A l’occasion de Yom Hashoah, le Cnef avait invité Saül Oren (alias Hornfeld) afin qu’il livre son témoignage à la jeunesse francophone de Jérusalem. C’est dans une salle bondée que près de deux-cent jeunes mais aussi moins jeunes ont, dans un silence total pendant près de deux heures, écouté avec attention cet homme âgé aujourd’hui de 90 ans raconter “sa” Shoah et celle de sa famille. Ses tribulations depuis sa ville natale de Jaworzno, en Pologne, jusqu’aux camps d’Auschwitz puis de Sachenshausen. Le passage rapide d’une enfance heureuse dans un foyer religieux de quatre enfants jusqu’à l’enfer sur terre.
Un seul homme, une seule famille, mais tous les aspects de cette période d’obscurité ont été réunis dans le parcours de ce nonagénaire qui a cependant gardé toute sa foi et son optimisme: les illusions perdues, la peur et l’incertitude, les fuites et les cachettes précaires, les dilemmes décisifs, les séparations rapides et cruelles, les rafles, les déportations, la faim, la mort des proches, les expérimentations médicales du sinistre Dr. Dohmen et jusqu’à la sinistre marche de la Mort juste avant la libération. Mais aussi de grands miracles à certains carrefours de la vie, l’attitude humaine de non-Juifs ou même de très rares officiers allemands, qui ont fait que cet homme soit encore en vie aujourd’hui et qu’il a pu fonder une grande famille en Israël.
Shaoul Oren a conclu son bouleversant témoignage avec des images qui valent plus que mille mots: une photo après son arrivée en Israël, il y a cinq décennies, avec son épouse et leurs trois enfants suivie d’une une autre photo collective récente de la famille, avec des dizaines d’enfants, petits-enfants et arrière-petits enfants. Un merveilleux symbole de victoire sur ceux qui ont voulu rayer notre peuple de la carte mais aussi une indication terrifiante sur le nombre incalculable de vies humaines potentielles qui ont été interdites, pour chaque juif ou juive exterminés par les barbares nazis.
Dans l’avant-propos de son émouvant livre-témoignage “Comme un feu brûlant” (L’Harmattan-1999) Saül Oren écrivait notamment: “…Je vais essayer de montrer la détresse et le courage des victimes face au comprtement immoral de nos persécuteurs, ainsi que la grandeur d’âme de certains hommes et femmes, qui nous ont aidés à survivre dans ces situations terribles (…) Après avoir été séparé de ma famille, j’ai partagé ma vie avec des compagnons rencontrés au hasard des circonstances, j’ai connu plusieurs mondes, plusieurs pays et diverses situation, et c’est avec ces lambeaux-là que j’ai reconstruit ma vie. Ainsi, j’ai appris à connaître la grande famille des hommes droits et bons grâce auxquels l’espoir reste possible malgré la Shoah. De cela aussi je voudrais porter témoignage”.
Des mots saisissants de la part d’un homme qui a perdu ses parents et deux parmi ses trois frères dans la tourmente.
La conférence-témoignage s’est achevée par la prière traditionnelle du El Maleh Rahamim.
Merci aux organisateurs, Sam Kadoch, président infatigable du Cnef, Emmanuel Bornstein et toute l’équipe du Cnef, qui par ailleurs invitent le public francophone de Jérusalem à venir à la cérémonie de Yom Hazikaron pour les soldats de Tsahal le mardi 7 mai au soir à l’école Yehouda Halévy – Hatzefira 29 – Moshava Germanit – Jérusalem.
Conférence-témoignage de Saül Oren:
Photos Cnef