Sadiq Khan, membre du Labour, et nouveau maire de Londres, est le premier maire musulman d’une capitale occidentale. Il affirme avec force qu’il est un musulman modéré, et qu’il s’oppose fermement à tout forme d’islam radical. Mais, en 2007, Khan a reconnu avoir eu des liens avec quatre membres de l’organisation Hizb ut-Tahrir, une organisation djihadiste, très active en Asie centrale, et qui vise à la domination du monde par l’islam. Son ex-gendre, Makbool Javaid, a soutenu des positions islamistes extrémistes, et a été affilié à une organisation qui prônait l’imposition de la Charia (la loi islamique) sur l’ensemble de la Grande-Bretagne. Son nom apparaît dans une fatwa (décision juridique) qui appelle à la guerre contre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Javaid a déclaré dans le passé que la guerre entre l’islam et les « Infidèles » se poursuivra. Khan lui-même a déclaré dans le passé qu’il y avait trop de Blancs dans l’Autorité des transports londonienne, et que celle-ci devait refléter la diversité de la population londonienne (ville qui compte 600.000 Musulmans, soit plus de 10% de sa population). Il faut espérer que Khan a effectivement modéré ses positions, et qu’il saura mener une lutte efficace contre l’islam radical dans sa ville, que les services secrets français ont qualifié de « Londonistan », et ce, dès la fin des années 90 du siècle dernier.
Même s’il s’avère que Khan est vraiment un modéré, il ne fait aucun doute que ce qui se passe dans son parti, le Labour, est très grave : la suspension, ces derniers mois, de dizaines de membres du parti, suite à des propos antisémites et antisionistes, n’est que la partie émergée de l’iceberg d’un phénomène qui ravage le royaume britannique. En 2004, suite à l’opération « Roc inébranlable », la Grande-Bretagne avait pulvérisé ses records d’actes antisémites. Mais la surprise vient des données de 2015 : contre toute attente, malgré la fin des hostilités, les actes antisémites n’ont pas diminué ; bien au contraire, on a noté une augmentation de 25% d’actes haineux contre des Juifs, et pire encore, une augmentation de 50% des actes antisémites violents. Les auteurs de la recherche relient ces données à deux causes principales : l’idéologie islamiste et l’extrême-droite.
Le phénomène était prévisible : une enquête récente a montré que deux tiers des Musulmans de Grande-Bretagne sont convaincus que les Juifs ont trop d’influence dans le gouvernement, trop de puissance dans le royaume, et que leur influence est trop grande dans les médias, dans les institutions financières et dans le monde des affaires. De plus, un quart des Musulmans britanniques pensent que les Juifs sont responsables de la plupart des conflits dans le monde, et que les gens détestent les Juifs du fait de leur comportement. Ces données alarmantes s’ajoutent à la radicalisation tous azimuts des Musulmans de Grande-Bretagne : une enquête de 2006 a montré que 40% d’entre eux souhaitent que la Charia, la loi islamique, soit appliquée dans les régions dans lesquelles les Musulmans sont majoritaires. Un quart d’entre eux ont déclaré avoir de la sympathie pour les sentiments et les motifs des terroristes qui avaient perpétré les attentats meurtriers l’année précédente à Londres, attentats qui avaient causé 56 morts et environ 700 blessés. Des imams modérés font l’objet de menaces : il y a trois mois, le Dr. Salah al-Ansari, imam qui dirigeait l’une des plus importantes mosquées de Londres, s’est vu contraint de démissionner de ses fonctions, suite à des menaces physiques, après qu’il a décidé de participer à un groupe de réflexion sur l’extrémisme.
Le flirt de membres du Labour avec l’islam radical n’est pas un phénomène nouveau. L’ex-maire de Londres, Ken Livingstone, est un ami intime du Cheikh Qaradhawi, le maître spirituel des Frères musulmans au niveau mondial, qui a autorisé les attentats-suicides contre les civils israéliens, et permis aux femmes musulmanes de retirer leur voile pour perpétrer ces attentats, de sorte qu’on ne les repère pas. Livingstone, en ligne directe avec le doctorat d’Abou Mazen, a déclaré récemment qu’Hitler avait soutenu l’établissement d’un État juif, et a refusé de se rétracter. Le dirigeant du Labour, Jeremy Corbin, refuse de condamner le Hamas et le Hezbollah, deux organisations qui se sont fixées comme but de supprimer l’État d’Israël et qui visent à concrétiser le vieux rêve de la tradition islamique : supprimer tous les Juifs à la fin des temps. Parmi les membres du Labour qui ont été suspendus, on compte des Musulmans, dont l’un d’entre eux a exigé le déplacement de l’État d’Israël aux États-Unis, un autre qui a comparé les actes d’Israël à ceux des nazis, et un autre encore qui a soutenu que l’État islamique était soutenu par Israël.
Il faut aussi rappeler l’antisionisme de certaines églises de Grande-Bretagne. En 2009, l’Eglise d’Angleterre a retiré tous ses investissements dans la société Caterpillar, arguant du fait que ses bulldozers étaient utilisés par Israël pour détruire les maisons des Palestiniens. Certaines églises, dont l’église méthodique, soutiennent le boycott des produits de Judée-Samarie, et certains de leurs dirigeants avaient même souhaité appliquer ce boycott à tous les produits israéliens.
En Grande-Bretagne, le synergisme de l’islam radical, de la gauche et d’églises antisionistes, à la limite de l’antisémitisme, risque de se révéler, dans l’avenir, désastreux tant pour les Juifs de ce pays, que pour les relations d’Israël avec le royaume britannique. Quand on sait que plus de trois millions de Musulmans vivent en Grande-Bretagne, soit deux fois plus qu’il y a quinze ans, cet avenir paraît bien sombre.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le Jihad, de la théorie aux actes » et « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.