De passage en Israël, afin de finaliser les détails de la prochaine tournée de son acteur fétiche, Francis Huster, du 15 au 20 juin prochain, mais aussi pour passer Pessah en famille, le metteur en scène parisien Steve Suissa en a profité pour rencontrer la presse au Centre culturel français de Tel Aviv. L’occasion pour LPH de revenir, à travers ses déclarations, sur son parcours et son actualité en 4 mots clés.
Montmartre. (Rue) « Mon quartier. Mes grands-parents ont ouvert la première boucherie cachère rue Richer en 1952. Ils étaient amis avec la famille Zemour, installée en face de leur rue. Et au milieu il y avait les Folies Bergères. Tout un symbole ».
Florent. (Cours). « Je me suis présenté aux éditions de classe libre du cours Florent, gominé avec un blazer et un flingue, prêtés par un patron de café, le tout pour faire plus vrai dans une scène du Parrain que j’avais choisi d’interpréter et que je regardais en boucle. Irrité par le manque (volontaire) d’attention que les professeurs (F.Huster et F.Florent) me manifestaient, j’ai tiré deux balles dans le plancher pour qu’ils me regardent. J’ai été immédiatement viré, devant les talents montants de la génération, qui attendaient dehors (S.Kimberlain, E.Devos, Y.Attal, etc…). Le lendemain, Francis Huster m’a laissé un message alors que je déchargeais à Rungis, pour m’annoncer que j’étais reçu.
Francis. (Huster). Notre relation date de 25 ans. C’est comme une histoire d’amour, elle s’est construite au quotidien. Si je n’avais pas rencontré Francis Huster dans ma vie, je serais soit boucher soit voyou mais pas metteur en scène. Les livres et les films ont été mes meilleurs amis. Et aujourd’hui encore, plus que jamais, je crois plus à des artistes engagés qu’aux hommes politiques.
Israël.
« Je suis venu il y a 7 ou 8 ans dans un moment où je n’allais pas bien du tout. Et il s’est passé quelque chose. J’ai eu le sentiment d’avoir des prières intérieures, de ne pas savoir les formuler et donc de les dire avec mes mots. Ça m’a donné de la force, et quand je suis rentré à Paris, je me suis senti empli de quelque chose. Depuis je viens de plus en plus souvent ».
(…)
« Francis Huster n’était jamais venu en Israël avant la projection de la pièce filmée ‘Anne Franck’ au Campus Francophone de Netanya en novembre 2014. Il s’est retrouvé devant une énergie qui l’a totalement déboussolé, une demande qui l’a bouleversé et des gens avides de culture, heureux de le voir ici, fiers qu’il revendique à ce point-là son judaïsme avec tous les risques que cela comporte. Car depuis le phénoménal succès d’Anne Franck en France, nous avons monté Einstein, Stephan Zweig, et cela me vaut des menaces de mort régulièrement ou certaines inimitiés… Bref, après ce voyage avec Francis, nous nous sommes dits que nous avions le devoir de revenir pour proposer des textes profonds, un théâtre élégant, intelligent et populaire afin de l’offrir au public, francophone dans un premier temps et israélien dans un second temps, je l’espère. Tout cela pour créer un pont d’amour, de respect et de culture. Cette première édition se déclinera comme un diptyque entre Stephan Zweig et Francis Huster avec ‘Amok’ annoncé comme un carton en France et dans 15 pays dans le monde, et ‘l’Enigme Zweig’ qui explique comment le fait d’oublier ses origines peut être dangereux, jusqu’au suicide. C’est un grand pari artistique que de venir à la rencontre du public israélien. Tout le monde aime dire : « Je suis juif, mais je suis aussi marocain, je suis juif, mais je suis aussi tunisien » pour ne froisser personne. En venant en Israël, Francis et moi n’aurons l’impression de ne froisser personne. C’est la raison pour laquelle je souhaite que cette tournée soit un succès afin que d’autres artistes puissent suivre le mouvement que nous souhaitons impulser. Un festival de théâtre international en Israël, digne des plus grands. Mais en attendant, on nous dit : « Faites la première édition, on verra après… » Peu importe, Francis Huster a décidé de refuser des centaines de propositions dans toute la France, en cette période bénie des festivals, pour venir jouer en Israël, car il sait, nous savons, que c’est nécessaire. Nous espérons que le public sera au rendez-vous !”
Francis Huster : ‘Amok’ et ‘L’énigme Stephan Zweig’ à Jérusalem, Netanya et Tel-Aviv du 15 au 20 Juin. WWW.ISRASTAGE.COM – 03 602 36 19