Une rue tranquille à Hébron, non loin de l’impressionnant monument élevé par Hérode le
Grand à Hébron il y a plus de deux mille ans pour abriter les cénotaphes recouvrant les tombes
attribuées aux patriarches bibliques Abraham, Isaac et Jacob et leurs épouses Sarah, Rébecca et
Léa. Samedi soir, 29 octobre. L’apparition de trois étoiles dans le ciel a signalé la fin du
Chabbat. Arrivé dans sa voiture dont il vient de sortir, un “héros” palestinien s’apprête à passer
à l’action. Il a en main une Kalachnikov, ce fusil d’assaut parti de Russie qui a conquis le monde,
et un chargeur de rechange. De l’autre côté de la rue, une petite supérette tenue par un autre
Palestinien. Deux clients en sortent avec leurs emplettes. Un père et son fils. Des Juifs religieux
non armés. Ils s’installent dans leur voiture et le “héros” ouvre le feu. Le père s’effondre,
grièvement blessé. Le fils est atteint moins gravement et saisit son téléphone pour demander
assistance. Le “héros” palestinien aurait pu prendre la fuite, repassant comme à l’aller par le
poste de contrôle tout proche récemment démantelé par l’armée pour faciliter la vie des
Palestiniens de la ville. Mais ce n’est pas conforme à son plan. Il attend donc, sa kalach à la
main. Premier sur les lieux, un secouriste bénévole reconnaissable à son gilet fluorescent et à
l’étoile de David. IL n’aura pas le temps de se pencher sur le blessé : le “héros” palestinien tire
une longue rafale et le secouriste s’écroule. Les vidéos de surveillance montrent le “héros”,
brandissant son arme et littéralement dansant sur place et cherchant de nouvelles cibles. Les
premiers soldats arrivés sont accueillis par un feu nourri. Un passant palestinien est atteint.
Ensuite tout va très vite et les forces de sécurité neutralisent le tireur et le tuent. Bilan : Le père
de famille est mort, son fils a été touché par une balle au bras. Le secouriste, transporté à
l’hôpital en Israël, est toujours dans un état grave. Le passant palestinien est hospitalisé à
Hébron. Deux soldats sont légèrement blessés. Aussitôt le Hamas célèbre l’action héroïque de
celui que les Israéliens qualifient de terroriste et appelle d’autres Palestiniens à suivre son
exemple. Les réseaux sociaux palestiniens encensent le nouveau martyr. Curieusement, une
rapide enquête menée par les services de renseignement israéliens ne font état d’aucun signe
antérieur de radicalisation. La famille professe son incompréhension. Savait-elle quelque
chose ? Sans doute. Le jour du drame, le « ”héros”, » atteint d’une maladie incurable, avait été
informé qu’on ne pouvait plus rien faire pour lui. Alors ne s’est-il pas dit que mourir pour
mourir, au lieu d’une lente agonie à l’hôpital, pourquoi ne pas aller hardiment tuer un maximum de Juifs et tomber en martyr ? Son nom serait inscrit à jamais au panthéon des combattants de
la liberté, sa famille jouirait du prestige d’avoir donné un fils à la cause, et toucherait la rente
respectable que le président de l’Autorité palestinienne accorde aux plus braves de ses enfants.