On ne présente plus Véronique Genest, comédienne à succès, personnalité hors du commun et fervente défenseur d’Israël, envers et contre tous.
Nous la retrouvons cet été parce qu’elle s’est mise en tête d’apprendre l’hébreu. En participant à une des émissions d”’A cours d’hébreu”, elle a officialisé ce projet et nous a rendus curieux. Qu’est-ce qui pousse cette femme accomplie, à se lancer dans une telle aventure? Elle nous dit tout.
Le P’tit Hebdo: Depuis combien de temps avez-vous commencé à apprendre l’hébreu?
Véronique Genest: C’est assez récent, cela doit faire environ six mois. J’ai commencé par apprendre l’alphabet en carrés et en cursives, puis j’ai appris des mots, grâce notamment à ”A cours d’hébreu”.
Lph: Quelle mouche vous a piqué?
V.G.: D’abord, l’hébreu est proche de moi. Je viens souvent en Israël où j’ai ma belle-fille (la fille de mon mari) et ma petite-fille. Je trouvais cela sympa de pouvoir communiquer avec cette partie de la famille, dans leur langue. En fait, j’ai du mal à me retrouver dans un pays sans en parler la langue. C’est pourquoi lorsque j’avais une maison en Grèce, j’ai appris le grec, pareil pour l’italien. L’hébreu prend, en plus une dimension familiale.
Et puis, il se trouve que j’avais du temps et comme je déteste rester inactive et que je veux faire travailler ma tête, me lancer dans l’apprentissage de l’hébreu me paraissait être la meilleure chose à faire. Vous savez, dans mon métier, on se sert beaucoup de sa tête, de sa mémoire; c’est comme un muscle, il faut le faire travailler. L’hébreu est un excellent sport cérébral aussi!
Lph: Qu’est-ce qui vous pose le plus de difficultés dans l’apprentissage de l’hébreu?
V.G.: Déjà de trouver suffisamment de temps pour l’étudier! Sinon, je bute sur les mots lorsqu’ils sont écrits sans voyelles et j’ai parfois du mal à faire la différence entre le féminin et le masculin lorsque les formes se ressemblent. A part ça, je trouve la grammaire assez simple et j’arrive bien à comprendre la construction des phrases.
Lph: Et vous connaissez des chansons en hébreu?
V.G.: Alors oui puisque l’on apprend beaucoup avec les enfants. Je pourrais vous chanter ”lachevet, lakoum”!
Lph: Votre emploi du temps est quand même chargé pour apprendre une nouvelle langue, puisque vous répétez en ce moment, une pièce avec Martin Lamotte, ”Face à Face”.
V.G.: A vrai dire, les répétitions sont un travail comme un autre. J’ai des facilités à apprendre mes textes, donc je peux me dégager du temps pour autre chose. ”Face à Face” est un beau projet pour moi. Ma dernière pièce était une comédie pure, donc j’avais envie de changer. Cette pièce est grinçante, basée sur des personnages atypiques, elle raconte, avec humour aussi, les différentes formes d’amour. Finalement, elle est très positive.
Lph: On vous voit sur les planches, mais moins à la télévision. Est-ce en raison de vos prises de positions politiques?
V.G.: Non, vous savez les discours ont beaucoup évolué en France. Les scandales d’il y a quelques années, étaient juste liés au fait que j’avais un peu d’avance dans mes conclusions… En France, on réagit avec un temps de retard. Les positions sur Israël sont toujours lamentables, je n’hésite pas à le dire, mais ce n’est pas la raison pour laquelle, je n’ai pas de rôle à la télévision.
En fait, passés les 50 ans, il est déjà plus difficile de trouver des rôles intéressants pour une femme. Si c’est pour jouer une grand-mère à la limite pourquoi pas, mais il faut qu’elle soit dynamique! Donc, j’ai des propositions mais elles ne m’intéressent pas. J’ai une carrière suffisamment longue pour être en droit d’attendre le rôle qui va me plaire. Cela fait 38 ans que je fais ce métier, je veux des rôles qui me surprennent. Ou alors, aller vers le cinéma, c’est quelque chose qui me plairait aussi.
Lph: Et quand vous verra-t-on sur les planches en Israël?
V.G.: J’aimerais beaucoup jouer en Israël. Peut-être un jour avec ”Face à Face”? Le projet de Festival du théâtre français de Steve Suissa me plait beaucoup et j’ai envie de travailler avec lui. D’ailleurs, je serai présente en Israël, fin octobre, pour le Festival.
Jouer en Israël est une idée qui me séduit mais j’ai des projets encore plus grands. Je voudrais que les relations théâtrales entre nos deux pays aillent encore plus loin qu’un festival. Celui-ci est déjà une belle aventure, mais nous pouvons imaginer un pont plus large avec des échanges qui s’étaleraient sur toute l’année. Il y a un vrai potentiel, je le sens quand je suis en Israël et je voudrais l’exploiter.
Lph: Lorsque l’on parle avec vous ou que l’on vous regarde à l’écran, on est frappé par votre sourire permanent, votre joie de vivre, votre énergie. Quel est votre secret?
V.G.: Je crois que c’est d’abord ma nature. C’est dans mon tempérament d’être souriante, joyeuse. C’est aussi un travail sur soi parce que j’ai connu, comme tout le monde, l’adversité. Etre heureux est une résolution à prendre, une philosophie. Cela consiste en trouver le positif qui existe dans tout, à mettre en avant ce qui est intéressant.
D’ailleurs, c’est ce qui caractérise Israël aussi! Ce qui m’a surpris la première fois que je suis venue, ce sont les gens qui dansent, qui chantent, n’importe où et malgré un quotidien qui peut être pesant. Je crois aussi que cette philosophie est encore plus présente chez ceux qui ont connu le vrai malheur. C’est en tout cas, celle qui me guide et qui me rend encore plus proche d’Israël, où j’ai toujours beaucoup de plaisir à me rendre.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Photo à la une: Véronique Genest avec Julien et Elie Cohen d’A cours d’hébreu
Dans ce milieu où il faut être pro-palestinien, bravo Madame Genest.
ROSA