Le chef du parti Hatsionout Hadatit, Betsalel Smotrich, s’est exprimé hier (dimanche) à la Knesset lors de la cérémonie officielle à la mémoire du Premier ministre Itshak Rabin, z’l, assassiné il y a 27 ans.
Il y a dénoncé le fait que depuis ce jour, c’est tout un public – la droite et les sionistes religieux – qui est accusé de cet acte ignoble qu’il a condamné de toutes ses forces. Il a rappelé que ce public, précisément, s’était certes battu contre le gouvernement Rabin et les accords d’Oslo qu’il considérait comme une erreur monumentale, mais il s’est exprimé sans ambigüité contre l’assassinat de Rabin. Et pourtant, chaque année, le jour de la hazkara, il est montré du doigt et tenu pour responsable de cette fin tragique de l’un des personnages les plus importants de l’histoire d’Israël.
Betsalel Smotrich a, par ailleurs, dénoncé l’attitude des services du Shabak pendant cette période tendue en Israël. Il a, ainsi, fait allusion, au rôle de l’agent Avishaï Raviv, alias Champagne, qui n’a jamais été totalement dévoilé et autour duquel beaucoup de théories existent. La censure qui est, encore aujourd’hui, en vigueur sur cette partie de l’assassinat d’Itshak Rabin ne fait qu’alimenter les suppositions sur ce que le Shabak a fait et là où il a failli.
Ainsi, Smotrich a déclaré hier du haut de la tribune de la Knesset: »Ceux qui ont failli dans la protection du Premier ministre Itshak Rabin, ne sont pas les gens de droite ou du sionisme religieux, ne sont pas les habitants des implantations qui ont dénoncé, à juste titre, la politique du Premier ministre mais les services de sécurité qui n’ont pas seulement échoué dans sa protection mais ont aussi fait usage de manipulations qui, jusqu’à aujourd’hui n’ont pas été révélées totalement, pour encourager le meurtrier à passer à l’acte ».
L’agent Avishaï Raviv avait été jugé pour ne pas avoir empêché le crime mais avait été relaxé par le tribunal en 2003. Les juges avaient estimé que Raviv ne savait pas qu’Igal Amir avait l’intention d’assassiner le Premier ministre. Il avait bien alerté ses supérieurs sur les activités militantes de ce dernier, notamment au sein de l’université Bar Ilan, mais n’avait pas connaissance de ses projets meurtriers.
La commission Shamgar créée pour tirer les leçons de l’assassinat de Rabin a, quant à elle, conclu à des manquements graves de la part du Shabak dans la sécurité du Premier ministre.
Les propos de Smotrich ont suscité de vives réactions. Le ministre de la Défense, Benny Gantz, les a condamnés: »Celui qui a assassiné Rabin est l’ignoble assassin Igal Amir. Ceux qui l’ont incité et qui ont créé l’atmosphère propice sont les leaders publics. Ceux qui ont essayé de protéger Rabin et ont tiré les leçons en remplissant leur mission de protection des personnalités avec dévouement et professionnalisme sont les services du Shabak. Les accusations contre eux sont des conspirations qui doivent disparaitre du débat public et ne pas être colportées par des leaders publics et des futurs ministres ».
Dvir Kariv, l’un des hauts responsables du Shabak à l’époque de l’assassinat de Rabin, a lui aussi réagi: »Le Shabak, en tant qu’organisation, a échoué dans la protection du Premier ministre, notamment le service de la protection rapprochée des personnalités publiques et le département du terrorisme non arabe. Nous avons échoué mais de là à véhiculer cette théorie du complot absurde? Dire que nous avons procédé à des manipulations pour encourager l’assassinat? Et c’est un homme qui prétend au poste de mnistre la Défense. J’en tremble ».
A droite, Avi Dichter, un ancien responsable du Shabak, a lui aussi condamné les propos du chef de la Tsionout Hadatit qu’il a jugés »déconnectés de la réalité ».
Betsalel Smotrich a reçu le soutien du journaliste Amit Segal qui a tenu à souligner qu’il ne s’agissait pas d’une théorie du complot, selon lui, mais bien d’une question qui a été mise sous le tapis pendant 27 ans: »un agent inflitré qui a agi au coeur des milieux de droite, qui a diffusé des prospectus avec Rabin vêtu d’un uniforme SS, a incité à la haine et à la violence et n’en a jamais payé le prix. Cela n’annule en rien la responsabilité d’Igal Amir, qui a toujours dit que Raviv ne l’avait pas influencé. Mais il faut mener un débat sur la ligne qui a été franchie et qui a servi à stigmatiser tout un public pendant des dizaines d’années ».