Les histoires d’alya se suivent et ne se ressemblent pas depuis le ”Le’h Le’ha” adressé à Avraham Avinou. Celle de Philippe Bensoussan est intéressante à plusieurs titres, d’abord parce qu’elle s’est faite en deux temps et ensuite parce qu’elle illustre le cheminement intellectuel d’un homme qui cherche à comprendre la réalité d’Israël. Président de NPC qui est associée avec Olivier Nakache et Eric Toledano, il a contribué à la fabrication d’Intouchables, du Sens de la fête et maintenant de Hors-normes. Philippe Bensoussan développe désormais ses projets en Israël.
Décryptage
Si l’on devait déterminer le déclic chez Philippe Bensoussan qui a entrainé son alya, il s’appellerait ”Décryptage”. Il faut remonter aux début des années 2000 et au déclenchement de la 2e intifada. A cette époque, Philippe, producteur et réalisateur parisien, se définit comme un homme de gauche, concernant la politique israélienne. ”J’appartenais à ceux qui défendaient bec et ongles le processus d’Oslo”, se souvient-il.
”Le tournant a été la 2e Intifada et notamment le reportage de Charles Enderlin sur la mort du petit Mohamed Al-Dura. A la sortie de Rosh Hashana, cette année-là, nous découvrions avec horreur, sur nos écrans, la mise à mort d’un petit garçon contre un mur. L’image était intolérable. Israël ne pouvait avoir fait ça. Puis s’en sont suivies les nombreuses agressions antisémites en France. Et là, j’ai voulu comprendre ce qui se passait”.
Cette quête de la vérité l’amène à réaliser un long-métrage documentaire, ”Décryptage”, qui le conduira en Israël, où il n’avait pas été depuis 1984. Il voulait se rendre compte de ce qui se déroulait réellement sur le terrain. ”J’ai compris la manipulation des récits et mon film a été une bouffée d’air que la communauté juive en France attendait. Et au-delà, il a permis de lancer des débats sur la façon dont les journalistes travaillent”.
Cette satisfaction du professionnel est aussi personnelle. En vivant en Israël pour les besoins de ce film, Philippe Bensoussan se rend compte qu’il aime ce pays au point de vouloir y faire sa vie. ”Finalement, en déclenchant cette Intifada, Arafat a suscité des envies d’alya à de nombreux Juifs qui n’y pensaient pas avant, et qui ont changé leur vision des événements sur place”.
Ainsi, en 2003, il fait son alya, seul. “Pendant trois ans, je vivais entre la France et Israël, afin de poursuivre mon travail de producteur et en même temps de concrétiser mon projet de vie en Israël”.
Un projet familial
D’intellectuelle, la démarche d’alya de Philippe Bensoussan devient familiale. ”Pendant ces premières années d’alya, j’ai rencontré ma femme. A 57 ans, je suis devenu Papa. Si l’alya boeing était faisable célibataire, elle devenait très compliquée à partir de cet instant. Nous avons donc décidé de repartir en France”.
Mais ce départ est provisoire, Philippe et son épouse gardent en tête l’idée que lorsque leur fils entrera au CP, ils reviendront en Israël.
”Ce projet s’est concrétisé, il y a trois mois”, nous raconte-t-il, ”bien entendu mon épouse et moi-même, ainsi que notre fils avions certaines craintes. Aujourd’hui on a encore du mal avec certains aspects de la société israélienne, mais notre fils s’épanouit très bien, et c’est cela l’indicateur essentiel”.
Philippe n’a pas, pour autant, abandonné sa passion, son métier. Il possède une salle de montage qu’il met à la disposition de tous les Israéliens, francophones ou non, qui souhaitent tourner et monter des films. ”Je pense qu’il est important que je puisse faire profiter de mon expérience”.
Par ailleurs, il réalise des films publicitaires, domaine dans lequel il exerçait avec succès en France, pour des institutions israéliennes, comme l’Université Hébraïque.
Philippe Bensoussan va désormais se mettre au service de la société israélienne, qui a certainement gagné un talent unique, confirmant le fait que l’alya française n’a pas fini de surprendre.
Guitel Ben-Ishay
Pour monter un diaporama sur les Touaregs du Hoggar.