Le 14 septembre 1982 était assassiné le président chrétien libanais Bachir Gemayel, nommé à peine la veille à la tête de l’Etat. Trente-deux autres membres des Phalanges chrétiennes avaient également trouvé la mort dans l’explosion qui avait soufflé le QG du parti. Bachir Gemayel, était proche d’Israël qui avait déclenché au mois de juin l’Opération Paix en Galilée pour en finir avec la mainmise de l’OLP et de Yasser Arafat sur le sud-Liban. L’assassinat de Bachir Gemayel mettait fin au rêve israélien d’établir des relations plus calmes avec le Liban.
Quelques jours après l’attentat, les Phalanges chrétiennes voulurent venger leur chef et entrèrent dans les camps de Sabra et Chatila. On connait la suite. Ariel Sharon, alors ministre de la Défense fut accusé de la tuerie qui s’y produisit et jusqu’à aujourd’hui, c’est Israël qui est montré du doigt pour une vengeance commise par les Phalanges chrétiennes.
L’attentat contre le président libanais avait été revendiqué par le Parti national et socialiste syrien, partisan du président syrien Hafez El-Assad. qui voyait en Gemayel un ennemi à abattre puisqu’il était proche d’Israël et opposé à la présence syrienne au Liban.
Les deux auteurs de l’attentat se promènent encore librement aujourd’hui. Habib a-Shartouni vit à Londres. Il avait été arrêté puis emprionné jusqu’en 1990 mais avait profité de l’incursion syrienne à Beyrouth-Ouest pour s’enfuir et quitter le pays. Le second auteur, Nabil al-‘Alam a disparu de la circulation. Des rumeurs faisaient état de sa mort en 2014.
Pour la première fois depuis lors, l’affaire arrive devant la justice libanaise. Le Conseil judiciaire libanais, tribunal chargé des affaires touchant à la sécurité de l’Etat s’est réunie vendredi. La famille Gemayel, dont l’épouse Solange, était présente en même temps que les familles des autres victimes de l’attentat. Ils ont indiqué leur espoir que cette affaire arrive à son terme, avec ou sans la présence des deux accusés, afin de pouvoir tourner cette page douloureuse.
Le tribunal a finalement décidé de suspendre la séance et d’attendre que les deux suspects soient retrouvés.
Les Phalanges chrétiennes ont exprimé leur espoir que toute la vérité soit faite et se demandent comment cela va influencer la vie politique déjà très complexe au Liban. Il sera aussi intéressant de voir si le nouveau président libanais, Michel Aoun, chrétien mais proche du Hezbollah et de la Syrie permettra à cette procédure d’arriver à son terme.
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