Question 1 :
Cher Rav, quel est le fondement de l’usage voulant qu’une personne devant réciter la bénédiction de Hagomel le fasse lors d’une montée à la Thora ? D’autre part, cette personne a-t-elle priorité sur d’autres désirant être appelées à la Thora ce même jour ?
Réponse :
Le Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm chap. 219 § 3) explique que la raison pour laquelle l’usage est de réciter la bénédiction de Hagomel après la lecture de la Thora tient au fait que se trouve alors réuni le quorum de 10 hommes constituant un Minyan. Il ne précise cependant pas que celui qui doit réciter cette bénédiction a le devoir de monter à la Thora pour le faire.
Le ‘Hatam Sofer, (Chout Ora’h ‘Haïm chap. 51) stipule toutefois qu’il est bon de réciter cette bénédiction à l’occasion d’une montée à la Thora. En effet, explique-t-il, la montée à la Thora a pour fonction de suppléer au Korban Toda (sacrifice de reconnaissance) qui était offert, à l’époque du Beth Hamikdach, par exemple par une femme venant d’accoucher (cf. Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 282). De nos jours, le mari d’une telle femme est appelé à la Thora en sa présence, cette montée à la Thora venant se substituer au sacrifice de reconnaissance qu’elle aurait dû offrir pour remercier D. d’être sortie indemne de son accouchement. Or le Texte porte : « Qu’ils immolent des sacrifices de reconnaissance et racontent Ses actes dans la joie » (Ps.107 : 22), verset qui doit s’entendre dans le sens : ce n’est qu’après avoir offert un « sacrifice de reconnaissance », à savoir être monté à la Thora, que l’on rend hommage à D. « dans la joie », en récitant la bénédiction de Hagomel.
Concernant le second élément de votre question, le Chaaré Ra’hamim, (Chaar 2 chap. 14) stipule qu’une personne ayant l’obligation de monter à la Thora, par exemple le jour de la Hazkara d’un proche parent, a priorité sur celle devant réciter la bénédiction de Hagomel. En ce cas, cette dernière la récitera en se tenant aux côtés du Sefer Thora sans avoir été appelée à y monter. Si par contre personne d’autre n’a d’obligation particulière de monter à la Thora, l’on donnera la priorité à celle désirant réciter la bénédiction de Hagomel.
Question 2 :
Puis-je mandater mon mari pour réciter à ma place, en présence d’un Minyan, la bénédiction de Hagomel ?
Réponse :
Si votre mari n’a lui-même aucune raison particulière de réciter la bénédiction de Hagomel, il ne pourra en aucune façon le faire à votre place. Lui demanderiez-vous de réciter le Birkat Hamazon à votre place dans le cas où c’est vous qui auriez mangé et pas lui ?!! Par contre si vous avez tous deux l’obligation de réciter cette bénédiction, par exemple au retour d’un voyage en avion, il pourra le faire à votre place, mais ce, à condition, d’une part, que vous soyez présente à cet instant dans la Ezrat Nachim, et d’autre part, qu’il ait l’intention de vous en acquitter et que vous ayez vous-même l’intention d’en être acquittée. Enfin, à l’écoute de sa bénédiction, vous vous garderez, selon la majorité des décisionnaires, de dire « Baroukh Ou Oubaroukh Chémo » en vous contentant de répondre « Amen ».
Sachez toutefois que rien ne s’oppose à ce que vous la récitiez vous-même depuis la Ezrat Nachim en présence de 10 hommes qui répondront « Amen » après l’avoir entendue.
Question 3 :
Une femme n’ayant jamais récité la bénédiction de Hagomel après aucun de ses accouchements peut-elle le faire des années plus tard, ou existe-t-il une limite de temps au-delà de laquelle elle ne peut s’en acquitter ?
Réponse :
Cette bénédiction doit être, a priori, récitée dans les trois jours suivant l’évènement la justifiant, sinon dans les 30 jours. Passé ce délai, il lui sera cependant toujours possible de la réciter, serait-ce très longtemps après. (Cf. Ora’h ‘Haïm chap. 219 Michna Béroura § 8, ainsi que Halikhot Chélomo chap. 23 note 8 au nom du Rav Oyerba’h zatsal).
Rav Azriel Cohen Arazi
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