La mort servirait de moyen à mieux appréhender le sens de la vie!
Ma première interrogation est de comprendre la finalité et la raison de nos réflexions face à ce sujet si énigmatique et parfaitement impénétrable qu’est la mort.
Ma tentative de réponse, à son début, serait notre conviction absolue concernant l’existence humaine: elle ne peut durer sans un sens. Pourtant la destinée associe à la fois la vie et la mort, et, d’une certaine façon, la mort est l’épreuve du sens de la vie.
Si la mort s’avérait dénuée de sens, alors la vie aurait été d’une incohérence sans nom. La valeur suprême de la vie resterait funeste à moins d’être méditée puis élaborée devant la mort.
Mourir est inéluctable.
Mais face à la mort de l’être cher je me dois d’être son émissaire utile, à travers l’entendement de sa vie exemplaire, à poursuivre son œuvre morale et sa conduite éthique. Certes, peu d’entre nous sont volontairement confrontés à la mort en tant que controverse ou défi. Il y a une hésitation, un faux-fuyant, une omission de notre part à pouvoir nous y attarder.
Le comportement de l’homme moderne face à la mort, c’est la fuite, le refus de sa farouche réalité, voire une propension à annihiler toute peine. Cependant, s’il pénètre l’antre nouveau de la quête de sens de l’existence, s’il s’attache à dénouer chacun de ses soucis fonciers et met en valeurs ses vertus, il devient le maitre d’œuvre de sa destinée.
La vie servirait de moyen à mieux appréhender le sens de la mort!
Elle est obscure, drastique, atroce, source de chagrin, d’affliction et de souffrance infinis. Lorsqu’elle survient et nous prend au dépourvu, c’est le cri de la douleur, immense et intense, nous voilà consternés, accablés et démoralisés. Les larmes s’écoulent dans un torrent sans fin, les yeux gonflés et rougis cherchent à voir l’inacceptable. Sentiment de consternation suivi par un sentiment d’incompréhension, toute une vie vient de s’envoler en secret, nul mot, aucune parole, le verbe cesse car échoué sur les rivages de la colère. En présence de la mort, il n’y a que le mutisme forcé, l’émotion contenue, et l’être figé.
La mort n’est-elle rien d’autre qu’une entrave, un déni total?
La représentation de la mort est altérée par notre discernement de la vie. Si la vie est perçue comme une fascination, un présent bravant tout commentaire, la mort cesse alors d’être une négation parfaite et foncière de ce que la vie symbolise.
La vie et la mort sont les deux facettes du même plus grand mystère, celui de l’être, celui de la Création.
Au-delà des raffinements du destin singulier, des inouïs de son existence, tout demeure intimement lié aux arcanes de l’infini de l’être et de la Création. La mort ne serait donc point naturellement la finitude de l’homme mais, peut être bien aussi, son entrée dans un tout autre début.
La vie humaine nous vient de très loin, elle a parcouru des siècles d’épreuves, d’évolutions, de souffrances, de subtilités, d’initiatives. Il existe un vaste continuum qui dépasse l’histoire individuelle et c’est une hypothèse légitime de présumer qu’il existe un continuum poursuivant cette histoire singulière, ici, après-demain.
La vie humaine est encore et toujours en marche et la mort ne peut être son objectif final.
Les âmes se transforment-elles en poussière, l’esprit se réduit-il en cendres? Dites-moi, vous qui me lisez, comment des âmes pourraient-elles générer des lettres éternelles, des œuvres perpétuelles de pensée et d’art, et ainsi disparaitre à jamais dans les méandres de l’inconnu?
On pourrait m’objecter sans l’ombre d’un doute: la certitude que l’homme aurait une part à la vie éternelle n’est pas seulement contestable, mais tout autant suffisante.
Qui oserait prétendre sérieusement que les membres de l’homo-sapiens, une classe de mammifères, appartiendraient à l’éternité?
Quelle représentation de l’Humanité est supposée être entendue à travers la croyance en l’immortalité?
