Il est de tradition que la gauche israélienne dénonce “de graves menaces pour la démocratie” à chaque fois que des critiques sont émises contre des décisions de conseillers juridiques ou “pire encore” lorsque la majorité parlementaire désire légiférer pour recadrer les compétences du système judiciaire. On peut le comprendre puisque la Cour suprême et les divers échelons du système font partie des derniers bastions de l’ancienne élite laïque de la gauche tel-avivienne.
Mais la réalité est “un peu” différente, est c’est en réalité la pléthore de conseillers juridiques et les pouvoirs qu’ils se sont attribués avec les années qui constituent en réel danger pour la démocratie. Lors du congrès du mouvement Kohelet, le ministre de la Protection de l’environnement Zeev Elkin (Likoud) a dénoncé les pouvoirs exorbitants saisis par les conseillers juridiques des différents ministères et des institutions de l’Etat, qui se mêlent de presque chaque décision prise par l’échelon politique et qui donnent leur avis, souvent contraire, amplifié ensuite par les médias, bloquant ainsi l’action politique.
“C’est cela la véritable menace pour la démocratie, car ces fonctionnaires non-élus par le peuple tentent parfois de contourner la volonté du peuple telle qu’elle s’est exprimée dans les urnes”, explique le ministre, qui constate qu’aujourd’hui le conseiller est devenu davantage un décideur politique qu’un conseiller censé aider l’exécutif ou le législatif dans leur mission. “Il est absurde qu’un conseiller juridique ait aujourd’hui plus de pouvoir qu’un ministre”, note amèrement Zeev Elkin, reconnaissant cependant qu’il est très difficile de changer les choses, tant la gauche et le système judiciaire “ruent dans les bancards” dès qu’il est question de cela.
Le ministre conclut que dans une démocratie qui se respecte, ce sont les représentants élus qui doivent avoir la primauté et non des fonctionnaires.
Un principe que la gauche israélienne soutient. Sauf lorsqu’elle n’est pas au pouvoir.
Photo Yonatan Sindel / Flash 90