Le parti sioniste religieux de gauche Meimad va-t-il reprendre ses activités politiques? C’est en tout cas ce que souhaite et prépare l’ancien ministre rav Michaël Melchior, qui rejoignit ce mouvement créé par le rav Yehouda Amital z.l. en 1988. Cette formation se voulait être une alternative au Parti national religieux (Mafdal) considéré par une petite petite frange du public sioniste-religieux comme étant trop à droite, et plus préoccupé par les questions d’Eretz Israël et de réimplantation juive que par des thèmes comme la justice sociale, l’éducation ou les « valeurs humanistes du Judaïsme ». Le parti Meimad était également très favorable aux pourparlers de paix avec les Arabes palestiniens.
Meimad s’était présenté pour la première fois lors des élections de 1988 mais n’avait obtenu que 16.700 voix, n’atteignant pas le seuil d’éligibilité. L’assassinat d’Itshak Rabin donna un coup de fouet à cette formation vers laquelle se rallièrent des sionistes- religieux qui estimaient que ce courant idéologique avait une responsabilité dans ce drame ou qui pensaient échapper à l’opprobre lancé par la gauche envers tout ce qui portait une kippa crochetée. Dans le gouvernement intérimaire Pérès qui suivit l’assassinat d’Itshak Rabin, le rav Amital fut nommé ministre sans portefeuille chargé de « tenter de raccommoder les pans de la société israélienne ».
En 1995, le rav Michaël Melchior, ancien grand rabbin de Norvège et du Danemark, rejoignait le parti pour en devenir peu à peu son leader. « L’heure de gloire » du parti Meimad arriva lors des élections de 1999 où il intégra la constellation « Israël A’hat » créée par Ehoud Barak pour prendre le pouvoir à Binyamin Netanyahou. Ce qui fut fait. Le rav Melchior devint le premier député Meimad à la Knesset et le resta. Malgré la présence à la Knesset et au gouvernement, la cohabitation de Meimad avec le Parti travailliste n’allait pas de soi et des tensions se firent jour à l’intérieur du mouvement notamment sur la question de cession éventuelle de territoires ou du domaine sensible des relations entre l’Etat et la religion.
Lors des élections de 2009, le parti Meimad choisit de s’allier aux Verts mais ne passa pas le seuil d’éligibilité. Depuis lors, ce parti n’a pratiquement plus fait parler de lui sur le plan politique.
Mais voilà que l’idée d’un retour fait son chemin et le mois prochain aura lieu un colloque de militants qui entendent s’organiser en vue des prochaines élections. Le rav Melchior est très actif dans ce projet mais il a déjà fait savoir que personnellement, il n’entrera plus dans la vie politique. Il estime qu’il faut laisser la place à des membres de la jeune génération. Il explique que cette démarche est motivée par le fait que beaucoup de citoyens ne savent plus pour qui voter. Le rav Melchior a également souligné que dans tous les cas de figure, Meimad ne se présentera pas seul mais en alliance avec un autre parti. Il a confié que plusieurs partis l’ont déjà contacté, on pense au Camp sioniste, à Yesh Atid ou à Orly Lévy-Abécassis, qui seraient tous trois intéressés à avoir des têtes coiffées d’une kippa crochetée dans leur liste.
Pour le rav Melchior, le public visé par Meimad ne sera pas uniquement la population sioniste-religieuse mais « tous ceux qui souhaitent un Etat d’Israël juif et démocratique ». