Un grand désaccord et une confusion sont apparus ces dernières semaines autour du « pacte du siècle » promu par le président Donald Trump, ami d’Israël, conseillé par le Premier ministre Benjamin Netanyahou et en totale collaboration avec lui.
Les partisans de ce pacte affirment que l’application de la souveraineté israélienne aux communautés de Judée-Samarie avec le soutien des États-Unis est un énorme succès, qui permettra de donner une impulsion à une souveraineté totale.
Les opposants affirment, à juste titre, qu’il est interdit d’accepter la création d’un État arabe en Judée et en Samarie, à la fois en raison de l’interdiction de trahir Eretz Israël et à cause du risque sécuritaire que cela implique. Ils s’opposent au gel de la construction qui s’appliquerait aux communautés isolées et au dessin de cartes qui, d’une part, appliquent la souveraineté israélienne à certains villages arabes et, d’autre part, limitent la zone de construction et d’expansion des communautés juives.
Il semble que tant que nous, les Israéliens, ne parvenons pas à un large consensus sur nos objectifs, nous serons contraints de progresser sur un chemin sinueux et douloureux.
Afin d’éviter toute confusion, il convient d’examiner le « plan de paix » proposé, qui en est responsable, et quelles en seront les conséquences. En effet, il n’est pas possible d’en attribuer la responsabilité uniquement au président Donald Trump et d’ignorer l’implication du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Examinons d’abord les grandes lignes de ce plan afin d’éviter toute mauvaise interprétation.
Reconnaissance d’un État palestinien
Ce plan[1] :
- implique qu’Israël accepte les conditions d’un futur État palestinien ;
- entraîne la reconnaissance mutuelle de l’État d’Israël en tant qu’État-nation du peuple Juif et du futur « État de Palestine » en tant qu’État-nation du peuple palestinien, avec des droits civils égaux pour tous les citoyens de chaque État ;
- crée les conditions de la concrétisation des aspirations légitimes du peuple palestinien à l’indépendance, à l’autonomie gouvernementale et à la dignité nationale ;
- donne l’assurance que ni les Palestiniens, ni les Israéliens ne seront arrachés à leurs foyers.
Sécurité d’Israël
- La vision répond pleinement aux impératifs d’Israël en matière de sécurité, n’exige pas de notre pays qu’il prenne des risques de sécurité supplémentaires et lui permet de se défendre par lui-même contre toute menace.
- La vision prévoit un État palestinien démilitarisé vivant en paix aux côtés d’Israël, ce dernier conservant la responsabilité de la sécurité à l’ouest du Jourdain.
- Les Palestiniens travailleront à terme avec les États-Unis et Israël pour assumer davantage de responsabilités relatives à la sécurité, et Israël réduira la portée de ses activités en la matière.
Jérusalem capitale divisée d’Israël et de la Palestine
- Le statu quo au mont du Temple/Haram al-Sharif sera préservé.
- Sa gestion restera entre les mains du roi de Jordanie.
- Tous les musulmans pourront se rendre pacifiquement dans la mosquée al-Aqsa (les Juifs ne sont pas mentionnés !).
- Jérusalem restera unifiée et demeurera la capitale d’Israël, tandis que l’État de Palestine aura pour capitale Al-Quds et comprendra des zones de Jérusalem Est.
Le futur état de la Palestine
La vision prévoit un retrait d’Israël de plus de 70 % de la Judée et la Samarie avec un ajout de territoire dans le Sud à la frontière égyptienne
- Israël accepte de donner 70 % de la Judée-Samarie afin d’établir un État palestinien.
- Israël accepte de donner une partie du Néguev avec un corridor le reliant à Gaza.
- Un gel des terres de quatre ans pour garantir la possibilité d’une solution à deux États.
- La carte de la vision fera plus que doubler la taille des terres actuellement à la disposition des Palestiniens.
- Au-delà des questions territoriales, la vision prévoit l’utilisation et la gestion par les Palestiniens des installations des ports de Haïfa et d’Ashdod, la mise en valeur par ceux-ci d’une zone de villégiature sur la rive nord de la mer Morte et la poursuite des activités agricoles palestiniennes dans la vallée du Jourdain.
- La vision propose des liaisons de transport modernes et efficaces pour faciliter les déplacements et la circulation des marchandises dans l’ensemble du futur État de Palestine, y compris Gaza et la Cisjordanie.
La situation des réfugiés
Le Moyen-Orient a besoin de partenariats régionaux solides pour lutter contre l’Iran et le terrorisme, renforcer la sécurité et ouvrir de vastes possibilités d’investissement économique et de prospérité régionale.
- Les réfugiés palestiniens auront le choix de vivre dans le futur État de Palestine, de s’intégrer dans les pays où ils vivent actuellement ou de se réinstaller dans un pays tiers.
- Les États-Unis travailleront avec la communauté internationale pour établir un fonds généreux permettant de faciliter le processus de réinstallation des réfugiés.
Aide à l’établissement d’un État palestinien
- La vision incorpore le plan économique massif de 50 milliards de dollars de Peace to Prosperity, qui stimulera l’économie palestinienne.
- Correctement mise en œuvre, la vision :
- créera plus d’un million de nouveaux emplois palestiniens ;
- plus que doublera le PIB palestinien ;
- et réduira le taux de chômage en dessous de 10 % et le taux de pauvreté de moitié.
Une des conséquences immédiates de ce plan réalisé avec les conseils et l’appui du Premier ministre Benjamin Netanyahou sera l’accession des Territoires palestiniens au titre d’État de la Palestine lui conférant toutes les forces qui lui manquaient auprès des institutions internationales telles que l’ONU et le Tribunal international.
Qui sont les responsables et quelles en seront les conséquences ? Nous tenterons d’y répondre en deuxième partie de cet article.
[1] Source : Ambassade et consulats des États-Unis d’Amérique en France, « La vision du président Donald J. Trump pour la paix, la prospérité et un avenir meilleur pour Israël et le peuple palestinien ».
Photo Yonatan Sindel / Flash 90