- Teshouva
Retour.
À la source.
À la vie.
« La Teshouva principale… est que l’homme revienne à lui-même, à la source de son âme, et de suite il retournera vers D’ieu » nous enseigne le Rav Kook (Orot HaTeshouva 15, 10).
- Le Retour est la résurrection d’un souvenir
Que signifie « revenir à soi-même » ? On peut comparer cela à un couple longtemps marié qui pour « se donner un nouvel élan », se remémore son mariage, regarde les photos, etc. Le souvenir et la nostalgie créent un pincement au cœur, « je te garde le souvenir de l’affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles » (Jérémie 2, 2).
III. Le Shofar – un sacré réveil !
Le Shofar est cet « instrument » dont le but premier, dans toute la Torah, est le souvenir et la conscience de la Présence Divine (cf. Bamidbar 10, 9-10). Le son qui en sort précède même la parole, c’est un son presque animal, un cri, émanant directement de l’âme (cf. Maguid Devarav LeYaakov, §192).
- Souvenir mutuel
Ainsi, nous enseigne Rabbi Tzadok de Lublin (Ressissei Layila, §35), le fait de sonner du Shofar permet le souvenir mutuel entre D’ieu et les hommes. Le réveil de l’homme se transforme en réponse Divine. C’est-à-dire que le souvenir (zeh’ira) n’est pas simplement une pensée, une réflexion sur le passé, mais son renouveau. Le passé se réveille ; comme s’il redevenait présent. Et selon cela, D’ieu Se rappelle de nous.
- Languissement
Comment ? Le souvenir d’un proche à un moment donné, par exemple, constitue quelque part une volonté de création d’un lien profond, de languissement, et de nostalgie, en ce même moment : « Ephraïm est-il donc pour moi un fils chéri, un enfant choyé puisque, plus j’en parle, plus je veux me souvenir de lui ? Oh ! oui, mes entrailles se sont émues en sa faveur » dit Jérémie (31,19) au nom de D’ieu.
- Se remémorer c’est juger !
Mais… le souvenir est également – et nécessairement – un jugement. La comparaison entre le « début » et la « fin », entre le passé et le présent, entre les espoirs, les attentes, les décisions prises et leurs accomplissements, leur application est quasi-automatique et nous frappe de plein fouet. Le fossé entre l’amour premier et l’affaiblissement de cette relation dû à la routine est énorme. Cela nous fait trop souvent oublier nos débuts, comme le note le Rambam (hil. Teshouva 3,4) à propos du Shofar : il nous réveille des « bêtises du temps… du sommeil dans le vide et le néant qui ni n’aide, ni ne sauve… regardez vos âmes » ! Ainsi, les Jours de Jugement, sont également un temps de souvenir, de mémoire, tant Divine qu’humaine.
VII. Temps juif et renouveau.
Rosh HaShana et les Jours Redoutables ne marquent alors pas seulement la fin d’une année et le début d’une nouvelle, mais quelque chose de plus radical : la fin d’une époque, d’un temps, d’une ère et le début d’une nouvelle. Toutefois, le temps juif semble être éternel, circulaire. Il s’agirait d’un temps qui n’est pas historique, ou plus précisément une histoire qui a été cristallisée éternellement. Ce n’est pas pour rien que le mot « shana » (année) a la même racine que le mot « lishnot » qui signifie répéter (une deuxième fois). Le Rav Broda de Kelm affirmait que ce n’est pas le temps qui passe sur l’homme, mais l’homme qui voyage dans le temps. Le temps devenant statique et l’homme dynamique.
Puissions-nous nous renouveler cette année aussi et que notre souvenir soit bon !
Sam Elikan