Joël Edery a fait son alya, depuis la France, il y a onze ans maintenant. Arrivé à l’âge de 35 ans, il n’a pas effectué de service militaire. Pourtant le sang-froid et le courage dont il a fait preuve ce shabbat sont dignes des grands combattants, des héros d’Israël, ceux que l’on peut croiser sans même le savoir. Joël, lui-même, s’est découvert dans la réaction qu’il a eue face au terroriste armé d’un couteau. Voici son témoignage :
Un shabbat comme les autres à Raanana, enfin presque… un repas en famille en ce jour merveilleux où les téléphones portables et autres objets connectés nous laissent à nos familles. Vers 14h30 mon fils Hillel me demande d’aller jouer au parc. Balançoire et toboggan au programme, un bon bouquin et c’est parti à 3 minutes à pied derrière la maison. Je regarde mon fils jouer avec ses copains, son sourire, son insouciance, je craque à chaque fois en bon père gâteux. Entre deux paragraphes de mon livre, il vient me voir sur mon banc : « Papa lui c’est mon copain Yaïr il était avec moi à la maternelle » ! « Papa regarde comment je fais avec le ballon » !
Les oiseaux chantent, un soleil de ski nous réchauffe, les gens rient entre eux, un enfant pleure il vient de tomber. Soudain un cri d’horreur retentit, suivi d’un deuxième, je lève la tête et je comprends tout de suite à la vue d’un couteau, je crie de toutes mes forces « un terroriste ! Un terroriste ! Mon fils ! Hillel, Hillel » ! Je le vois se figer, tellement mon appel était un ordre, je cours vers lui, le saisit par la main. Où me réfugier ? Protéger mon sang, mon enfant !
J’aperçois une dame et sa fille qui sortent d’une maison, attirées par les cris : là-bas, je dois me rendre là-bas ! Pendant ma course vers la survie, j’entends une voix me dire en hébreu : « tu peux prendre soin de moi aussi » ? C’est le fameux Yaïr, 4 ans, un poids plume, je le soulève avec une main, tire Hillel avec l’autre, je cours vers cette porte de maison. Je jette un regard sur le côté gauche, j’aperçois le terroriste qui tente de rentrer dans une synagogue, heureusement la porte est fermée. Il me voit, dans son regard je comprends que je suis sa cible. Une peur que je ne connaissais pas me saisit, me glace. Les enfants ! Je pousse la dame et sa fille à l’intérieur de leur maison, j’y propulse Hillel et Yaïr et referme la porte.
Je suis toujours à l’extérieur : j’ai peur que le terroriste essaie de rentrer alors je cours dans l’autre direction pour l’éloigner. Je n’ai que mes deux mains et mon courage pour ne défendre, j’entends Hillel qui hurle « Papa » ! Je fais les 60/70 m les plus longs de ma vie : un fou d’Allah me poursuit un couteau à la main avec l’envie féroce de me trancher la gorge. Soudain j’entends crier : « Joël pousse toi » ! Le terroriste est quatre mètres derrière moi. Trois coups de feu retentissent. C’est Eyal mon jardinier qui a tiré pour me sauver. Il l’a raté mais au moins le terroriste me lâche. Il s’enfuit dans une rue, entre dans un jardin, je me retrouve derrière mon jardinier préféré, nous pourchassons le terroriste. La bête se réfugie dans le parking d’une villa, les forces de police sont arrivées. On ne sait pas vraiment où il est, il a pu sauter d’un jardin à l’autre, rapidement la police entoure le pâté de villas. Soudain je l’aperçois voulant sauter un mur. Je crie : « il est là » ! Heureusement que je l’ai reconnu : il était de teint clair et avait poussé le vice jusqu’à mettre une kipa sur la tête ! Deux minutes plus tard il est à terre, attaché. Tout est fini !
Hillel ! Vite je cours le chercher à nouveau. Il est en larmes, me serre dans ses bras, il a peur de sortir de la maison : « Papa j’ai eu peur que tu sois mort » ! À l’âge de 6 ans c’est un second choc ! J’ai eu très peur aussi, peur que tout s’arrête là…
Quelques heures sont passées, j’ai pu embrasser mes enfants, ma femme mais plus de la même façon. Je suis certain d’une chose : je n’ai pas peur. J’ai encore plus envie de vivre, d’aimer la vie, d’aimer les miens, d’aimer les êtres humains. J’ai encore plus envie de combattre pour la liberté et l’humanité. Merci au Maître du monde d’avoir pris soin de moi. Mon pays est merveilleux et j’ai le meilleur jardinier de la planète ! Dans quel pays au monde peut-on confier son enfant à la première famille rencontrée, en toute confiance ? Dans quel pays au monde aurais-je bénéficié d’un tel soutien ? De tout mon cœur : Merci Eyal ! Hillel, tu es un vrai petit homme. Prenez soin des vôtres sans modération !