LPH est allé à la rencontre de Manou Akerman, naturopathe, qui « vit bio » depuis 30 ans. Elle conseille beaucoup de personnes qui souhaitent aller vers ce mode de vie plus naturel et plus à l’écoute de soi. Découvrez la vie Bio…
Le P’tit Hebdo : En quoi peut-on dire que vous vivez « bio » ?
Manou Akerman : Vivre bio, je dirais que c’est s’attacher à n’utiliser aucun produit manufacturé, que ce soient des denrées alimentaires ou même des produits d’entretien. Je fabrique moi-même, par exemple, nos shampoings, nos démêlants, nos savons ou les produits de ménage.
LPH : Pourquoi avez-vous choisi d’adopter ce mode de vie ?
M.A. : C’est ma rencontre avec un médecin qui traitait uniquement par des produits naturels qui m’a fait découvrir et apprécier ce monde. En effet, certains problèmes chroniques se résolvent plus efficacement par ces méthodes que par la prise d’antibiotiques.
LPH : N’est-ce pas une vie trop remplie de contraintes ?
M.A. : Je suis toujours étonnée que nous, les Juifs, soyons réticents à un mode de vie sous prétexte que celui-ci serait « contraignant ». Être juif c’est se plier à des règles. Pour notre part, depuis plus de trente ans que nous avons adopté ce mode de vie, nous le vivons très bien ! Il suffit de se prendre en main et de s’assumer. Ainsi, il est vrai que nous n’allons jamais au restaurant, mais est-ce si grave ? Nos enfants, quand ils étaient petits, se cachaient parfois d’avoir un sandwich avec du pain noir, alors que tous les autres avaient du pain blanc. Mais après tout, nous apprenons, sans cesse, à être fier de ce que nous croyons. Ceci dit, je pense que la clé réside aussi dans la souplesse dont nous avons fait preuve. En effet, je n’ai jamais imposé à mes enfants ce qu’ils devaient manger lorsqu’ils allaient chez des amis. De la même façon, alors que nous n’avons jamais eu de bonbons à la maison, je ne leur interdisais pas d’accepter ceux qu’on leur offrait à la synagogue, par exemple. J’ai toujours pensé que je leur avais donné une valise, un mode d’emploi. Ensuite, je leur fais confiance, ils ne l’ont jamais vécu comme une contrainte. D’ailleurs, aujourd’hui, à l’âge adulte, ils sont tous imprégnés de l’importance de vivre naturellement, et même s’ils appliquent ce mode de vie à des degrés différents, ils y sont très sensibles.
LPH : Et financièrement ? N’est-il pas difficile de faire grandir une famille bio ?
M.A. : De ma propre expérience, je peux dire que non. En effet, je ne crois pas que pour être bio il faille absolument acheter tous ses fruits et légumes dans des magasins spécialisés. Je dis toujours aux personnes qui suivent des séances chez moi d’acheter les produits les plus simples possibles. C’est aussi cela vivre bio : vivre simple. La plupart des produits que l’on utilise n’ont pas besoin d’être organiques. Certains oui, mais si c’est trop difficile, peut-être que l’on peut apprendre à s’en passer.
LPH : Se passer de certains produits ne risque-t-il pas de causer des carences ?
M.A.: On trouve souvent des produits de substitution qui s’avèrent, en plus, bien meilleurs pour l’organisme. Nous ne consommons, par exemple, aucun produit laitier. Eh bien, nos enfants ont bien grandi ! Le calcium présent dans les produits laitiers l’est souvent en très faible quantité et le corps l’absorbe difficilement. En revanche, les amandes, notamment, sont riches en calcium qui est encore plus absorbable par le corps.
LPH : Quels sont les dangers du bio ?
M.A.: Le bio doit être adopté uniquement en étant guidé pour une vie naturelle. Cela ne s’improvise pas. En effet, si l’on n’applique pas correctement ces principes de vie, on peut en arriver à utiliser avec excès certains minéraux ou certaines vitamines. Il y a des doses à respecter ! Je prends soin de conseiller aux gens des produits que je sais fiables à 100%. Par ailleurs, il faut se méfier des impostures. Parmi tous ceux qui se revendiquent bio, certains usurpent le titre pour des raisons purement commerciales. C’est aussi un marché porteur le bio !
LPH : Justement, la tendance est-elle à plus de bio au sein de notre société ?
M.A.: De mon point de vue qui, je le reconnais, n’est peut-être pas totalement objectif, nous sommes dans un processus qui marginalise de plus en plus les produits qui ne sont pas naturels. Aujourd’hui, on a un retour à la nature, tout le monde s’intéresse au sujet. Pas un seul magazine où on ne parle pas des produits naturels ! Et puis, bio et écolo, se rejoignent et on peut constater un pas important aussi vers plus d’écologie. Maintenant, il est vrai qu’entre s’intéresser et passer à l’acte, il y a un pas à franchir.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay