Est-il préférable d’attendre d’avoir une situation professionnelle pour se marier ?
Valérie Halfon
Conseillère en budget familial/PME
D’après moi, il est possible et même souhaitable de ne pas attendre. Mais à une condition : apprendre à vivre avec ce que l’on a. Cependant, la question devient épineuse lorsque les parents ne peuvent pas aider le jeune couple. Comment vont-ils se marier ? S’installer ? Subvenir à leurs besoins au quotidien ? D’abord, ils n’ont pas besoin de se marier en grande pompe. D’ailleurs certains jeunes se marient dans la plus grande simplicité. En plein air, dans une forêt, et chacun amène quelque chose à manger (si, si, ça existe…). Ensuite, soit les parents peuvent aider en donnant une petite somme par mois (comme ils le font lorsque leurs enfants sont étudiants par exemple), soit ils ne le peuvent pas et alors, le mari et la femme vont travailler, faire des petits boulots pour subvenir à leurs besoins. Ces derniers temps, j’ai commencé à enseigner aux jeunes couples à gérer leur (petit) budget. Si on sait se contenter de ce que l’on a, on réussira. Et on a beaucoup, quand on est jeune, en bonne santé et qu’on s’aime !
Carole Nakache
Professeur d hébreu et médiatrice/gestion de conflits
Pour répondre à la question, je distinguerai deux cas de figure. Le premier, celui d’une personne qui, en pleines études ou développement professionnel, repousse l’éventualité même de se marier et l’autre, celui d’une personne ayant trouvé son âme sœur mais préférant attendre d’avoir une « bonne situation » pour faire le pas. À la première, je répondrais qu’à trop attendre, elle risquerait de louper le coche et de certes aboutir à une excellente situation professionnelle mais qui s’avérera tôt ou tard insuffisante si elle n’arrive pas à trouver la personne avec qui partager sa vie. À la seconde, je dirais allez-y, n’hésitez pas, on peut se construire ensemble. On peut trouver des solutions à deux. Tout est une question de volonté et de foi. Bien souvent les parents ou beaux-parents sont ravis d’héberger leurs enfants les premiers temps. On peut également concilier études et travail à temps partiel. En bref, quand on veut, on peut ! Personnellement c’est ce que je dis à mes enfants et croyez-moi, D. aide, il faut juste lui faire confiance.
Chochana Behar
Psychothérapeute. Responsable du programme « Tseirim, Tseirot » de la communauté Orot Yehouda
À la lumière de mon expérience à la fois comme psychothérapeute et comme personne organisant des activités pour célibataires, je peux affirmer que mariage et situation professionnelle ne sont absolument pas liés ! Nous voyons beaucoup de célibataires de plus de 30 ans qui ont de très bonnes situations depuis plusieurs années et qui, pourtant, ne trouvent pas à se marier. Alors oui, se marier sans réelle source de revenus peut être difficile, surtout si les parents ne peuvent pas aider. Mais j’ai envie de dire : c’est ça la vie ! C’est se marier, avoir des enfants et surmonter des difficultés. Des jeunes qui se marient, même sans situation, grandissent ensemble et c’est ce qu’il y a de mieux. Ils apprennent à se débrouiller. J’irai même plus loin, lorsque l’on attend pour se marier d’avoir une situation, alors on crée des blocages psychologiques qui vont en grandissant avec l’âge. Et il n’en devient que plus compliqué de trouver l’âme sœur.
Esther Horgen
Conseillère conjugale
La véritable sécurité vient de l’intérieur. Le bonheur et la réussite sont le résultat d’un processus intérieur auquel nous donnons vie, et ce processus intérieur entraîne la situation extérieure. Situation relationnelle, professionnelle, économique, etc. Ce que nous pensons de nous-mêmes, la confiance inconditionnelle que nous nous portons, qui est le facteur qui va déterminer la réussite de notre vie et notre bien-être. Nous devenons ce à quoi nous pensons toute la journée, il faut sans cesse repréciser le dessin de nos pensées. Seules les pensées de manques, de crainte et d’insécurité nous coupent les ailes vers le bien-être. Et cela est vrai au niveau émotionnel comme à tous les autres niveaux, financier, santé etc. Les personnes les plus heureuses sont celles qui ont l’esprit tranquille, pas celles qui sont nanties. Les seules limites existantes sont celles auxquelles nous croyons, celles que nous nous mettons. Exprimez la confiance et l’amour et vous recevrez le merveilleux de vos belles décisions en retour.
Caroll Azoulay
Consultante chez JDate (site de rencontre juif)
Toute mère juive répondrait à votre question par la franche affirmative ! « Quelle est sa situation » ? La fameuse question dont la réponse peut faire naître un grand sourire sur le visage des parents ou bien un rictus improbable qui en dit cependant long sur leurs pensées… Le problème c’est qu’il ne s’agit pas du mariage des parents, mais bien du nouveau couple potentiel qui est en train de se former. Si le mariage est ce à quoi on aspire, pourquoi la situation devrait-elle représenter un obstacle ? Pourquoi claquer la porte à l’âme sœur qui se présenterait en lui demandant de revenir « parce que pour le moment, j’attends une promotion au boulot ». L’imagination est plus importante que le savoir, disait Albert Einstein. L’amour est-il moins important que la situation ?
Mireille Karsenty
Se marier, c’est bien, se marier jeune, c’est mieux ! Le Rambam écrit que le bon sens devrait conduire l’homme à construire sa vie selon l’ordre suivant : acquérir un métier, acheter une maison puis épouser une femme. Mais il précise dans Ilhot Talmud Torah 1 halaha 5 qu’il faut tenir compte du contexte et de la personnalité de chacun. Evidemment, l’idéal serait d’acquérir une autonomie affective et financière simultanément. Mais dans notre société il y a l’armée, la yeshiva, les études… ça nous mène à quel âge ? De plus la société occidentale sollicite les jeunes dans des directions éloignées de nos valeurs. Il n’est pas facile de tenir une maison, de travailler, d’étudier, de devenir parents, mais c’est source d’épanouissement et de bonheur. Le défi des parents est d’aider leurs enfants à se marier jeunes par des conseils, mais aussi par une aide financière selon leurs moyens.
Selon le rapport du National Mariage Project 2013, les personnes entre 20 et 26 ans les plus heureuses sont mariées. Une autre étude a montré que les jeunes qui s’engagent entre 20 et 25 ans divorcent moins que les personnes qui s’engagent plus tardivement.