« Grâce à ce lycée, j’ai pu apprécier ma scolarité au lieu de la subir »
« Yemin Orde fait partie de moi » : c’est la phrase qui revient quand on interroge les anciens de ce lycée qui a ouvert son programme aux francophones il y a un peu plus de dix ans. À l’origine du projet : la prise de conscience des difficultés rencontrées par les jeunes olim en matière de scolarité ou d’intégration, et la volonté de leur proposer une alternative innovante. Ce lycée-internat mixte propose ainsi une formule unique de préparation au bac israélien en deux étapes : l’enseignement des matières en français accompagné d’un apprentissage parallèle de l’hébreu, suivi d’une transition en douceur vers l’enseignement en hébreu lorsque la langue est suffisamment maîtrisée. Les résultats ont bien souvent dépassé les espérances.
« Monté à l’âge de dix ans en Israël, je me sentais déraciné. Je ne trouvais ma place dans aucune école, je me faisais renvoyer de partout. Je ne supportais pas les règles et je me battais beaucoup », raconte Yekoutiel, qui a aujourd’hui 25 ans. C’est dans ce contexte qu’il est arrivé à Yemin Orde en classe de troisième. « Au début, j’étais dérouté, tout était nouveau et j’étais loin de chez moi. Mais tout a évolué rapidement. Au lieu de s’énerver contre moi, les profs s’efforçaient de comprendre pourquoi je réagissais de telle ou telle manière. Il n’y avait pas de jugement, que des mains tendues. Cela m’a aidé à prendre confiance et à m’ouvrir », poursuit-il. Grâce à la pléthore d’activités extrascolaires proposées aux élèves, Yekoutiel a même découvert sa vocation d’entrepreneur. « J’ai eu un déclic grâce à un projet que nous avions mis au point sur le campus. J’ai alors réalisé que tout était possible », dit encore le jeune homme qui dirige à présent deux entreprises.
Menahem avait dix ans aussi lorsqu’il a fait son Alyah. À la traîne au niveau scolaire, il souffrait également d’isolement social. Son entrée à Yemin Orde a tout changé. « Sur place, il y avait toujours quelqu’un pour m’aider et m’écouter. Les profs n’avaient qu’un objectif : nous soutenir afin que nous décrochions notre bac. Et ils l’ont fait de la meilleure manière, en encourageant et non en punissant », relate l’ancien élève qui affirme que Yemin Orde lui a permis « d’apprécier sa scolarité au lieu de la subir ». C’est aussi sur place qu’il a découvert l’informatique et la musique, ses deux grands centres d’intérêt.
Mais plus encore : Yekoutiel et Menahem disent avoir rencontré à Yemin Orde des amis pour la vie. Le fait est que tous les anciens de l’internat sont restés extrêmement soudés. Dans plus d’un cas, ils se sont même mariés entre eux.
Liora est de ceux pour qui Yemin Orde demeurera toujours une deuxième famille, d’autant plus que la sienne était restée en France. « Plus qu’une expérience scolaire, mes années là-bas ont été une véritable expérience de vie. J’étais loin de mes parents, je ne parlais pas hébreu et Yemin Orde m’a permis de me construire », dit cette jeune femme, mariée à un autre ancien élève.
L’attachement et la reconnaissance vis-à-vis de leur ancien internat est tel que certains anciens ont à cœur de rendre ce qu’ils ont reçu. C’est le cas d’un élève en particulier qui, avant Yemin Orde, a lui aussi erré d’école en école. David Ouaki, directeur du programme francophone, témoigne de sa transformation : « Chez nous, il a repris confiance dans les adultes et le système scolaire. Il s’est mis à étudier tout en développant sa curiosité et ses centres d’intérêt. Il s’est notamment découvert un talent pour l’athlétisme et nous l’avons accompagné jusqu’aux Maccabiades de Haïfa. À l’armée, il a intégré la prestigieuse unité Douvdevan et le voilà aujourd’hui éducateur à Yemin Orde ! »
Pour tout renseignement, contacter David Ouaki au 054-2119600