Certes, l’espoir de la vie éternelle pour l’homme laisserait à penser qu’il existe une dimension méritante de l’éternité. Elle aurait, pense-t-on, une affinité certaine avec ce qu’il y a de Divin en lui, car n’a-t-il pas été créé à l’image de Dieu…
La mort est une objection fondamentale au pouvoir de l’homme et un avertissement plus que provocateur et nécessaire à l’exigence de sens. Il lui faut s’attacher au devenir qui dépasse la dimension du temps humain, l’Humanité sans mort serait une arrogance sans fin. La noblesse de l’être prend ses racines aux sources du Monde et ce dernier extrait une large part de son pouvoir de la pensée même de la mort.
Celle-ci n’est pas une simple ruine et un désastre, elle est saisie comme un manque d’opportunités additionnelles à pouvoir concevoir et perfectionner l’œuvre créatrice, les créatures, ici et maintenant. Ce n’est pas une faillite, mais un ultimatum, la fin d’un prologue à une harmonie dont nous n’avons qu’un vague espoir.
Le prélude, lui, est profusément nanti d’occasions de parfaire ou de frustrer les patients de l’Eternel dans leurs efforts continus à rédimer le monde.
La mort est l’épilogue de nos engagements en tant que collaborateurs de la rédemption. La vie qui suivra et ce futur si attendu, doivent être acquis alors que nous sommes ici, conjugués au présent. L’origine n’en est guère le néant, c’est une récolte, la récolte de tous ces moments vécus et réalisés sur cette bonne vieille terre.
Essayons de cultiver notre sensibilité au mieux et au meilleur tant que nous sommes ici, tentons de gouter aux saveurs du firmament durant notre séjour sur la terre immanente. La graine de la vie éternelle est plantée en nous, ici et maintenant, elle se gâche si jamais nous la posons sur une pierre, au creuset des âmes qui se meurent alors que le corps demeure encore en vie.
La question primordiale n’est pas de savoir comment poursuivre la monotonie de l’existence, mais comment l’exalter.
Vos exhortations pour une vie au-delà de la mort sont arrogantes, s’il n’y a aucune invite à la vie éternelle bien avant votre enterrement.
L’éternité n’est pas un devenir infini mais une présence constante et absolue.
Si le germe de la vie éternelle n’attend que nous, alors répondons lui:
Le monde qui vient n’est pas uniquement un après, mais aussi un héritage.
C’est le sens de l’existence: réconcilier la liberté avec le devoir, l’instant avec la durée, broder les galons de la temporalité dans le tissu de l’éternité.
La sagesse de mon ami Philippe Eliahou, fils de Benina, fut de parvenir à faire de sa destinée une véritable conjugaison avec son destin.
Il fut capable de vaincre avant de succomber. Il sut acquérir afin de mieux donner, son triomphe ne lui laissant guère de répit. L’ultime dédicace au Divin, la mort ainsi entendue et nullement dénaturée par le besoin impérieux d’immortalité.
Oui, ses actions offertes à tous furent une réciprocité de sa part pour le don de la vie octroyé par Dieu.
A LA MEMOIRE DE MON CHER YEDID, PHILIPPE ELIAHOU TOUITOU זצ”ל
Que son souvenir soit béni à jamais!
Rony Akrich
Bien mais trop long
MERCI D’AVOIR ETE REACTIF
Chaque être qui vient au monde est une feuille vierge ,sur laquelle il écrit une histoire unique dont la raison est d’apporter à l’humanité entière des moyens nouveaux de survivre .La mort ineluctable est necessaire pour qu’il laisse une trace de son passage,indelébile pour certains éphémère pour beaucoup.Sans la mort,qui permet la venue d’autres et le renouvellment des idées,ce serait le cahos .Un régiment militaire espagnol a comme slogan “viva la muerte” afin que le soldat sache que la vie n’a de valeur que si elle se sacrifie pour en sauver d’autres.