Une des règles de l’exégèse biblique stipule que le début et la fin d’un texte ont un rapport étroit quant à leur contenu. L’idée est encore plus forte quand il s’agit d’un livre tout entier de la Torah. Ce shabbat nous achevons la lecture de Vayikra.
De prime abord, rien ne rapproche le début de ce livre de sa conclusion. Les premiers versets nous décrivent l’obligation d’offrir un sacrifice au Temple pour réparer une faute. A la fin de parachat Be’houkotaï, est évoqué la mitsva du Maasser. La dîme du bétail consistait à prélever, chaque année, 1/10 de son troupeau pour l’amener à Jérusalem et l’offrir en sacrifice.
Pour comprendre la nature du lien qui existe entre le début et la fin du Livre de Vayikra, il nous faut revenir sur le sens profond des sacrifices. Il est vrai que la plupart des sacrifices avaient pour fonction de faire expier les fautes commises involontairement. Mais ce serait une erreur de s’arrêter à cet aspect uniquement. Il existe dans le sacrifice une autre dimension. Et c’est la raison pour laquelle le troisième livre de la Torah s’achève avec la mitsva de la dîme du bétail.
SERVIR LE CREATEUR
Sacrifice, se dit en hébreu ‘’Korbane’’, un mot dont l’étymologie est ‘’Karov’’ qui veut dire ‘’proche ‘’. La fonction des sacrifices est de rechercher le maximum de proximité avec D.ieu. Comment établit-on cette proximité ? Nous avons tous deux inclinaisons : un penchant vers le mal et une tendance à ne faire que la volonté du Créateur. Lorsque nous ouvrons nos cœurs à D.ieu et à tous les êtres humains, nous accomplissons le but pour lequel nous avons été créés. Il n’y a là, pourrions-nous dire, rien d’exceptionnel puisque le Talmud affirme que c’est pour cela que nous fûmes créés. Mais au-delà de cette fonction, il existe un engagement bien plus difficile qui consiste à orienter notre penchant du mal vers le Bien. D.ieu attend de nous que nous transcendions toutes nos pulsions.
UNE CONCEPTION POSITIVE
Voilà donc l’allusion que nous pouvons lire à la fin du troisième livre de la Thora qui nous demande de prélever (pour le Temple) 1/10 de notre troupeau. L’essence du sacrifice se trouve résumé dans cette mitsva : prendre l’animal qui est en nous, le transformer et le consacrer à D.ieu. Cette sublimation est une conception très positive de l’action humaine. En effet, on aurait pu penser que certains aspects prosaïques de l’existence humaine n’ont rien à voir avec la spiritualité. Vient alors cette mitsva qui considère l’être humain de façon holistique c’est-à-dire dans sa globalité. Mais alors pourquoi un dixième seulement? N’avons-nous que 1/10 de notre personnalité à consacrer à D.ieu ? Non, bien évidemment. Le texte parle ici de la qualité de l’effort que nous devons accomplir. D.ieu ne nous demande pas de soulever des montagnes. Nous n’en sommes plus capables. D.ieu attend de nous juste un petit effort…même 1/10 de nos capacités, ce sera l’expression de notre volonté de progresser. Et par la suite, le Créateur de l’univers nous donnera les forces nécessaires pour aller, petit à petit, plus loin, beaucoup plus loin encore.
RAV YAACOV SPITEZKI
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