Alors qu’ont débutés hier les barrages pour la Ligue des Champions, une affiche retient notre attention : Hapoël Beer-Sheva – Olympiakos. Israël ferait donc partie de l’Europe. Non, bien évidemment, Israël fait partie du continent asiatique. Mais alors, pourquoi la géographie du football est-elle différente de la géographie réelle ? Retour sur l’histoire mouvementée du football israélien.
RAPPEL HISTORIQUE.
Durant les qualifications à la Coupe du Monde 1958, on assiste à un phénomène étrange. Israël est premier de son groupe, jusque-là rien d’extraordinaire. Mais lorsqu’on regarde de plus près on s’aperçoit qu’Israël est premier sans avoir disputé une seule rencontre. La raison de ceci est simple, les pays musulmans devant l’affronter ont tous refusé de jouer leurs match. La FIFA pour s’éviter d’offrir la qualification à un pays sans qu’il n’ait touché la balle organise un barrage imprévu contre le Pays de Galles. Israël battu 2-0 à l’aller comme au retour ne verra pas la Suède et ne participera pas à son premier mondial.
Cette première aura lieu en 1970. Israël sort des qualifications de la zone Asie-Océanie en éliminant successivement la Nouvelle-Zélande puis l’Australie mais terminera dernier de la phase de groupe s’offrant tout de même le luxe de tenir en échec l’Italie (0-0). Par ailleurs, l’équipe israélienne rencontre un succès intéressant au sein de l’AFC (Asian Football Confederation) en remportant en 1964 la Coupe d’Asie des nations de football après deux défaites consécutives en finale face à la Corée du Sud.
En 1974, Israël se retrouve dans un désert footballistique après son exclusion de toutes les compétitions organisées par l’AFC. Cette décision a été prise suite au refus du Koweït et de la Corée du Nord de jouer leur match de 2ème tour des Jeux Asiatiques face à Israël. L’AFC craint alors de perdre sa crédibilité devant l’annulation de tant de matchs et cède aux pressions des Pays du Golfe. L’Océanie vient alors au secours d’Israël en l’intégrant à l’OFC (Oceania Football Confederation). Ceci durant près de deux décennies.
En 1991, l’UEFA prend alors conscience du problème et décide d’intégrer les clubs israéliens aux compétitions européennes avant qu’Israël ne devienne définitivement membre de l’UEFA en 1994. Le point d’orgue de l’appartenance d’Israël à l’UEFA fut l’organisation en 2013 du Championnat d’Europe espoir sur le territoire israélien.
LA POLITIQUE JAMAIS LOIN.
Cependant, cette organisation ne s’est pas déroulée sans embûche. Le 1er décembre 2012 une soixantaine de footballeurs internationaux ont signé une pétition contre l’organisation de l’Euro espoirs en Israël. La raison de cette pétition ? Ces footballeurs – en partie français – reprochent aux dirigeants de l’UEFA de fermer les yeux sur les événements se déroulant au Moyen-Orient, soulevant notamment le bombardement du Palestine Stadium de Gaza en 2012 par l’armée israélienne. En janvier 2013, Michel Platini a reçu des militants pro-palestiniens qui manifestait devant le siège de l’UEFA. Le Championnat d’Europe espoirs s’est finalement déroulé sans incidents notoires dans les différents stades d’Israël. Les enjeux politiques n’ont donc pas cessé d’escorter la sélection israélienne après son entrée dans l’UEFA. Fernando Hierro, figure emblématique du Real Madrid, a récemment était pressenti pour intégrer la fédération israélienne afin de révolutionner le football local. S’en est suivi une pression sur le joueur d’associations espagnoles pro-palestinienne telles que la RESCOP(Réseau solidaire contre l’occupation de la Palestine) afin qu’il ne saisisse pas cette opportunité.
UN MOTIF D’ESPOIR ?
De nos jours, dans la majorité des sports, Israël fait partie des fédérations européennes et participent aux compétitions organisés par celles-ci, avec plus ou moins de succès. On se souviendra notamment de la victoire épique du Maccabi Tel-Aviv en finale de l’Euroligue de basket face au Real Madrid en 2014.
Cette situation dure maintenant depuis plus de deux décennies et rien ne laisse pressentir à un changement rapide de la situation. Cependant, l’exemple du tennis pourrait être suivi. Après un premier refus en 2009, la tenniswoman israélienne Shahar Pe’er a disputé l’Open de Dubaï en 2010 et a disputé à plusieurs reprises l’Open de Doha au Qatar. Le Qatar qui a justement tout intérêt à jouer un rôle de médiateur dans ces affaires politico-sportives dont il s’est fait une spécialité. La controversée Coupe du monde 2022, organisée par le Qatar, se profile à l’horizon.
L’occasion d’organiser le premier match officiel depuis plus de 40 ans entre Israël et une sélection du Moyen-Orient ?