On connait la Knesset pour ses scènes de disputes, de cris et d’insultes. C’est souvent ce qu’aiment montrer les caméras. Mais, il arrive aussi qu’on y assiste à des scènes de solidarité entre ceux que l’on pensait être des ennemis jurés et l’on s’aperçoit, avec soulagement, que nos hommes et nos femmes politiques savent aussi mettre de côté leurs querelles pour certaines causes humaines qui dépassent tous les clivages politiques.
C’est ce qui s’est passé dans la nuit de lundi à mardi et que Yaïr Lapid a tenu à raconter. La scène se déroule lors du vote d’une loi pour les personnes handicapées portées par Lapid et Meïr Cohen (Yesh Atid), le ministre des Affaires sociales. Le ministre des Affaires étrangères est directement concerné par cette loi puisqu’il a une fille autiste et le sujet lui tient très à coeur.
Voici ce qu’écrit Lapid dans un post sur FaceBook:
Il est déjà plus de deux heures du matin, à la Knesset. La loi sur la Judée-Samarie est tombée, les hurleurs de service ont disparu. Il ne reste que 33 députés pour le débat sur la loi pour les personnes handicapées. Le ministre des Affaires sociales, Meïr Cohen, la présente. L’ambiance n’est pas tendue. Nous avons convenu en amont avec l’opposition que cette loi serait votée. Tout le monde pouvait rentrer à la maison. Seulement voilà, tout le monde ne l’a pas fait. Sont restés ceux pour qui c’était important. Ce qui comptait pour eux n’était pas la presse ou la politique, mais le sujet en lui-même.
Yoav Kich (Likoud, ndlr) est monté à la tribune. Il n’a pas rappelé sont fils, Matan, un enfant handicapé qui est décédé à l’âge de 13 ans. Il a uniquement dit que cette loi était importante et combien il était content qu’enfin elle puisse être votée. Le député Yaakov Mergui de Shass a aussi parlé. Il nous a félicité, Meïr et moi, et a expliqué sa frustration lorsqu’il n’a pas réussi à promouvoir cette loi en tant que président la commission Education. Il était un bon président, Mergui, on voyait qu’il se sentait concerné. Je ne lui avais encore jamais dit, il fallait que je le fasse. Au perchoir se trouvait le vice-président de la Knesset, Yaakov Asher, de Yaadout Hatorah. De manière exceptionnelle, il s’est exprimé: ”Quand on m’a donné la place de président de séance de 2h du matin, je me suis dit qu’on m’avait bien eu. Maintenant je vois que tout vient d’En-haut et que c’est un mérite pour moi d’être ici maintenant”. Il a raconté que lorsqu’il voyait une personne handicapée, le Hazon Ish se levait en son honneur, pour que les gens voient comment il fallait se comporter envers ces personnes.
Les discours n’étaient pas longs. Les gens sont montés à la tribune et ont dit ce qu’ils ressentaient. Le député Haïm Katz (Likoud, ndlr), qui a été ministre des Affaires sociales, nous a félicité pour avoir réussi à faire passer cette loi. ”C’est uniquement pour cela que je suis resté, pour féliciter Meïr et Yaïr, nous avons tous attendu longtemps”. Il a rappelé que nous avons présenté cette loi, la première fois il y a 9 ans, et elle n’est jamais passée. Le ministre de la Défense, Gantz, est entré et s’est assis près de moi. ”C’était important pour moi d’être présent”, a-t-il dit. Tout le monde sait que la route est encore longue, il ne s’agit que de la première lecture, peut-être même que c’est pour cette raison qu’il était important que nous soyons là, tous ensemble.
A 2h42 du matin, nous avons voté. 33 députés pour, 0 contre. Parce que cela nous dépasse. Parce que c’est plus important que les querelles politiques. L’opposition s’est comportée de manière responsable, avec du coeur, il était important pour moi que tout le monde le sache et de dire à ces députés, un grand merci”.