Question 1 :
Quelle est la période durant laquelle il est possible de réciter la Birkat Haïlanot (la bénédiction sur les arbres) ?
Réponse :
Le Talmud (traité Bérakhot 43b) stipule : « on récitera la Birkat Haïlanot durant le mois de Nissan ». Les décisionnaires sont partagés quant au sens à donner à cette assertion. Certains la comprennent littéralement et sont donc d’avis que seul le mois de Nissan est propre à la récitation de cette bénédiction. D’autres sont au contraire d’avis qu’il est possible de la réciter tant que les arbres sont en fleurs, et expliquent la référence du Talmud au mois de Nissan par le fait qu’il est généralement le mois de la floraison.
En pratique, il est recommandé de réciter cette bénédiction durant le mois de Nissan en s’efforçant d’éviter de l’avancer au mois de Adar et de la repousser au mois de Iyar. Cependant, dans certains cas particuliers dont nous allons donner ici quelques exemples, il est possible de réciter cette bénédiction sous sa forme pleine et entière, c’est-à-dire en y incluant le nom de D. et la mention de Sa royauté, en dehors du mois de Nissan. Ainsi une personne qui aurait oublié de la réciter durant le mois de Nissan pourra la réciter durant le mois de Iyar à la condition bien sûr que les arbres soient encore en fleurs. De même, dans certaines régions du globe terrestre où la floraison se produit à une tout autre période de l’année, il sera possible de la réciter à ce moment-là, mais ce à la condition d’être certain de ne pouvoir trouver d’arbres en fleurs en Nissan. Dans le cas aussi d’une année embolismique où il y a fort à craindre que les arbres ne soient plus en fleurs au mois de Nissan, il sera possible de réciter cette bénédiction dès le mois de Adar.
Question 2 :
Peut-on réciter la Birkat Haïlanot un jour de Chabbat ?
Réponse :
Les décisionnaires sont partagés à cet égard. Certains pensent que cela est interdit et ce pour les raisons suivantes. Ils craignent d’une part que ce faisant l’on en vienne à arracher une feuille ou une branchette de l’arbre. D’autre part, dès lors que selon la Kabala cette bénédiction a la capacité d’extraire de l’arbre des étincelles de sainteté qui y sont enfouies, ce processus est proscrit durant Chabat au titre de l’interdit de Borer (l’action de trier). Enfin cette bénédiction étant récitée généralement hors des murs de la ville, il y a lieu de craindre que les gens se munissent pour l’occasion de leur Sidour et transgressent ainsi l’interdiction de porter.
Cependant, nombreux sont les décisionnaires qui permettent de réciter cette bénédiction un jour de Chabbat en s’appuyant sur les arguments suivants. D’une part, expliquent-ils, il n’y a pas lieu de craindre que l’on en vienne à arracher quoi que ce soit de l’arbre, dès lors que la récitation de cette bénédiction ne suppose pas que l’on touche à l’arbre et qu’il suffit de le regarder. D’autre part, l’interdiction de trier ne concerne en aucun cas les réalités d’ordre spirituel. Enfin, en ce qui concerne la crainte de voir les gens porter leur Sidour, elle n’a pas lieu d’être dès lors qu’elle n’a pas même été envisagée par les Maîtres du Talmud.
En pratique, il est recommandé de réciter cette bénédiction un jour de semaine. Cependant si une personne a le sentiment que l’occasion de la réciter ne se représentera plus à lui après Chabat, il pourra le faire ce jour-là. De même, lorsque le dernier jour du mois de Nissan tombe un Chabat, il sera préférable pour qui ne l’a pas encore fait, de réciter cette bénédiction un jour de Chabat plutôt que de la repousser au mois de Iyar. Il en ira de même, selon le Rav Ovadia Yossef zatsal lorsque Roch ‘Hodech Nissan tombe un Chabbat: en ce cas, on préférera, selon lui, faire preuve de zèle en récitant cette Brakha le jour de Chabbat. (Inutile de préciser que selon le Kaf Ha’haym on attendra Dimanche pour la réciter).
Rav Azriel Cohen Arazi
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