A la mémoire de Josy Eisenberg ז”ל
L’ami, le maitre, le passeur
Pour nous, qui ne croyons pas au hasard, la vie est faite de rencontres. Certaines rencontres peuvent illuminer notre vie. L’une d’elles fut ma rencontre avec Josy. Elle se produisit lorsqu’il s’invita avec son équipe pour nous filmer dans notre minuscule Soucca, et se répéta pendant de longues et heureuses années d’entretiens autour des mille et une facettes de la pensée et de la vie juives. A l’occasion d’un anniversaire, mes enfants eurent l’idée de demander à mes proches d’écrire un bref texte non signé dont je devrais deviner l’auteur. Et voici ce qu’il écrivit :
« Tu ne seras pas long à deviner, même si un océan nous sépare…En général la distance qui nous sépare n’a jamais dépassé 1m50. Cet évènement historique se produit plusieurs fois par an, pour le plus grand plaisir de ceux qui t’écoutent.
Signé: un ami qui te veut du bien. ». Inutile de dire qu’il ne me fallut pas plus de quelques secondes pour reconnaitre l’inimitable ami…
Celui que nous avons connu, aimé et admiré sous le nom de Josy était né Joseph. Il s’est éteint paisiblement à la veille de la fête des lumières alors que nous lisons Chabat la merveilleuse histoire de Joseph. Or Joseph, le rêveur revêtu de sa tunique bariolée, et devenu responsable de son père et de ses frères et de l’Egypte qui avait fait de lui le vice-roi et le Grand Panetier de Pharaon, est un personnage lumineux. A deux reprises, Rachi le compare à l’étincelle, ניצוץ, et à la bougie, נר.Le Joseph biblique est pour nous le modèle de l’enfant espiègle et charmeur devenu adulte responsable tant du bien-être physique que moral des siens, sans renoncer à son esprit facétieux, comme en témoigne la façon dont il joue avec ses frères pour les amener à devenir responsables à leur tour. Or c’était bien le sentiment que je ressentais au cours de nos entretiens télévisés, alors que j’avais en face de moi un homme érudit qui jouait avec son savoir en de multiples domaines pour en faire jaillir des étincelles. Le jeu de l’échange rapide, qu’il maitrisait à la perfection, n’était pas pour lui une fin en soi. Il s’agissait toujours de faire ressortir la pertinence de nos vieux livres et la source de vie qu’est l’enseignement des Maitres du Talmud, du Zohar, de la ‘Hassidout et de tous les courants de la pensée juive. En quelques minutes la discussion s’embrasait, nourrie d’histoires vécues et de bons mots. Comment pourrais-je oublier la malice qui pétillait dans ses yeux lorsqu’il pouvait glisser dans la discussion la plus sérieuse une de ses “histoires juives” ? Je cueillais au vol l’étincelle sur ses lèvres souriantes, l’entrainais à mon tour dans un nouveau rebondissement, dans un jeu incessant de la pensée et du cœur. Car cet homme de dialogue était un homme de cœur, d’une générosité sans défaut.
Oui, Josy était cet enfant-adulte muri par les épreuves, et éveillant les téléspectateurs à leurs propres responsabilités. Sa vie, commencée dans la tourmente, s’achève alors que nous allumons les petites lumières de ‘Hannouca que nous évoquions dans notre dernier entretien tourné peu avant son départ. Les multiples lumières qu’il a allumées continueront à bruler dans notre cœur et à éveiller notre conscience.
Un jour, il me demanda : sais-tu pourquoi les rabbins n’arrivent-ils jamais à finir leurs discours ?
Comme je donnais ma langue au chat, il me dit : mais c’est écrit dans la phrase de la prière : ה’ חפץ למען צדקו יגדיל תורה ויאדיר
D.ieu fait grandir la Torah et il y a à dire…
Oui, cher Josy, tu as encore tant à nous dire…
Puisse ta mémoire lumineuse être pour nous une source d’inspiration.
תהא נשמתך צרורה בצרור החיים
Rav Daniel Epstein
Bonjour,
A mon tour de remercier le rabbin Josy Eisenberg pour ses émissions télé. Il m’a fait découvrir et aimer les racines juives de ma foi. Ses études illuminent et enrichissent ma compréhension des évangiles en replaçant ce message dans son contexte historique et spirituel. C’est bien la preuve que nous avons besoin des uns et des autres pour nous approcher de LA VERITE que personne ne détient, car nous serions alors DIEU !
Rav Epstein , je prie D. pour que vous ne partiez pas rejoindre trop rapidement votre ami pour poursuivre vos discussions ( sourire ) et que vous continuiez à nous faire profiter longtemps encore de vos enseignements .
Mais l’ecclectisme du Rabbi Josy va nous manquer. Encore une fois, merci rabbi, grâce à vous, je deviens chaque jour un meilleur juif et par conséquent un meilleur être humain même s’il me reste un sacré chemin à parcourir .. Vous me manquez déjà, Rabbi Josy .