Aujourd’hui (lundi) avait lieu à la Knesset un débat en présence du Premier ministre Netanyahou sur la création d’une commission d’enquête nationale sur le 7 octobre.
A cette occasion, Yarden Bibas, a écrit une lettre au Premier ministre, qui a été lue à la tribune de la Knesset par le député Hili Trooper (Hama’hané Hamamla’hti).
Le mari et père endeuillé, ex-otage du Hamas, appelle au retour de tous les otages encore en captivité avant de s’atteler à l’éradication du Hamas et demande la création d’une commission d’enquête afin de tirer les leçons et de garantir un meilleur avenir pour le pays.
Monsieur le Premier ministre,
Je m’appelle Yarden Bibas et, au moment où l’on vous lit mon discours, je suis en deuil pour ma femme Shiri et mes enfants Kfir et Ariel. De jeunes enfants innocents et purs, enlevés de leur maison et assassinés en captivité. On aurait pu et on aurait dû les sauver.
Les terroristes maudits ont envahi Nir Oz en sandales. Ma famille et moi avons été enlevés de notre maison et emmenés à Gaza avec une brutalité inimaginable.
Ce matin maudit, l’État n’était pas à Nir Oz. Il n’y avait que des héros locaux – des membres des unités de défense et des combattants courageux, qui ont fait tout ce qu’ils pouvaient, et certains ont payé de leur vie.Et aujourd’hui, 514 jours plus tard, je suis rentré de Gaza dans une réalité insoutenable où j’ai dû enterrer toute ma famille en une seule journée. Je ne souhaiterais à personne un cauchemar aussi atroce.
Et pourtant, malgré cette douleur insupportable, je vous demande, en cet instant, de vous arrêter. L’heure de la vengeance n’est pas encore venue.À ce stade, nous avons l’obligation de ramener immédiatement nos frères, parmi lesquels mon meilleur ami David Cunio et son frère Ariel. David, mon ami depuis la première année d’école, mon voisin du kibboutz, qui dépérit dans les tunnels du Hamas.
Je sais que je ne pourrai plus jamais étreindre mes enfants et ma femme. Mais Ema et Yuli, les filles de David, elles aussi enlevées à Gaza alors qu’elles n’avaient que trois ans, attendent encore de pouvoir serrer leur père dans leurs bras.
Sa femme Sharon mérite de le retrouver.Quand nous aurons ramené David et tous les otages, je serai le premier à soutenir toute action visant à éradiquer le Hamas.
En tant que résident de Nir Oz, je sais que nous devrons écraser le Hamas, car sinon, nous ne serons jamais en sécurité. Mais nous devons toujours préserver la sacralité de la vie, le respect des morts et ne laisser personne derrière. Sinon, nous perdrons ce qui fait de nous ce que nous sommes.Monsieur le Premier ministre, 514 jours et nuits se sont écoulés et vous, ainsi que votre gouvernement, n’avez toujours pas assumé vos responsabilités.
La demande de création d’une commission d’enquête nationale est une exigence qui unit le peuple d’Israël – 83 % des citoyens israéliens la réclament, aux côtés des 1 500 familles du Conseil d’octobre, dont la mienne.
Son but n’est pas une chasse aux sorcières, mais un processus d’apprentissage pour éviter une nouvelle catastrophe.Je vous appelle, Monsieur le Premier ministre, à unir le peuple d’Israël, à apaiser nos âmes, à répondre à la volonté du peuple et des familles.
Annoncez dès aujourd’hui la création d’une commission d’enquête nationale qui renforcera la sécurité d’Israël, empêchera un nouveau désastre et apportera des réponses à moi et à tout le peuple d’Israël.Comment cela a-t-il pu arriver ?
Comment Kfir, neuf mois, et Ariel, quatre ans, ont-ils pu être enlevés et assassinés avec leur mère Shiri d’une manière aussi barbare ?
Comment en sommes-nous arrivés à passer des heures interminables dans une pièce sécurisée, sans que personne ne vienne nous sauver ?Je ne cesse de penser à cela, et je me reproche sans cesse de ne pas avoir mieux protégé ma femme et mes enfants. Cela me ronge de l’intérieur.
Je n’avais qu’un simple pistolet, et j’étais un civil dans un kibboutz paisible. Avez-vous pensé à cela ?
Avez-vous, vous aussi, du mal à passer une journée et une nuit sans ressentir le poids d’une responsabilité écrasante pour ce qui s’est passé ?
Êtes-vous capables de le dire, à voix haute et avec des mots clairs ?Tant de citoyens demandent pardon. Si peu de politiciens le font.
Tant de citoyens et de combattants assument leurs responsabilités. Si peu de membres du gouvernement en font de même.Lors des funérailles, ma sœur Ofri a dit une phrase qui me touche profondément :
« Demander pardon, c’est accepter sa responsabilité et s’engager à agir autrement, à tirer des leçons de ses erreurs. Il n’y a pas de sens au pardon tant que les échecs ne sont pas examinés et que tous ceux qui avaient une responsabilité n’en assument pas les conséquences. Cette catastrophe pour notre peuple, et pour notre famille, n’aurait jamais dû arriver. Et elle ne doit, jamais, se reproduire. »Je n’ai aucun désir de régler des comptes avec le passé.
J’essaie de rassembler mes forces et de regarder vers l’avenir.
Je demande que nous fassions tous notre possible pour que ce pays devienne un endroit meilleur, plus uni et plus fort.À travers la vitre du véhicule qui nous transportait lors du cortège funèbre, j’ai vu le peuple d’Israël. J’ai vu un pays brisé – religieux, laïcs, ultra-orthodoxes – tous debout ensemble, avec des drapeaux et des larmes.
J’ai senti qu’ils étaient vraiment avec moi.