L’erreur d’identification de cible qui a coûté la vie à plus de quatre-vingt soldats de l’armée syrienne a provoqué de vives tensions diplomatiques entre Moscou et Washington. Malgré des “regrets” exprimés du bout des lèvres par le Département d’Etat, le ministère russe des Affaires étrangères refuse de se calmer et accuse – tout comme le régime de Damas – les Américains de soutenir Daech.
Lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité convoquée par la Russie, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power s’est insurgée contre “l’hypocrisie” russe: “La Russie n’avait jamais manifesté pareille indignation pour tous les civils tués par le régime syrien, dans les hôpitaux, les écoles ou les marchés et c’est eux qui demandent une réunion du Conseil de sécurité???”. Elle a accusé Moscou de “pure démagogie” et qualifié cette séance du Conseil de sécurité de “grand théâtre”.
De son côté, l’ambassadeur russe à l’ONU Vitali Tchourkine s’est demandé si l’accord russo-américain sur le cessez-le-fez n’est pas déjà en grand danger et est allé jusqu’à accuser Washington d’avoir sciemment attaqué ce jour-là et visé des soldats syriens afin de torpiller le cessez-le-feu!
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, n’a pas été en reste non plus et a répondu vertement à la diplomate américaine: “Si nous pouvions déjà auparavant nous douter que la Maison blanche protégeait le front Jabhaat a-Nosra, maintenant, après la frappe sur l’armée syrienne, nous pouvons tirer une conclusion effrayante pour le monde entier: la Maison blanche protège Daesh. Chère Samantha Power ! Pour apprendre le sens du mot ‘honte’ je vous conseille d’aller en Syrie et de parler avec les gens qui vivent là-bas. Et non pas avec les adeptes de Fateh al-Cham ou avec l’opposition modérée. Il faut parler avec les gens qui y vivent malgré l’expérience sanglante menée avec la participation active de Washington depuis presque six ans déjà » .