Le jury du prix Nobel de la paix a décidé de déjouer les pronostics et parmi les 318 “nominés” a décerné le prix à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), qui est une coalition de près d’une centaine d’ONG qui luttent en faveur du désarmement nucléaire dans le monde. Il y a quelques jours, dans cette même idée, se dessinait le spectre d’un prix Nobel de la Paix décerné aux artisans de l’accord nucléaire de Vienne, entre autres à l’Iranien Muhamad Jawad Zarif. Le jury n’est tout de même pas allé jusque là.
En théorie il s’agit d’une sage décision sage face aux menaces de la Corée du Nord et aux intentions nucléaires de l’Iran. La présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andressen a déclaré: “Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu’il ne l’a été depuis longtemps. Certains pays modernisent leurs arsenaux nucléaires, et le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel, comme le montre la Corée du Nord”.
Mais malheureusement, les bonnes intentions des ces organisations pacifistes sont presque toujours accompagnées d’une cécité face aux responsables des dangers que court la planète sur cette question. Béatrice Fihn, la directrice suédoise de l’ICAN, après avoir exprimé “l’honneur d’une telle récompense” s’est empressée sans les nommer de mettre sur le même pied le président américain Donald Trump et le tyran nord-coréen Kim Jong-un: “C’est un moment de grande tension dans le monde, alors que les déclarations enflammées pourraient tous nous conduire très facilement, inexorablement, vers une horreur sans nom. Le spectre d’un conflit nucléaire plane à nouveau largement. S’il y avait un moment pour que les nations déclarent leur opposition sans équivoque aux armes nucléaires, ce moment serait maintenant”. Et par ailleurs, aucune allusion à l’Iran.
Dans les motifs de sa décision, le comité Nobel de la paix mentionne: “Cette année, le prix est également un appel lancé à ces États pour qu’ils engagent des négociations sérieuses en vue de la disparition progressive, équilibrée et soigneusement contrôlée de près de 15.000 armes nucléaires dans le monde”. Or les expériences passées – proches et lointaines – démontrent que les Etats totalitaires et belliqueux profitent de ces “périodes de négociations” et de la naïveté des Etats démocratiques pour tromper leur monde et poursuivre inexorablement leurs programmes mortifères.
Sur ce point, l’exemple nord-coréen est d’autant plus criant, lorsqu’on se souvient des déclarations triomphantes du président Bill Clinton après l’accord de désarmement nucléaire conclu avec Pyong Yang. On sait ce qu’il en est advenu par la suite.
Tout miser sur un “dialogue constructif” avec des pays comme la Corée du Nord ou l’Iran est donc totalement illusoire. Et dénoncer la fermeté de l’actuelle administration américaine face à ces pays est la preuve que les leçons de l’Histoire n’ont pas été retenues.
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