Le 22 mars dernier, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a signé avec son homologue polonais, Zbigniew Rau, un accord qui a permis le retour de l’ambassadeur polonais en Israël.
Lors du mandat de Yaïr Lapid comme ministre des Affaires étrangères, celui-ci avait retardé la nomination d’un ambassadeur polonais pour protester contre la loi votée au parlement polonais qui limitait les droits des Juifs dont les biens avaient été spoliés pendant la Shoah. Auparavant, une autre loi avait suscité le courroux de la diplomatie israélienne, elle interdisait d’attribuer à la Pologne une responsabilité dans les crimes de la Shoah.
En outre, les voyages d’élèves israéliens à Auschwitz avaient été annulés faute d’entente avec la Pologne.
Il y a environ six mois, le Président Herzog avait été appelé à la rescousse pour tenter de recoller les morceaux avec la Pologne mais le gouvernement précédent n’avait pas réussi à mettre un terme à la crise.
Les chancelleries israélienne et polonaise se sont accordées par le récent accord pour un retour de l’ambassadeur polonais et une restauration des voyages scolaires à Auschwitz.
Quelle est la contrepartie qu’Israël s’est engagé à donner? Israël et la Pologne ont convenu d’encourager les délégations scolaires à étudier l’histoire de la Pologne, outre la période de la Shoah et d’organiser des rencontres entre les jeunes Israéliens et Polonais.
Les groupes israéliens pourront choisir dans une longue liste de musées relatifs à l’histoire et à la culture polonaises, où ils désirent se rendre.
La Pologne attendrait des groupes israéliens qu’ils apprennent aussi sur »la souffrance polonaise pendant la Shoah », ce qu’Israël a catégoriquement nié insistant sur le fait que l’accord ne comprend en aucune façon une telle condition, uniquement une découverte de la culture et de l’histoire polonaises.
La Pologne a, par ailleurs, renoncé à la plupart de ses exigences concernant la présentation du narratif polonais relatif à la Shoah.
Depuis, les rumeurs vont bon train sur cette fameuse contrepartie, alimentée notamment par le chef de l’opposition Yaïr Lapid, qui accuse son successeur de s’être soumis au diktat polonais.
Une dispute par tweets interposés a éclaté entre Lapid et Cohen. Le premier a accusé le gouvernement de ”mentir de manière éhontée concernant la Pologne. J’ai fait revenir l’ambassadeur polonais l’année dernière sans me soumettre à une virgule au sujet de la marche des Vivants et des lois de négation de la Shoah. Les enfants d’Israël ne prendront pas part à la terrible révision de l’histoire du meurtre des Juifs polonais. C’est le camp national? C’est un gouvernement de droite? C’est une soumission totale de notre fierté nationale et du souvenir de nos disparus”.
Ce à quoi des internautes ont répondu que ce n’était pas Lapid mais Herzog qui avait dû intervenir pour permettre le retour de l’ambassadeur polonais en Israël.
Eli Cohen, quant à lui, a tenu à réagir au tweet de Lapid: ”Passons aux faits. 1. Vous mentez. Jusqu’à aujourd’hui, la Pologne n’a pas d’ambassadeur en Israël. Vous avez fait revenir l’ambassadeur israélien en Pologne unilatéralement, ce qui est la marque d’une soumission et d’une incompréhension des relations internationales. 2. A cause de vous, la Pologne qui nous soutenait dans les instances internationales fait désormais partie de nos opposants. Laissez-nous réparer ce que vous avez fait”.
Dans ce contexte, Yad Vashem a publié un communiqué afin de procéder à une mise au point concernant les clauses de l’accord entre Israël et la Pologne au regard des voyages scolaires à Auschwitz:
Yad Vashem accorde une importance aux visites de groupes d’Israël en Pologne pour étudier la Shoah et préserver sa mémoire. Cependant, il est essentiel que ces groupes soient préparés, de façon appropriée tout en maintenant une exactitude historique complète, y compris au sujet du rôle des Polonais dans la persécution, la délation et le meurtre de Juifs pendant la Shoah, ainsi que dans les actes de sauvetage. L’accord récent visant à renouveler les visites éducatives en Pologne ne semble pas limiter cette nécessité.
Néanmoins, l’annexe de l’accord contient une liste de sites, compilée sans Yad Vashem, qui comprend des sites problématiques qui ne devraient pas être visités dans un contexte éducatif. En tout état de cause, l’accord n’impose pas la visite de ces sites.
Yad Vashem ne sera pas impliqué dans des visites de groupes sur tout site suspecté de déformer les événements de la Shoah ou de présenter un récit historiquement inexact. Nous sommes sûrs que toutes les visites éducatives d’Israël en Pologne à l’avenir en tiendront compte.
Cette querelle est lamentable……Combien de siècles encore, les polonais d’aujourd’hui, qui n’y sont pour rien, vont-ils devoir nous supporter ?
D’accord avec vous.
La question n’est pas si les polonais d’aujourd’hui y sont pour quelque chose ou pas … Tout comme les allemands ont reconnu leur responsabilité en tant que nation , les polonais souvent en faire autant pour leur complicité avec les nazis de l’époque ( n’est ce pas Kevin? de l’époque !!!, Ouf !)
Bon ben le clavier écrit des mots a la place d’autres tant pis …
Carole, après Benett et la précédente coalition, voilà pas que c’est la faute du clavier…..Non, il faut faire comme moi, cad ASSUMER !!! Si j’étais polonais aujourd’hui, je me rappellerais, qu’en Septembre 39 mon pays a été dépecé, d’un commun accord par les nazis russes et allemands en application du pacte germano-soviétique signé à Moscou le 23 Août 1939 ! Que personne n’est responsable de ses ascendants et que je ne dois pas payer pour les autres ad vitam æternam ! En revanche, en tant que Juif, aujourd’hui, je considère qu’agir de cette manière et se servir de cette rente mémorielle, ne fait que exacerber l’antisémitisme de certains et le susciter chez les autres !