Homme d’affaires au succès international, c’est du cœur que parle Laurent Lévy quand il s’exprime sur Jérusalem. Il s’est installé, de France, dans la capitale du peuple juif, il y a 14 ans maintenant et ne cesse depuis, de prouver son attachement spirituel à la ville par divers moyens.
Le P’tit Hebdo: Que représente pour vous Jérusalem?
Laurent Lévy: Jérusalem est le lieu de la connexion la plus rapprochée avec D’ieu, le Créateur de l’Humanité. Cette ville est la porte d’accès au Ciel par l’intermédiaire du Beth Hamikdash. Dans cet endroit, on doit avoir comme but d’améliorer et de parfaire l’Humanité. Jérusalem nous donne des forces pour donner autour de nous. Elle est notre source d’énergie. C’est ainsi que Jérusalem m’est toujours apparue, même quand je vivais encore en France et que je m’y rendais en visiteur, c’est ce que je ressentais.
Lph: Jérusalem vous parait-elle unie aujourd’hui?
L.L.: A première vue, on pourrait croire que tout sépare ceux qui y vivent. 33% sont des juifs orthodoxes, 37% sont des musulmans… un fossé entre les populations, pourrait-on penser. Mais finalement, on prie tous le même D’ieu, quand on veut bien regarder la réalité, nos différences sont minimes par rapport à ce qui nous unit. Et surtout, ce qui nous rapproche est plus fort que tout: nous sommes tous une partie divine, que l’on soit Juif ou pas. Comme Jérusalem est indissociable de D’ieu, cette proximité entre les hommes y est palpable.
Lph: Pourtant, physiquement, ces populations vivent bien séparées dans des quartiers distincts?
L.L.: Oui, mais chacun a une totale liberté de mouvement et les populations finissent par trouver des lieux de rencontre. Je peux témoigner, qu’un Juif portant une kippa peut, sans problème, aller dans tous les quartiers de Jérusalem. L’idée selon laquelle, il y aurait des quartiers interdits aux Juifs est fallacieuse.
Lph: Jérusalem est donc la source d’une énergie exceptionnelle. Comment cela se traduit-il pour vous?
L.L.: Depuis que je vis à Jérusalem, j’ai décidé de mettre mes compétences et mes ressources au service du développement de la ville. D’ieu a voulu un monde matériel donc la traduction de l’énergie dont Il nous dote à Jérusalem, doit se faire par des actions concrètes.
J’ai commencé par créer la Fondation Optical Center afin de fournir gratuitement lunettes et appareils auditifs aux nécessiteux de la ville. Aujourd’hui, on peut dire que tout le monde voit bien et entend correctement à Jérusalem.
J’ai ensuite fondé le Kikar Hamusica, afin de réunir toutes les composantes de la population.
Lph: Pourquoi avoir choisi la musique pour parvenir à cet objectif d’union?
L.L.: La musique est à la base de nos traditions. Le Roi David a écrit des Psaumes qui seront joués au Beth Hamikdach, maison de toutes les nations. La musique est une des sagesses qui atteignent l’âme, d’après le Gaon de Vilna. C’est pourquoi, il m’a paru naturel de créer ce concept de réunion autour de la musique. Je voulais un endroit ouvert et accessible à tous, dans un quartier authentique et bien desservi. D’ieu m’a guidé vers le quartier de Nahalat Shiva au cœur de Jérusalem, l’un des premiers construits en dehors des murailles de la vieille ville et entre la rue Hillel et la rue Shamaï. Quel symbole d’union!
Les rachats se sont faits de manière miraculeuse et les restaurants qui se trouvent aujourd’hui sur la place sont tous cacher lamehadrin, chacun avec son identité et qui touchent des publics variés. Tous les jours des événements s’y déroulent et de la musique y est jouée de 12h à 23h.
C’est un lieu qui réunit notre histoire et notre présent, passerelle qu’incarne aussi parfaitement le musée de l’histoire de la musique situé sur la place. Le Kikar Hamusica remplit sa mission.
Lph: Vous avez aussi tenu à embellir la ville.
L.L.: Jérusalem mérite d’être parée des plus beaux atouts. J’ai racheté plusieurs biens immobiliers que j’ai rénovés afin de donner à la ville un cachet supplémentaire. Ces projets immobiliers m’ont beaucoup appris car j’ai compris, à travers eux, comment Jérusalem avait été construite. Là aussi, je me suis attaché à allier le passé et le présent.
Par ailleurs, en ouvrant des magasins Optical Center, d’abord au centre-ville, sur le kikar Tsion, puis à Talpiot et Guivat Shaoul, j’ai montré que l’on pouvait avoir de beaux magasins, notamment dans des zones, comme le centre-ville, où jusqu’alors les commerces manquaient d’esthétique.
Lph: Pourquoi avoir aussi agi dans le domaine du sport à Jérusalem?
L.L.: Lorsque les gens évoquent une ville, de nos jours, ils l’associent automatiquement à une équipe de foot: le Real de Madrid, la Juventus de Turin, etc. Etant moi-même passionné de football, j’ai voulu contribuer à l’image de Jérusalem, aussi à travers ce sport. Le Jerusalem Lion, pour les enfants, marche très bien et obtient de très bons résultats. Pour les adultes, le Jerusalem Football Club vise à intégrer la ligua guimel au mois de septembre prochain. L’objectif est d’en faire une équipe au niveau international, d’ici 10 ans.
Ce qui existe déjà, à Jérusalem, est bien, mais le manque d’entraineurs et de véritables infrastructures sportives freinent le développement de ce sport. C’est pour cela que j’ai décidé d’entrer aussi dans ce domaine.
Lph: Quel est le lien entre toutes les actions que vous venez de décrire?
L.L.: Ma volonté est d’Unir pour mieux servir D’ieu et les hommes autour de moi.
Lph: Que faites-vous de particulier pour Yom Yeroushalayim?
L.L.: Je monte sur le Har Habayit. Yom Yeroushalayim concerne toute la ville, mais il commence sur ce lieu. Nous devons y aller nombreux, bien entendu, en allant se tremper au mikvé avant, en ne portant pas de chaussures en cuir et en se rendant uniquement sur les endroits autorisés.
Lph: Trouvez-vous que l’on fête suffisamment Yom Yeroushalayim?
L.L.: C’est une journée qui est marquée par divers événements et chaque année, je constate qu’elle est de plus en plus célébrée. Cette journée traverse, en réalité, toutes les composantes de la population de la ville. Personne n’habite Jérusalem par hasard, y compris les non Juifs. J’ai des amis musulmans qui aiment Jérusalem mais ne peuvent pas l’exprimer en défilant avec des drapeaux le jour de Yom Yeroushalayim.
Yom Yeroushalayim nous rappelle, chaque année, que chaque jour passé dans cette ville, nous rapproche de la construction du Troisième Temple.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
A la une: Photo de Laurent Lévy avec son fils Noam sur le Har Habayit