Le P’tit Hebdo: Pourquoi avez-vous décidé de vous installer à Hevron il y a 35 ans?
Orit Struck: Lorsque la localité de Yamit, dans le Sinaï, a été évacuée, nous avons voulu renforcer l’implantation en Israël. Nous avons cherché un endroit qui soit plein de sens. Quoi de mieux que Hevron!
Lph: Comment le yishouv a-t-il évolué?
O.S.: Lorsque nous sommes arrivés, il y avait 6 familles dans le yishouv. Nous avons ajouté 6 familles. Ce nombre a continué à augmenter, de nouveaux quartiers ont été construits. Le yishouv juif aujourd’hui est la résurrection de ce qu’ont dû abandonner les victimes du pogrom de 1929.
Lph: Quel est votre point de vue sur le fait que l’on attende souvent un attentat pour développer la présence juive ici?
O.S.: C’est un des moteurs de notre développement, malheureusement. Le yishouv juif de Hevron lui-même a été fondé au lendemain du grand attentat de Beth Hadassah dans lequel 6 personnes avaient été assassinées et plusieurs autres blessées. Et aujourd’hui l’un des principaux artisans de cet attentat a été élu maire de Hevron!
Nous avons réclamé des réactions face à l’élection de ce meurtrier, mais nous attendons toujours…Nous devons montrer aux Arabes qui veulent nous assassiner que nous avons nos racines ici. Rien ne s’est jamais acquis facilement. Cela fait 17 ans que rien n’a été construit à Hevron!
Quand le Premier Ministre annonce la création d’un Musée du patrimoine juif à Hevron, c’est bien mais ce n’est pas suffisant. La vie aussi est importante, Hevron est la ville des Patriarches mais elle est aussi celle de leurs enfants!
Lph: Comment avez-vous pris la décision récente de l’UNESCO concernant Hevron?
O.S.: Nous savons que le monde est hypocrite et qu’il est contre nous. Ce qui compte c’est ce que notre gouvernement dit. La condamnation unanime de cette décision nous renforce. En fait, cette instance, par son absurdité extrême, aura réussi à relier encore plus notre peuple à la ville de ses Pères Fondateurs.
Lph: Racontez-nous la vie quotidienne à Hevron. Quelles relations entretenez-vous avec vos voisins arabes?
O.S.: Jusqu’aux accords d’Oslo, nous avions de bonnes relations de voisinage. On allait au shouk arabe, mes enfants allaient à l’épicerie tenue par un Arabe et on buvait même le café ensemble. Tout s’est arrêté après. Les Arabes qui manifestaient de la sympathie pour les Juifs ont été arrêtés par l’Autorité Palestinienne puis victimes de tortures inhumaines.
Notre ville est malheureusement le théâtre d’attentats, un de mes fils a été blessé dans l’un d’entre eux. Mais depuis quelques temps, le nouveau commandant de la région, Itsik Cohen, a mis en place une approche sécuritaire très efficace.
Aujourd’hui on constate qu’un groupe d’Arabes de Hevron commence à vouloir renouer avec nous de bonnes relations. Ils regardent les Arabes israéliens de Jérusalem et demandent à vivre comme eux!
Lph: Les Juifs d’Israël et du monde entier se rendent-ils nombreux à Hevron?
O.S.: Beaucoup de touristes vont à la Meara, je le constate puisque je m’y rends tous les jours depuis 35 ans. Chaque jour, je m’émeus d’être dans ce lieu et d’y croiser tout ce monde. J’invite tous les Juifs à venir se recueillir à Hevron, à la Meara mais pas uniquement. Il y a beaucoup à faire et à voir: des sites archéologiques et des bâtiments d’époque. A Hevron aussi les pierres ont une histoire!
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
comment faire pour s’installer à Hevron, je vis actuellement à Akko mais, je pense qu’en tant que juif, il faut renforcer la présence juive à Hevron.