Zeev Elkin, le ministre de l’Alya et de l’Intégration, a lui-même vécu l’expérience de l’immigration. Né en Ukraine (à l’époque URSS) en 1971, il fait partie de ces jeunes qui défient l’empire Soviétique en affirmant leur appartenance au peuple juif et leur attachement à Israël. Il fut même le secrétaire général du Bné Akiva en URSS en 1990. Cette même année, il fait son alya et s’implique déjà pour aider les immigrés à s’intégrer en Israël. Aujourd’hui, l’Ukraine pays d’origine du ministre mais aussi la France, font l’objet au sein de son administration d’une attention particulière au regard de la situation des Juifs sur place. Alors que la majorité des Juifs de France avouent penser à quitter le pays, LPH a rencontré Zeev Elkin pour faire un point sur la politique mise en œuvre par le gouvernement, pour les olim de France en particulier.
Le P’tit Hebdo : Quelle est la situation de l’alya ces dernières années en général ?
Zeev Elkin : Nous assistons à une augmentation conséquente du nombre d’olim ces dernières années. En deux ans, il a augmenté de 50 %, passant de 20.000 à 30.000. Le phénomène est remarquable parce que jusqu’à ces dernières années et pendant près de 20 ans, le nombre d’olim n’a fait que diminuer. En 2015, nous avons le record depuis plus d’une dizaine d’années.
LPH : Comment expliquez-vous le phénomène ?
Z.E. : L’augmentation est liée à une immigration plus forte en provenance de trois pays et en fonction de raisons qui leur sont propres. En tête, on trouve la France qui est suivie de très près par l’Ukraine et par la Russie.
LPH : Combien d’Olim sont arrivés de France en 2015 ?
Z.E. : Plus de 8000. Le chiffre ne peut pas encore être officiellement déclaré puisque seront comptabilisés dans les olim français de 2015 tous les jeunes qui ont participé au programme MASSA et qui ne feront leur alya définitivement que dans les prochains mois. En effet, leur date officielle d’alya sera celle de leur entrée sur le territoire israélien en 2015.
LPH : Jusqu’à aujourd’hui, les olim français ont toujours moins reçu que ceux venant de l’ex-URSS. Pourquoi ?
Z.E. : Depuis une année, cet état de fait change. Le gouvernement a adopté un plan qui offre aux olim de France des avantages dont ceux de l’ex-URSS ne bénéficient pas. Cela se traduit sur le terrain par des budgets plus importants dans différents domaines comme celui des formations professionnelles. Les olim de France peuvent aussi suivre un oulpan supplémentaire en plus de celui proposé par le ministère de l’Intégration à leur arrivée. Le gouvernement octroie aussi des budgets plus importants aux conseils régionaux qui accueillent un certain nombre d’immigrants de France.
LPH : Sur quels axes allez-vous agir plus fort ?
Z.E. : La question de la reconnaissance des diplômes est une des priorités. Mon ministère mais aussi Meyer Habib, le lobby francophone présidé par Nourit Koren, et les associations francophones, ou encore d’autres responsables politiques de la Knesset s’intéressent de près au sujet. Nous unissons nos efforts pour faire avancer chaque dossier, en particulier dans le domaine médical et paramédical. Beaucoup d’acteurs se sentent concernés et c’est tant mieux. Je ne conçois pas de concurrence dans ce domaine, plus nous sommes nombreux, plus nous avons de chances d’obtenir des résultats. Nous nous préoccupons aussi du logement et de la pénurie de logement social qui concerne beaucoup les olim. Nous savons que de la résolution de ces obstacles dépendra une augmentation encore plus importante des olim de France dans les prochaines années.
LPH : Pourquoi n’assiste-t-on pas à une vraie révolution de l’intégration quand on voit le nombre de Français qui sont intéressés par l’alya et qui hésitent en raison des obstacles rencontrés ?
Z.E. : L’alya est très importante pour l’État d’Israël. Ceci étant, nous ne pouvons pas garantir à tous les olim un standard identique à celui de leur pays d’origine. Nous ne pouvons pas, par exemple, offrir aux olim de France les mêmes prestations sociales. Nous ne pouvons pas non plus donner aux olim des avantages conséquents dont les citoyens israéliens non olim seraient privés. C’est également une donnée à prendre en considération.
LPH : Pourtant, sur le plan économique Israël sort du lot par rapport aux pays européens. N’est-ce pas paradoxal alors de ne pas pouvoir garantir des avantages sociaux à ses citoyens ?
Z.E. : Non, pour la simple raison que le budget de notre défense est incomparable à celui des pays européens et que notre croissance démographique est largement supérieure aussi.
LPH : L’autre sujet qui préoccupe beaucoup les olim est celui de l’éducation. Qu’en est-il ?
Z.E. : L’intégration des élèves olim ne relève pas de mon ministère mais de celui de l’Éducation. Pour ma part, j’ai proposé au ministre Bennett de créer des structures spéciales pour ces élèves pendant environ 6 mois durant lesquels ils apprendraient l’hébreu et parallèlement les matières scolaires dans leur langue d’origine. Il me semble qu’il vaut mieux faire ainsi plutôt que de les jeter dans le bain de l’école israélienne dès leur arrivée.
LPH : Agissez-vous aussi en France ?
Z.E. : Aujourd’hui les principales organisations qui agissent pour encourager l’alya en France – Agence Juive et Organisation Sioniste – sont financées par le ministère de l’Alya et de l’Intégration.
LPH : Vous avez vous-même fait votre alya il y a 25 ans. Enviez-vous les olim d’aujourd’hui ?
Z.E.: Il est indiscutable que l’alya d’aujourd’hui est plus facile qu’il y a 25 ans. Malgré tous les obstacles que nous tenons à lever, il faut reconnaître que l’alya et l’intégration sont plus accessibles aujourd’hui.
Propos recueillis par Avraham Azoulay
Photo à la une: Yonatan Sindel/Flash90
Merci pour la politique d’integration qui est menee car effectivement elle nous aide beaucoup.