La « Porte de Jaffa », la plus visitée, la plus élevée des sept portes de la vieille ville de Jérusalem s’ouvre du côté occidental de la muraille et marque la jonction de deux routes : à l’ouest celle de Jaffa et au sud celle de Hébron. Une soixantaine de kilomètres séparent le « port de Jérusalem », Jaffa ou Yafo, de la ville sainte. Les pèlerins ‘montaient’ à dos d’âne, ou carrément à pied.
En arabe son nom est la « Porte de l’Ami », Bab el Halil. Il s’agit d’Avraham avinou, l’ami de Dieu, dont la ville est Hébron, à une trentaine de kilomètres au sud de Jérusalem. A l’intérieur de la porte une inscription en arabe, gravée dans la pierre du genre de « chahada » (déclaration de foi) rappelle le nom de notre patriarche : « Il n’y a pas d’autre Dieu que Allah, et Abraham – l’ami de Allah. »
C’est aussi la « Porte de Beyt Lehem », située à 7 kilomètres, sur la route de Hébron. Les croisés la nommèrent la « Porte de David », à cause de sa proximité à la Tour de David, la Citadelle.
Après le règne des Mamluks, en 1535 Soliman dit Le Magnifique, fils du Sultan Ottoman, Selim premier, ordonna d’entourer la ville sainte de Jérusalem d’un rempart. La construction dura jusqu’en 1541. Une plaque commémorative au-dessus de la Porte de Jaffa éternise l’année de l’édifice, « quatre et quarante et neuf cents de l’hégire », soit 1538 et vante la magnificence du souverain.
Soliman le Magnifique employa de nombreux architectes et maçons qui bâtirent au-dessus des vestiges de murailles précédentes, sur une longueur de 3.8 km des dizaines de tours, des centaines d’embrasures, 17 cellules dans le rempart pour se battre, des ornements et décorations en pierre de formes géométriques et de plantes. Voulait-il glorifier son nom ? Voulait-il protéger les habitants des nomades ? Ou bien encore devinait-il le danger d’une nouvelle croisade menée par les communautés chrétiennes européennes ? En tous cas son legs est un composant des plus importants de Jérusalem.
En 1889 la « Porte neuve » s’ouvrit au nord de la Porte de Yafo. Ceci encouragea le commerce des deux côtés de la Porte. Ainsi se développèrent les quartiers de Mamilla, de « Jourat El Anab », aujourd’hui le quartier des Arts et artisanats, ainsi que « Les habitations de Shamaa », actuellement la cinémathèque. Sur l’esplanade extérieure de la porte de Yafo la station centrale de la diligence, les magasins, les boutiques, l’Ecole des beaux-arts de Betsalel faisaient de cette place un centre actif et dynamique de la Jérusalem du dix-neuvième siècle et du début du vingtième siècle.
En 1898 en l’honneur de la visite de l’empereur allemand, Guillaume II, les Ottomans ouvrirent une brèche dans la muraille afin de faciliter le passage du carrosse royal. Depuis l’entrée des véhicules est permise.
En 1907 pour la somme de 20.000 francs les hiérosolymitains bâtirent une horloge haute de 13 mètres au-dessus de la porte de Yafo en l’honneur des 25 ans du règne d’Abdul Hamid II. Dans l’empire ottoman cent horloges marquaient l’heure du déclin ottoman. En Eretz Israël 7 horloges : à Safed, à Acre, à Haïfa, à Nazareth, à Damas, à Yafo et… à Jérusalem. Les britanniques la démontèrent ainsi que toutes les constructions qui se trouvaient devant la muraille.
Le 11 décembre 1917 le général britannique Edmond Allenby fait son entrée officielle par la porte de Yafo. A pied ! Il descend de son cheval, lui et toute sa suite d’officiers et de politiciens. Preuve ineffable d’humilité et de vénération de la sainteté de Jérusalem !
Après 19 ans de coupure (de 1948 à 1967 la porte de Yafo est sous contrôle jordanien) les Israéliens affluent par la porte de Yafo et vont prier au Kotel pour la reconstruction de Jérusalem.
Dr Orna Baziz, guide diplômée, organisatrice de visites guidées à Jérusalem et en Israël
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