Question :
Cher Rav, existe-t-il des Halakhot particulières à respecter les jours du 14 et 15 du mois de
Adar 1, lors d’une année embolismique ?
(Une année embolismique est une année comportant le mois supplémentaire de Adar 2, destiné à rétablir la concordance entre années lunaires et années solaires).
Réponse :
Il faut savoir que votre question se rattache à une controverse opposant les Maîtres du Talmud (Traité Méguila 6 : b) sur le point de savoir, si, dans le cas d’une année embolismique, il convient de s’acquitter de la Mitsva de la lecture de la Méguila lors du mois de Adar 1 ou de Adar 2. Ceux qui penchent pour Adar 1 le justifient en s’appuyant sur le principe « Lorsqu’une Mitsva se présente à toi, ne tarde pas à l’accomplir ». Par contre, ceux qui penchent pour
Adar 2 s’en expliquent en arguant du fait que cela permet d’établir une continuité entre la rédemption célébrée à Pourim et celle célébrée à Pessa’h, le mois suivant, en Nissan.
En pratique, la Halakha stipule que toutes les Mitsvot relatives à Pourim doivent être accomplies en Adar 2. Toutefois il existe quelques lois relatives aux 14 et 15 Adar 1, dénommés « Pourim Katan » que le Choul’han Aroukh (Ora’h Hayim chap. 697 § 1) résume ainsi : ces jours-là, l’on ne récite lors des offices ni les Ta’hanounim, ni le Psaume « Yaanékha Hachém Béyom Tsara », l’on ne jeûne ni ne prononce d’éloge funèbre.
Le Rama, pour sa part, fait mention d’une opinion qu’il n’adopte cependant pas, et selon laquelle il convient, en ces jours, de se réjouir plus qu’à l’habitude. Ceci étant, le Michna Béroura (ibid. § 5) rapporte l’opinion du Tachbets qui recommande de prendre ces jours-là plus de repas qu’en un jour de semaine normal et signale que telle était la coutume de Rabbénou Yé’hiel de Paris qui conviait à ces repas nombre d’invités.
D’autre part, la question se pose de savoir si la Halakha qui enjoint que « dès l’entrée du mois d’Adar l’on se doit de redoubler de joie » concerne aussi le mois de Adar 1. A ce sujet, la majorité des décisionnaires est d’avis qu’elle ne concerne que le mois de Adar 2 (cf. Chout Chéélat Yaabets tome 2 chap. 88 et Chout Téchouva Méahava tome 2 chap. 301 et d’autres…). Cependant, il est à noter que le Rav Wozner zatsal rapporte une opinion selon laquelle nous avons le devoir de nous réjouir de façon particulière durant tout le mois de Adar 1, laissant d’ailleurs entendre que c’est ce qui ressort des propos du ‘Hatam Sofer (‘Hochen Michpat chap. 20).
Rav Azriel Cohen Arazi
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