
A la recherche de « nouveaux publics » Naftali Benett et le parti Yamina se penchent également vers le secteur arabe israélien, parmi les citoyens qui ne se reconnaissent ni dans la Liste arabe unifiée ni dans les partis de gauche. Naftali Benett a dit récemment : « Je me lève le matin et je pense à toute la population du pays. Je suis engagé envers des habitants de Kfar Qassem comme envers tous les autres citoyens du pays ».
Cette idée a commencé à prendre forme la semaine dernière avec une tournée d’Ayelet Shaked, Idit Silman et Shirli Pinto dans les villages de Kfar Bara et Kfar Qassem. Dans cette dernière localité, Yamina a même créé son premier bureau en secteur arabe israélien. L’objectif global de Yamina est de quadriller le terrain en créant des « centres opérationnels » selon les catégories de population : femmes, jeunes, Judée-Samarie et également les minorités (Arabes israéliens, Druzes, Tcherkesses etc.). Le parti de Naftali Benett prévoit même des meetings dans des villes telles que Nazareth, Taïbeh ou Sakhnin.
Idit Silman note qu’une proportion non négligeable de citoyens arabes israéliens est susceptible de voter en faveur de Yamina. En coulisses, des militants sociaux et des présidents de collectivités locales ont contacté Ayelet Shaked en lui confiant qu’ils ne se reconnaissent pas dans la Liste arabe unifiée car les députés ne se préoccupent pas de leur besoins réels comme l’éducation ou la lutte contre la violence et le crime organisé, et ils se disent prêts à voter en faveur d’un parti qui se souciera d’eux réellement. « Nous savons que lorsqu’Ayelet promet, elle tient ses promesses, alors pourquoi ne pas tenter l’expérience » dit par exemple Sofian Assi, activiste associatif à Kfar Bara. Ce village avait déjà collaboré avec le Parti National Religieux (Mafdal) dans les années 1980, et son maire, Moussa Assi, l’oncle de Sofian, était à l’époque très lié au parti sioniste-religieux. Sofian a assuré qu’il fera campagne pour Ayelet Shaked dans les villes et villages arabes israéliens « car elle se souciera réellement des besoins de notre population » affirme-t-il. Il rappelle que lorsqu’elle fut ministre de la Justice, elle avait créé le premier tribunal de la Circulation et des Affaires mineures à Taïbeh arabe et avait nommé des juges arabes. Sofian estime qu’il peut apporter au moins deux mandats d’électeurs arabes au parti Yamina et rappelle que lorsqu’Arié Dery avait accordé des budgets pour des routes dans le secteur, beaucoup d’électeurs avaient voté Shass.
Ayelet Shaked explique cette stratégie : « Lors que nous étions ministres, nous avons travaillé pour tous les secteurs de la population, y compris le secteur arabe. Naftali dans l’Education, Betzalel dans les Transports et moi dans la Justice. La demande de plus en plus de citoyens arabes envers nous ne m’étonne pas. La Liste arabe ne comprend pas que la majorité de la population arabe veut s’intégrer dans le pays et non pas attaquer l’Etat d’Israël. Le conflit israélo-palestinien intéresse bien moins la population arabe que ses besoins quotidiens urgents. Si les partis de droite avaient l’intelligence de travailler avec les Arabes israéliens, la droite se renforcerait encore davantage et leur situation s’améliorerait beaucoup ».
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