En Israël comme en France, seules 13 % des victimes de violences sexuelles ou domestiques portent plainte. Et pour les olim, ce chiffre pourrait être encore bien inférieur.
L’ idée a germé dans la tête de l’avocate Béatrice Coscas-Williams alors qu’elle finissait sa thèse sur les victimes d’abus sexuels en Israël. Ici, pour de nombreuses raisons, et notamment la faible place accordée à la victime dans le processus judiciaire, la plupart du temps les victimes se taisent ; et lorsqu’en plus elles vivent dans un pays dont elles ne maîtrisent ni la langue ni les rouages, le nombre de plaintes est encore bien moindre. «Nous n’avons pas de données exactes, dit Béatrice Coscas-Williams, mais après ma thèse, j’ai reçu de nombreux témoignages de femmes qui avaient subi des violences sexuelles ou autres, et qui n’avaient pas réagi parce qu’elles ne maîtrisaient pas l’hébreu et ignoraient la procédure à suivre. L’une d’entre elles était même allée à la police pour porter plainte mais elle en était ressortie sans donner suite parce qu’elle n’était pas arrivée à se faire comprendre !».
Là où les Israéliens sont accompagnés, peuvent s’adresser à des assistantes sociales ou se tourner vers des associations spécialisées, les olim français se retrouvent démunis et totalement isolés: «Depuis plusieurs années,
raconte Béatrice Coscas-Williams, je reçois deux à trois coups de fil par mois d’olim qui n’ont aucune idée de la marche à suivre. Par exemple, une femme qui craignait de subir des coups mortels de son mari ne savait pas comment se protéger.»
Béatrice Coscas-Williams et l’avocate pénaliste Johanna Kupfer ont donc décidé de créer pour ces victimes SOS Violence. Dans un premier temps, les deux avocates veulent recruter suffisamment de bénévoles et, en quelque sorte, les former aux«premiers secours»: «Les bénévoles doivent savoir, selon les situations, où s’adresser en premier lieu, quelle est la marche à suivre, les institutions à contacter, ils doivent pouvoir accompagner les victimes devant la police. Ces bénévoles seront aussi formés par des psychologues.» Une fois ce réseau établi dans l’ensemble du pays, SOS Violence pourra communiquer, notamment dans les tribunaux et les centres de police, sur son action auprès des olim victimes de violences sexuelles et domestiques.
Pour rejoindre les bénévoles de l’association:
Béatrice Coscas-Williams, au 054-2405714 ou [email protected]
Article réalisé par Eve Boccara, publié dans Actualité Juive numéro 1643 (12/05/2022).
Pour s’abonner : https://docs.google.com/…/1FAIpQLSeF6Ikwr-2Dc…/viewform