Pour la première fois depuis 15 ans, un ministre turc des Affaires étrangères est en visite en Israël. Mevlüt Çavuşoğlu s’est d’abord rendu, hier, à Ramallah où il a été reçu par Abou Mazen et son ministre des Affaires étrangères.
Yad Vashem nous rappelle notre responsabilité collective pour tout faire afin d’empêcher l’humanité de revivre des horreurs pareilles
Ce matin, il était attendu à Yad Vashem où il a ravivé la flamme du souvenir. Il a laissé un mot dans le livre d’or: ”Aujourd’hui, à Yad Vashem, nous nous souvenons des événements tragiques de la Shoah, une tragédie unique qui a laissé des plaies profondes dans la conscience de l’humanité. Yad Vashem nous rappelle notre responsabilité collective pour tout faire afin d’empêcher l’humanité de revivre des horreurs pareilles. Plus jamais ça. Le racisme et la haine de l’autre demeurent des menaces importantes et la Turquie jure de poursuivre sa lutte pour enrayer l’antisémitisme, la haine des Musulmans et toutes les manifestations d’intolérance”.
Puis le ministre turc s’est entretenu avec son homologue israélien. Lapid a rappelé que les deux pays avaient eu des relations chaotiques ”mais nous avons mérité que la Turquie soit parmi les premiers pays à reconnaitre Israël. Les nations qui partagent une longue histoire savent comment ouvrir une nouvelle page et c’est ce que nous faisons aujourd’hui”.
Mevlüt Çavuşoğlu a remercié Yaïr Lapid de son accueil et a déclaré: ”Nous avons estimé ensemble que malgré les sujets qui nous opposent, un dialogue entre nos deux pays était utile. Il est utile pour la Turquie, pour Israël et pour la paix dans la région”.
Rappelons que les relations entre Israël et la Turquie était mauvaises ces dernières années. Le réchauffement a débuté, il y a un an, sous l’égide du nouveau président israélien ItshaK Herzog. Yaïr Lapid a également rappelé que les accords d’Avraham avaient changé la donne dans la région dans les relations entre les différents pays.
Les deux ministres ont annoncé que les relations entre leurs administrations respectives allaient être renforcées. L’objectif final est de réinstaller des ambassadeurs dans chacun des pays. Israël a posé une condition à cela: qu’Ankara expulse un certain nombre de terroristes du Hamas qui se trouvent sur son territoire. Une liste a été communiquée aux Turcs il y a quelques temps et le ministre devrait informer Lapid des progressions sur ce sujet.
Par ailleurs, il a été convenu de promouvoir le retour des compagnies aériennes israéliennes sur le territoire turc. De même, les deux ministres ont insisté sur l’importance des relations économiques et commerciales entre leurs deux pays.
Sur la question du conflit qui nous oppose aux Palestiniens, Mevlüt Çavuşoğlu a estimé que seule la solution à deux Etats permettrait une paix viable et durable. La Turquie se voit comme le porte-drapeau de la question palestinienne, c’est ce qu’a déclaré le ministre hier à Ramallah.
Le rapprochement souhaité par la Turquie a plusieurs motivations: les besoins en gaz naturel, surtout en ce moment avec la guerre en Ukraine, mais aussi la volonté d’Erdogan d’améliorer ses relations avec l’administration de Joe Biden. Pour ce faire, il pense qu’Israël pourrait être un bon allié.
Un point de tension, malgré tout, pendant cette visite: Çavuşoğlu a demandé à monter sur le Mont du Temple, sans accompagnement israélien. Afin de contourner la crise, il a été convenu qu’il s’y rendrait à titre privé.