L’agriculture, c’est aussi et peut-être surtout, les hommes et les femmes qui la font. Nous avons interrogé, Shmuel Ouaknin, ingénieur agronome, qui travaille au quotidien auprès des agriculteurs. Il nous livre ses impressions de terrain.
Le P’tit Hebdo: En quoi consiste votre travail au quotidien?
Shmuel Ouaknin: L’une des priorités des agriculteurs c’est que leurs productions soient rentables. Pour cela, ils doivent parer à un certain nombre d’éléments extérieurs, comme les maladies des plantes ou les insectes.
Ils font donc appel à des gens comme moi, qui conseillent ces professionnels en leur apportant des méthodes parfois connues, et en les faisant bénéficier de leurs recherches et de leurs idées nouvelles. Pour ma part, je suis spécialisé dans les cultures de tomates, de poivrons, de courgettes, de pommes de terre et de raisins.
Lph: Vous qui êtes sur le terrain, comment les agriculteurs vivent-ils aujourd’hui?
S.O.: Ce métier n’a jamais été facile, il ne l’est toujours pas. Les agriculteurs doivent se battre pour leurs droits. Comme tous les indépendants, ils ont du mal à se construire une retraite, digne de ce nom. Ils ne se sentent pas assez soutenus par le ministère des finances. Même si des avancées sont à noter concernant l’embauche de travailleurs étrangers, cela reste insuffisant. Par ailleurs, ils ne sont pas suffisamment protégés face aux grandes chaines alimentaires qui négocient durement les prix.
Lph: Et le boycott à l’étranger, vous inquiète-t-il?
S.O.: Oui, et il devrait tous nous inquiéter! Si les exportations chutent, alors ce sont les prix à l’étalage ici qui vont monter en flèche! Aujourd’hui l’exportation en Europe est extrêmement faible, celle vers la Russie a chuté de moitié, et les agriculteurs s’inquiètent des répercussions des dernières décisions en Europe.
Le gouvernement israélien doit davantage promouvoir les produits agricoles israéliens. C’est une belle et grande chose que d’exporter notre savoir-faire dans le domaine. Nous avons appris des technologies de pointe au monde entier mais ce n’est pas avec cela que les agriculteurs auront de quoi acheter leur pain quotidien!
Nous devons sans cesse travailler à augmenter les exportations de nos fruits et légumes. Pour cela, l’échelon politique doit se sentir encore plus impliqué!
Lph: Comment voyez-vous l’avenir de notre agriculture?
S.O.: La population mondiale augmente, donc l’agriculture sera toujours de première nécessité et sera de plus en plus demandée. La question est de savoir, à quel prix?
L’avenir de ce secteur sera assuré si l’on se préoccupe du sort de nos agriculteurs et si la population se sent concernée par celui-ci. D’ailleurs, je vous invite à participer le 7 mars prochain, à une journée porte ouverte dans le sud du pays, lors de laquelle vous pourrez en apprendre plus sur nos recherches et nos résultats, le tout dans un environnement fruité et coloré!
Pour en savoir plus:
www.mopdarom.org.il
Guitel Ben-Ishay