L’Europe occidentale a connu dans le passé de nombreuses vagues d’immigration et a réussi à les intégrer sans problèmes majeurs. Quand je suis arrivé de Tunisie en France à l’âge de six ans, j’ai rencontré sur les bancs de mon école des enfants venus du Viêt-Nam, de Pologne, et d’autres pays d’Europe de l’Est. Quelques mois après le début de l’année scolaire, nous parlions tous avec un accent parisien prononcé. Pourquoi l’immigration musulmane massive inquiète-t-elle donc tellement l’Europe ?
Le problème principal réside dans le fait que la vague d’immigration musulmane diffère profondément des vagues précédentes : si un nombre non négligeable de Musulmans s’intègrent très bien dans les sociétés occidentales, et s’y épanouissent, les statistiques indiquent que de très nombreux Musulmans ne veulent pas s’assimiler à une culture qu’ils jugent inférieure, et fondée sur l’hérésie et l’athéisme. La génération des enfants musulmans d’Europe occidentale est plus attachée que celle des parents aux commandements de l’islam. Les jeunes y tiennent des positions plus extrémistes : un tiers des étudiants musulmans de Grande-Bretagne sont favorables à l’établissement d’un califat islamique basé sur la charia. 40% des musulmans britanniques veulent que la charia soit la loi dans les régions où ils sont majoritaires. En Allemagne, une « police de la charia » agit impunément dans différentes régions. Partout en Europe occidentale, de nombreux Musulmans proches des Frères musulmans visent à dominer politiquement et juridiquement l’Europe, suivant le plan prôné par leur maître spirituel, al-Qaradawi.
De fait, on compte en France environ 1 000 zones de non-droit, dans lesquelles la police ne rentre quasiment jamais. Ces zones sous domination islamique sont gardées par les « choufeurs » (de l’arabe parlé « chouf », regarde !). Une d’entre elles est la banlieue dans laquelle j’ai grandi au nord de Paris. Elle compte aujourd’hui 70% de Musulmans. Dans cette même banlieue, le quartier chinois est florissant. Les Musulmans harcelant souvent les Chinois, ceux-ci, ne recevant pas l’aide espérée des autorités, ont menacé de faire appel à la mafia chinoise pour se défendre. En France, s’ouvre en moyenne une nouvelle mosquée chaque semaine depuis dix ans. Des milliers de jeunes musulmans d’Europe occidentale se sont joints aux rangs de l’État islamique et combattent en Syrie et en Irak. On estime que des dizaines de milliers de Musulmans européens soutiennent cette organisation.
Face à cette vague d’immigration musulmane, on peut s’attendre à une augmentation très substantielle du soutien aux partis d’extrême-droite, et certains signes en témoignent déjà : si en 2013 l’immigration ne figurait qu’au dixième rang des préoccupations des Français, elle est maintenant leur deuxième inquiétude, après le chômage ; Marine Le Pen arrive en tête des sondages des élections présidentielles de 2017.
La gauche européenne, qui jouit du soutien massif des populations musulmanes, préférera probablement ne pas se mesurer au problème. La droite, pour sa part, a montré de manière constante son incapacité à traiter le problème de front. Dans ces conditions, la montée de l’extrême-droite devient pratiquement inévitable. Elle annoncerait une période noire tant pour les Juifs d’Europe que pour Israël : sous couvert de nationalisme, sévit souvent dans ces partis un antisémitisme occidental classique.
L’État d’Israël profitera de la venue des Juifs d’Europe occidentale qui auront compris que leur place est ici parmi nous – ils ont pour la plupart ont une solide formation, et une volonté profonde de réussir et de s’intégrer à la société israélienne. Mais Israël aura à se mesurer avec une Europe beaucoup plus antisioniste et beaucoup plus antisémite.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Le Jihad, de la théorie aux actes » aux éditions Elkana, et « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris.