Question :
Cher Rav, mon épouse a égaré son alliance. Après de longues et minutieuses recherches infructueuses, nous nous sommes résolus à la considérer comme définitivement perdue. Est-il de mon devoir de lui en racheter une autre, ou est-ce superflu?
Réponse :
Je tiens tout d’abord à vous rassurer en vous affirmant, si vous en doutiez, que la perte de l’alliance ne remet en aucune manière en cause la validité de votre mariage. En effet, après qu’elle a, sous la ‘Houpa, reçu et accepté de votre part cette alliance, votre épouse est dorénavant mariée, quoi qu’il puisse arriver ultérieurement à son alliance. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la fâcheuse habitude qu’ont adoptée certaines femmes de retirer leur alliance à la première dispute avec leur mari, n’a strictement aucun sens au plan de la Halakha.
Je vous conseillerai aussi de ne pas voir dans cette perte, de manière déplacée, un “acte manqué” de la part de votre épouse. En effet, bien qu’étant fortement chargée au plan symbolique, l’alliance n’en demeure pas moins un bijou susceptible d’être égaré au même titre qu’un autre, sans qu’il faille voir dans sa perte une quelconque allusion ou signe inquiétants.
J’en viens à présent à votre question. Le Séfer Ha’hinoukh (Mitsva 552), après avoir stipulé qu’en droit pur, un mariage peut être conclu au moyen de tout objet ayant la valeur d’au moins une Pérouta, poursuit en affirmant que le peuple juif a adopté la coutume de se marier au moyen du don d’une bague. Il s’en explique dans les termes suivants: “La coutume est de se marier au moyen d’une bague, afin que sa présence au doigt de la mariée rappelle à celle-ci son engagement”. C’est en se fondant sur ces propos que certains décisionnaires (cf.Chout Divré Israël Even Haézer chap.30) pensent qu’il est d’usage qu’une femme mariée porte en permanence sa bague au doigt, et précisent que les femmes “sont particulièrement pointilleuses à ce sujet”.
D’autres décisionnaires, qui recommandent eux aussi à la femme mariée le port de son alliance, le justifient de manière différente. Selon eux, il ne s’agit pas tant de lui rappeler son engagement, mais plutôt de la désigner aux yeux des autres comme une femme mariée à l’égard de laquelle il convient de se conduire avec la distance requise.
Quoi qu’il en soit, il semble évident que le port de la bague au doigt ne constitue pas une Halakha au sens propre du terme. La preuve en est que l’institution de la bague comme moyen de conclure un mariage a été le fait des Guéonim (les Maîtres de Babylonie postérieurs à ceux du Talmud) et qu’aucun des décisionnaires ayant codifié les lois du mariage ne fait mention explicite du devoir de porter en permanence la bague au doigt.
Cependant, les deux raisons avancées précédemment justifient que vous fassiez cadeau à votre épouse d’une nouvelle alliance, en vous gardant de la lui donner en présence de deux témoins et en vous abstenant de réitérer la formule “Aré At Mékoudéchet etc.” que vous avez déjà prononcée lors de votre cérémonie de mariage. Car avec ou sans bague, vous êtes depuis lors mariés, et le resterez, avec l’aide d’Hachem, jusqu’à 120 ans!
Rav Azriel Cohen Arazi
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