Chema Israël est certainement le texte de la Torah le plus connu. Sa lecture quotidienne, matin et soir, constitue une très importante mitsva. Le premier des trois paragraphes de cette prière est extrait de la paracha Vaethanan. Quelle est l’idée fondamentale développée dans ce paragraphe ? Et pourquoi est-elle enseignée par Moïse précisément dans cette sidra ? C’est-à-dire à l’issue des 40 années d’errance dans le désert. Le texte commence avec le verset bien connu : « CHEMA ISRAEL A.DONAI E.LOENOU, A.DONAI E’HAD – Écoute Israël, A.do.naï notre D.ieu, A.donaï est Un ». Moïse demande aux enfants d’Israël de proclamer l’Unité divine. Le motאחד (E’had), qui signifie Un se compose de trois lettres qui évoquent allusivement ce concept. La première lettre est unא (alef) dont la valeur numérique est 1. La seconde lettre est le ח (’hèt) qui équivaut à 8. Quant à la dernière, c’est leד (dalèt) égal à 4. Quand un Juif prononce ces mots, il doit méditer sur l’unité de Dieu qui est présente dans les « 7 cieux » et la terre (8), ainsi qu’aux 4 points cardinaux.
LIBRE ARBITRE
L’univers tout entier, dans sa globalité comme dans la moindre des parties qui le composent n’existe que grâce à la Volonté divine qui est la source de toute existence. De prime abord, nous ne percevons pas cette interdépendance. Lorsque nous contemplons l’univers et toutes ses merveilles, nous avons l’impression que les êtres humains, les animaux, les végétaux et les minéraux affichent, à chaque seconde, une parfaite autonomie. Au point même de se révolter parfois contre le Créateur ou de nier Son existence. Bien évidemment, c’est Dieu lui-même qui est l’origine de ce semblant d’autonomie afin de conforter le libre arbitre de l’homme pour qu’il comprenne de lui-même que Dieu est à l’origine de toute vie. S’Il le voulait, le Créateur, pourrait ramener le monde au néant absolu en un instant. Une incroyable effervescence règne dans l’univers. Une multitude d’informations nous parvient à chaque instant. Ceci peut nous amener à penser que la Création est une réalité complètement ‘’déconnectée’’ de l’essence divine. Et c’est justement pour ne pas faire cette erreur que nous lisons le Chema deux fois par jour. Nous prenons soin de placer notre main sur les yeux pour bien méditer profondément. Cette introspection nous permet de nous rappeler que l’existence de la Création est en fait fragile. L’univers tout entier ne dépend en réalité que de la (bonne) volonté de Dieu.
EN DÉPIT DE L’OBSCURITÉ
À présent, il nous est possible de comprendre l’injonction de lire le Chema lorsqu’il fait nuit et lorsqu’il fait jour. La Torah utilise les mots ‘’à ton coucher et à ton lever’’. La nuit symbolise une période ‘’d’obscurité spirituelle’’ pendant laquelle un individu ne ressent pas la Présence divine. Au contraire, le jour est une allusion à une période de clarté au cours de laquelle la spiritualité éclaire notre existence au quotidien. Alors, nous prenons mieux conscience du rapport de cause à effet de tous les évènements de notre existence. Nous avons l’obligation de lire le Chema dans ces deux situations : que tout soit clair et évident pour nous (le jour) ou obscur (la nuit). Dieu est en effet à l’origine de tout et de Lui n’émane que le Bien. C’est aussi la raison pour laquelle le Chema fut enseigné dans la dernière des 40 années d’errance dans le désert, et juste avant l’entrée en Terre sainte. Les enfants d’Israël s’apprêtèrent à quitter la quiétude du désert pour s’installer dans les turbulences de la vie. Il fallait donc leur rappeler que le monde et la puissance de ceux qui y vivent ne sont qu’une illusion. Leur force leur vient exclusivement de Dieu, Maître et Créateur de l’univers qui renouvelle notre existence à chaque instant.
RAV YAACOV SPITEZKI
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SHORASHIM
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