poignards, de cocktails Molotov, et même d’explosifs et d’armes à feu cachés dans les recoins de la mosquée Al-Aqsa : raison évidente des dernières intrusions mouvementées de la police israélienne dans ce « lieu saint » de l’islam, et aussi de la classification des Mourabitoun et des Mourabitat en tant que « mouvements subversifs » par le gouvernement israélien, ultime étape juridique avant leur complète interdiction…
Salah : un parcours incendiaire d’incitateur à la violence antijuive
Surnommé depuis des années « le Sheikh Al–Aqsa », Salah possède effectivement un joli pédigrée d’agitateur de l’islam le plus radical et antijuif !
Véritable successeur du fameux Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini – celui-là même qui rencontra Hitler pour lui demander d’exterminer plus efficacement les Juifs d’Europe afin de les empêcher de rejoindre laPalestine -, Raëd Salah a repris à son compte dès le milieu des années 1990 le slogan apparu chez les Arabes d’Israël et en Jordanie après la Guerre de Six-Jours de juin 1967 (alors que l’Etat hébreu avait pris le contrôle du mont du Temple) consistant à prétendre que « la mosquée Al Aqsa est en danger ».
Depuis plus de deux décennies, il n’a dès lors plus cessé de développer cette campagne avec son mouvement en incitant à la violence islamique « par le feu et par le sang » afin de « sauver Al Aqsa des Juifs »…
Signalons que c’est aussi lui qui a entrepris à partir de 1996 de changer le statuquo sur le mont du temple en encourageant le Wakf (l’autorité administrative musulmane locale) de lancer d’immenses et dangereux travaux d’excavation dans et autour des Ecuries de Salomon ainsi que sous la mosquée Al Aqsa : deux sites que le Wakf s’est vite empressé de transformer en deux nouvelles mosquées venues s’ajouter aux deux autres déjà présentes sur l’Esplanade… Et c’est aussi au nom de la « défense d’Al-Aqsa » que, suite au fallacieux prétexte de la visite d’Ariel Sharon en septembre 2000 sur cette même Esplanade, l’OLP, l’AP et le Hamas lançaient ensemble la 2ième Intifada appelée l’Intifada armée et parfois aussi l’Intifada Al-Aksa.
Plus récemment, Salah a averti que toute violence organisée contre son mouvement ou autour de la mosquée Al-Aqsa sera « durement repoussée » : « Nous avons un dispositif de différents plans qui peuvent être mis en œuvre immédiatement », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse donnée le 8 octobre dernier par le Mouvement islamique à Nazareth, à laquelle assistaient Ahmed Tibi, Mohammed Baraké et Hanane Zoabi, tous des députés israéliens de la Liste arabe unifiée. L’incitation à la haine et l’escalade de violence par les Juifs résultent de l’occupation de Jérusalem et de la mosquée, et la meilleure solution serait de mettre un terme à l’occupation ! ». Et d’ajouter : « En fait, aucune force au monde ne peut nous déclarer hors-la-loi. (…) Quand ils menacent de nous déclarer hors-la-loi, nous leur répondons que nous tirons notre légitimité de notre foi en Dieu et de notre résistance bénie sur notre terre ! Nous sommes prêts à payer en le prix, et ni les menaces, ni les prisons, ni les expulsions ne nous feront peur. Etre un martyr pour la mosquée al-Aqsa est un grand honneur ! ».
Pourquoi le gouvernement israélien n’interdit pas définitivement le Mouvement islamiste en « coffrant » aussi Raëd Salah ?
Il est vrai que ces dernières années, Salah a été déjà plusieurs fois arrêté, interrogé et même condamné pour « incitation à la haine raciale », puis emprisonné des mois entiers par la justice israélienne – la Cour suprême lui interdisant même de quitter le territoire pour l’empêcher d’aller se réfugier dans un pays arabe voisin. Ce qu’il ne souhaite pas vraiment puisque son « rôle » consiste à agiter les foules musulmanes des Arabes israéliens en organisant plusieurs fois par an de grands rassemblements urbains tout à fait « légaux » (en tous cas jusqu’à maintenant), où il mobilise grâce à ses harangues enflammées les foules de croyants de l’islam contre la « judaïsation de Jérusalem » et pour la « défense d’Al-Aqsa » en appelant sans cesse à une « troisième Intifada »…
Des activités en tous points publiques que le gouvernement israélien semble curieusement tolérer – du moins dans certaines limites -, comme si les autorités de l’Etat hébreu redoutaient que son arrestation et surtout sa condamnation à de longues peines de prison ne déclenchent des émeutes incontrôlables dans les grandes villes arabes du pays…
Si bien que même s’il reste bel et bien dans la ligne de mire du Premier ministre Binyamin Netanyahu qui lui a reproché à plusieurs reprises « sa parenté avec des organisations terroristes comme le Hamas » et d’agir « pour créer un grand califat islamique à l’échelle régionale », le Mouvement islamiste n’est pas près d’être enfin déclaré « illégal » et interdit par les ministères de la Sécurité intérieure et de la Justice !
Seul facteur qui pourrait à long terme s’avérer peut-être positif pour Israël : le fait que, malgré toutes les apparences et mêmes s’ils sont presque tous des Sunnites, les Musulmans religieux du pays et de la région sont très divisés sur la « centralité » de Jérusalem et de ses mosquées, le courant salafiste proche d’Al-Qaïda minimisant la centralité d’Al Aksa pour l’islam au profit des sites de la Mecque et de Hidjaz, alors que le MI et les Frères musulmans la portent toujours aux nues aux côtés du site de l’ancienne mosquée Al-Azhar du Caire abritant aujourd’hui la plus grande université islamique de la planète.