Comme chaque année, le soir de Yom Hashoah, une cérémonie officielle se tient à Yad Vashem en présence des plus hautes personnalités de l’Etat et de survivants de la Shoah, notamment. Cette année, la présidente du parlement allemand, Bärbel Bas, était également présente, sur l’invitation de son homologue israélien, Micky Lévy.
Le Président Itshak Herzog a prononcé un discours très émouvant se basant sur une photo d’une mère se faisant assassiner par les nazis en tenant son enfant par la main. Elle a été prise le 13 octobre 1941.
Avec le peu de force qui lui reste elle prend la main de son jeune fils qui est assis pieds nus sur ses genoux, sur la terre baignée de sang
”Je me tiens ici, devant vous, en portant avec moi, dans mon coeur, une telle photo. Tout ceux qui l’ont vue ne peuvent l’oublier. Les yeux voient, le cerveau imprime mais l’âme refuse de croire. Ce n’est pas une photo avec des grands chiffres, des millions. C’est une photo avec une famille, juive. Une mère et son enfant au bord du précipice. Le bout des fusils touchent son dos. On ne peut pas voir le visage de la femme ni celui de l’enfant. Un instant avant de tomber dans le trou de la mort, elle se penche sur son jeune enfant. Et de la fumée sort de tous les fusils. Ils lui tirent dessus en même temps. Ils ne se contentent pas d’une balle. Ils agissent en concertation.
Avec le peu de force qui lui reste elle prend la main de son jeune fils qui est assis pieds nus sur ses genoux, sur la terre baignée de sang. Que lui murmure-t-elle? Lui a-t-elle demandé de ne pas pleurer? Et l’enfant – a-t-il pleuré? S’est-il tu? A-t-il compris? A-t-il eu peur?”.
Le président a ensuite rendu hommage aux victimes mais aussi aux survivants qui ont permis la renaissance du peuple juif en Israël.
Notre commandement existentiel est de prendre notre destin en main. Ne compter que sur nous-mêmes. Etre forts et ne jamais nous excuser d’exister et de réussir
Le Premier ministre Naftali Bennett a également pris la parole. ”Même dans les heures les plus sombres de l’histoire juive, au milieu de l’enfer de l’extermination, la gauche et la droite n’ont pas su coopérer. Chaque groupe s’est battu de son côté contre les Allemands. Nous n’avons pas le droit de laisser ce dangereux jeu de factions détruire Israël de l’intérieur. La Shoah est un événement unique dans l’histoire de l’Humanité. Je prends la peine de le dire parce que plus les années passent, plus dans le monde on essaie de comparer des événements difficiles à la Shoah. Mais non, même les guerres les plus dures de nos jours ne sont pas la Shoah, rien ne ressemble à la Shoah. Aucun événement historique, quel qu’il soit, ne peut être mis sur le même pied que l’extermination des Juifs d’Europe par les Nazis et leurs collaborateurs. (…) Notre commandement existentiel est de prendre notre destin en main. Ne compter que sur nous-mêmes. Etre forts et ne jamais nous excuser d’exister et de réussir”.
Comme le veut la tradition, six flammes du souvenir ont été allumées par des survivants de la Shoah et des films ont été diffusés sur l’histoire personnelle de ces six personnes. Le Grand Rabbin d’Israël le Rav David Lau a lu des Tehilim et le Rishon Letsion le Rav Itshak Yossef a récité le kaddish.