L’enfant perdu de la République, douze fois condamné, s’est livré à une apologie du terrorisme antisémite en classe après la minute de silence.
Un élève du lycée privé Saint-Michel, rue Saint-Savournin à Marseille, 5e, a été déféré en comparution immédiate pour « apologie directe et publique d’un acte de terrorisme » en classe après la minute de silence organisée lundi. Le tribunal l’a placé sous mandat de dépôt jusqu’à son procès le 3 décembre.
« Les attentats c’est à cause des juifs, c’est normal », a lancé Patrick Fabre, 19 ans, en 1ère Bac Pro Vente durant le temps de parole qui s’était engagée avec l’enseignante, la directrice et ses 13 élèves à majorité musulmane, tous très choqués. L’enseignante lui a demandé de mesurer ses propos mais Patrick a continué en roue libre : « Si je croise un juif dans la rue, je le kalache. Il faut tous les crever. De toute façon vous verrez tout le monde sera musulman. »
L’enseignante entendue est consternée : « Il disait c’est normal vu ce qui s’est passé en Syrie. Il me regardait, moi et la directrice en disant « ça sème la terreur, vous avez peur hein ? » Ce qui me choquait c’est que tout le monde était triste alors que lui était excité. Des élèves lui disaient « calme toi, tu dis n’importe quoi. »» L’établissement l’a aussitôt exclu. Il n’y était que depuis deux semaines.
Le lycéen a le profil judiciaire d’un petit voleur avec 12 mentions à son casier dont la moitié sont des admonestations du tribunal pour enfants. Il était de surcroît sous contrôle judiciaire pour outrages et sous le coup d’une mise à l’épreuve. Auditionné durant ses 24 heures de garde à vue, il a reconnu les propos avec des nuances : « J’ai dit que l’attentat était un coup d’État. Je pensais que les terroristes étaient des juifs se faisant passer pour des musulmans pour les salir. »
Né d’un papa catholique dont il est sans nouvelle et d’une mère musulmane, il dit avoir pu être influencé par des prédicateurs en Algérie pendant les vacances et avoir surtout « répété ce que j’ai entendu sur internet, Youtube et autour de moi ». « J’ai même pas calculé ce que j’ai dit, comme si c’était sorti de ma bouche sans faire exprès. » à l’enquêteur, il déclarait encore : « Il y a 130 morts en France, c’est touchant mais il y a des morts tous les jours en Syrie. »
S’agissant des menaces de mort à caractère antisémite, il les nie : « J’ai dit comme quoi il fallait tous les canarder mais je parlais des terroristes et des kamikazes. Je n’irai jamais en Syrie faire la guerre. Je ne suis ni pour le jihad ni pour le terrorisme, je suis pour la paix. »
Entendue, sa maman, une artiste lyrique, dit qu’ « il a rien dans la tête. Il dit n’importe quoi. Un enfant de dix ans réagit mieux que lui. » Sur le plan religieux, c’est la confusion. Patrick est baptisé catholique, se définit comme musulman non pratiquant, fait le ramadan mais mange en cachette et ne fait pas les prières. « J’ai envie de m’en sortir. Je ne veux pas finir comme mes collègues en prison », a dit jeudi, d’un ton très posé, le jeune homme aux cheveux longs bruns plaqués, vêtu d’un survêtement fuchsia. « Qu’on ne vienne pas plaider son jeune âge ! Certaines des personnes qui agissent pour ce qu’il prône ont parfois le même âge », a dit la procureure qui a requis le mandat de dépôt devant le risque de renouvellement de l’infraction.
« Il n’a pas le profil du néo-nazi. C’est l’attitude pipi caca tardive d’un ado provocateur », analyse son avocat Me Olivier Kuhn-Massot. « Il mérite une remise à l’heure mais pas la prison. Vu le nombre de tarés aux Baumettes, il va être bien accueilli. D’un zéro on va en faire un héros ! »
Pour le « remettre en place », il formulait une offre de réparation à la Licra et au Crif avec visite pédagogique du mémorial du camp d’internement des Milles. Procès le 3 décembre.
David Coquille – La Marsellaise – JSSNews