Les Etats-Unis ont restitué à Israël une pièce de monnaie rare qui date de la Première guerre judéo-romaine, appelée également la Grande Révolte. Il n’existe que quatre pièces de ce type. Elles permettent de prouver que les Juifs avaient à cette époque une indépendance vis-à-vis des Romains, puisqu’ils frappaient leur propre monnaie.
La cérémonie de remise de cette pièce s’est tenue hier dans le bureau du Procureur général à New York, en présence de l’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, Guilad Erdan et du consul général israélien, Assaf Zamir.
À la suite d’une opération de renseignement transcontinentale menée par l’Autorité des antiquités d’Israël (IAA) et l’Unité du trafic d’antiquités du bureau du procureur du district de Manhattan à New York, hier (lundi), les États-Unis ont restitué à Israël une pièce extrêmement rare, la quatrième du genre connue dans le monde, qui a été volée et sortie clandestinement d’Israël il y a des années. Il s’agit d’une pièce d’un quart de shekel en argent, de la quatrième année de la Grande Révolte juive (entre les années 66 et 73 de notre ère).
L’Empire romain avait accordé aux dirigeants locaux une autorisation limitée de frapper des pièces de bronze, en fonction des degrés d’importance et de leur proximité avec le gouvernement central. La frappe de pièces d’argent était un privilège beaucoup plus limité accordé à des villes plus importantes et centrales et donc en beaucoup moins grande quantité.
« Pour cette raison, la frappe de pièces d’argent par les dirigeants de la Grande Révolte était en fait une déclaration d’indépendance des Juifs en terre d’Israël, une déclaration contre le puissant empire qui se dressait devant eux. Beaucoup des pièces de monnaie ont été frappées sur des pièces d’argent impériales, recouvrant le visage de l’empereur de motifs juifs. Cela a donné à la pièce une valeur symbolique bien supérieure à la valeur monétaire de la pièce elle-même », a expliqué Ilan Hadad, archéologue et inspecteur en charge de l’unité de prévention du vol d’antiquités au sein de l’Autorité des antiquités d’Israël.
Les pièces de monnaie d’un quart de shekel de la quatrième année de la révolte n’ont jamais été trouvées in situ dans des fouilles archéologiques. Une pièce similaire a été acquise dans les années 1930 par le British Museum, et environ trois autres « circulent » officieusement sur le marché noir des antiquités et parmi divers collectionneurs.
En 2002, des pilleurs d’antiquités palestiniens ont mis au jour un trésor de pièces de monnaie datant de la période de la Grande Révolte, dans la région de la vallée d’Elah. Parmi les pièces de monnaie du trésor se trouvait un quart de shekel en argent datant de l’année 69 de notre ère –– un an avant la destruction du Second Temple à Jérusalem.
L’Autorité israélienne des antiquités a passé les deux décennies suivantes à tenter de localiser la pièce, période au cours de laquelle elle est passée par les marchés illicites d’antiquités en Israël, en Jordanie et au Royaume-Uni. À Londres, de faux papiers ont été préparés pour exporter le quart de shekel du Royaume-Uni vers les États-Unis, où il a été proposé à la vente lors de la vente aux enchères mondiale de pièces de monnaie et de pièces anciennes de Heritage Auction le 3 août 2017 à Denver dans le Colorado.
Plus tôt cette année, l’affaire a été transmise au colonel Matthew Bogdanos, chef de l’unité de trafic d’antiquités (ATU) du bureau du procureur du district de Manhattan. Travaillant en étroite collaboration, l’Autorité israélienne des antiquités et l’ATPU ont développé suffisamment de preuves pour exécuter un mandat de saisie de la pièce et ont reçu une ordonnance du tribunal pour rapatrier la pièce en Israël.