Le tribunal de district de Lod a pris une décision d’une haute importance symbolique en interdisant la diffusion du film de propagande « Jenine, Jenine » réalisé par Muhamad Bakri, Arabe israélien, après l’Opération Rempart de Tsahal de 2002. Le réalisateur devra aussi assurer les frais de justice d’un montant de 50.000 shekels et également verser 175.000 shekels d’indemnités au lieutenant-colonel Nissim Meganadji qui s’était porté partie civile au nom des soldats qui avaient combattu dans le camp de « réfugiés » de Jenine.
Cela fait presque vingt ans que des soldats et réservistes ayant participé à ces combats antiterroristes tentaient de faire interdire ce film, par des actions en justice collectives ou individuelles. En 2003, un tribunal leur avait donné raison mais la Cour suprême avait annulé la décision.
Dans son « documentaire », Muhamad Bakri présentait les soldats de Tsahal comme des criminels de guerre de la pire espèce ayant commis d’atroces crimes lors de cette opération. Pour cela, il avait fait intervenir des « témoignages » fantaisistes d’habitants ou de médecins, malgré les enquêtes séparées menées par Tsahal et l’Onu qui avaient montré qu’il n’en était rien. Bien au contraire, des soldats de Tsahal avaient trouvé la mort dans le labyrinthe du camp de « réfugiés » après s’être mis en danger dans le but d’éviter des victimes civiles lors de leur traque des terroristes.
Dans leurs attendus, les juges reprochent à Muhamad Bakri d’avoir « décrit » des scènes atroces sous le titre de « film documentaire » sur la base de témoignages dont il n’a pas daigné vérifier la fiabilité. Il lui est également reproché de n’avoir pas su apporter ensuite la moindre preuve sur la véracité de ses allégations. Et pour cause. Le tribunal a également rappelé que Muhamad Bakri avait dédié son film à la mémoire d’un terroriste membre des Brigades Al-Aqsa.
Cette décision constitue certes une victoire morale, mais depuis près de vingt ans, le « documentaire » de Muhamad Bakri a eu le temps de voyager et de faire d’énormes dégâts, en Israël comme à l’étranger où il avait bien entendu connu un grand succès. « Jenine, Jenine » avait contribué à renforcer l’image de Tsahal qui est véhiculée par les ennemis d’Israël, celle d’une armée de brutes sanguinaires.
Le tribunal a interdit la diffusion du « documentaire » mais ne demande pas de l’interdire sur youtube. L’affaire n’est pourtant pas encore totalement finie puisque la Cour suprême pourrait être saisie par Muhamad Bakri, et l’on connait le palmarès de la cour concernant sa défense poussée à l’absurde de liberté d’expression.
Cette décision a été accueillie avec soulagement par les soldats ayant combattu lors de cette opération, par les familles des soldats tombés lors de cette opération, les organisations de familles endeuillées par le terrorisme, Im Tirtsou, ainsi que dans la classe politique, du moins chez les partis politiques sionistes.
Du côté de la Liste arabe, c’est un soutien sans failles à Muhamad Bakri. Le député Mtanes Shahadeh (Balad) a déclaré : « Ce n’est pas le film qu’il faut supprimer mais l’occupation et ses crimes. Cette décision est une tentative de bâillonner la liberté d’expression. Ce tribunal a pris une décision en faveur de l’occupation et en faveur du narratif de l’occupation ».
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