25eme anniversaire, cette année, pour le séminaire d’études bibliques du collège académique Herzog au Goush Etzion.
Comme à son habitude, ce haut lieu de l’institution Hébraïque, toranique et sioniste, créa l’évènement durant une semaine et draina en son sein une foule immense de lettrés, d’enseignants de tous niveaux et de curieux au savoir insatiable. Une organisation réunissant le tout d’un colloque, du congrès et du symposium, menée de mains de maitre par un ensemble pluriel de Rabbanim, docteurs et professeurs férus de matière spirituelle d’hier et d’aujourd’hui, pédagogues et didacticiens des sciences de l’esprit.
Certains seront tentés de croire que l’entendement du texte dans sa simplicité, non imagée, non allégorique, non référente aux seuls ‘sages’ consensuels, est un sens plus imminent, plus primaire, plus inné, une source plus limitée, une simplification du commentaire ancestral sans aucune révélation possible.
Il y a une sagesse purement et naturellement textuelle, elle n’en est pas moins sacrée, d’autres toutefois, il est vrai, aspirent à dépasser ce premier degré et pouvoir ainsi dévoiler une dimension plus complexe, plus cachée. Les dédales de ces nouvelles connaissances projettent le lecteur vers différentes interprétations où la littérature midrashique et talmudique joue un rôle prépondérant. Aujourd’hui nous sommes confrontés à une trop grande satisfaction vis-à-vis du commentaire rassurant (peut-être faudrait-il lire: comment-taire) et d’un moindre souci concernant la lecture du texte et son explication, d’abord et avant tout, dans un premier jet émis par nous-mêmes. Quitte à vérifier par la suite, duquel de nos commentateurs nous sommes-nous le plus rapprochés? Ne jamais mettre au rebus ni laisser pour compte cette première sagesse littérale car elle seule peut nous servir de planche de salut vers un savoir amélioré.
Comment doit-on lire la Bible ?
Comment enseigner son verbe et son texte ?
Ceux-là, demeurent des sujets de controverse et deviennent très souvent la source d’une existence religieuse différentielle, un besoin majeur, par exemple, pour les religieux à devoir décider quelle attitude adopter face au monde moderne.
L’approche discursive, rationnelle ou irrationnelle du canon biblique, concerne uniquement le sens littéral, c’est précisément sur ce point que la controverse porte. Chez certains de nos nouveaux cléricaux, d’un sionisme religieux plus ortho-doxique, les choses prennent une proportion démesurée, inquisitrice, allant même jusqu’au bannissement.
La foi est subjective et appartient au sentiment, elle se confronte à un savoir qui se veut pluriel mais non moins souvent, irrationnel. D’un côté, la certitude religieuse, de l’autre, la raison incertaine. Les relations entre « Fides et Ratio » (foi et raison) sont plus compliquées qu’il n’y paraît de prime abord. Effectivement, si le credo religieux s’incarne, trop souvent, à travers un entendement tout à fait arbitraire et s’exige grâce à des faits et gestes serviables, une réflexion muselée, on ne peut, pour autant, en faire une généralité.
Est-il possible d’appréhender les multiples caractères des différents personnages bibliques comme si ces derniers n’appartenaient guère au genre humain que nous connaissons ?
S’ils étaient de vrais et simples humains, pensez donc, il serait tout à fait plausible de pouvoir affirmer les avoir entendus ou, pire, d’être à même de les comprendre. Imaginez la catastrophe, si jamais nous savions les déchiffrer, les interpréter, nous pourrions, à Dieu ne plaise, les déprécier, les contester, en clair les juger selon nos échelles de valeurs actuelles.
Mais parbleu, comment un tel outrage, une telle abomination serait-elle possible ?
Jamais au grand jamais, nous ne pourrions. La prescription religieuse est simple: il faut continuer de croire à une moralité de la Torah relevant du seul Absolu et de l’Intemporel tandis que notre moralité est sans valeur, arbitraire et déterminée.
Par conséquent, nul ne peut présumer des agissements de nos Patriarches, Matriarches et autres personnages emblématique du Récit biblique. Toutefois, s’il est proscrit de pouvoir penser les commenter, comment envisager une quelconque leçon ?
En aucun cas nous ne saurions entendre la note de la lettre, le son de la syllabe, ni même le rythme du nom. Ils ne relèvent nullement du simple homo-sapiens troglodyte, en admettant qu’il en soit ainsi, que pourrais-je apprendre de celui à qui je ne ressemble point!
Le personnage, rendu mythique, offre une explication de sa nature tout à fait audible pour celui qui y croit. Il accepte, sans broncher, d’écarter quelque question qui soit, nulle manifestation ou interrogation sur la complexité de l’Être, il annihile tout saisissement devant ce qui est. Le commentaire mythique est hors du temps, il n’apprécie aucunement les leçons des sciences de l’Histoire.
Selon certains de ces rabbanim, l’étude biblique en quête de l’homme et de son humanité, de sa morale, de son éthique, de ses valeurs, de ses comportements comme de ses conduites, serait caduque car trop liée aux mouvances hérétiques du Judaïsme.
Vouloir trouver grâce aux yeux de la nouvelle génération et de notre jeunesse, ne nous autorise en aucun cas, disent-ils, à transformer le texte biblique en une délibération publique sur les aspects moraux du récit et de ses personnages.
Certes le Tanach’, aimé et apprécié, retrouverait une place mais nullement ses lettres de noblesse, devenues trop « cool »
En d’autres termes, une Bible où les personnages sont révélés sous un jour par trop humain porte à conséquence, puisque devenus caricaturaux.
Tandis qu’une Bible dans laquelle les héros et héroïnes paraissent illustrer un genre insolite, humainement inconnu, des êtres transcendants et plus que parfaits, eh bien là nous dit-on, il n’y aurait aucune caricature!
N’en déplaise à mes « grenouilles de bénitier », cette nouvelle étude biblique est pour moi source de jouvence, jour après jour je rentre chez moi repu, satisfait, une profonde lueur éclaire mon visage et mon regard s’épanche vers un horizon où j’ai, de plus en plus, la nette impression de mieux entendre et comprendre les contours et les déliés d’un monde soudainement moins rugueux, moins incisif, plus vrai, plus réel.
Rony Akrich
בית יוצר לכפירה במסוה של דתיות ליבראלית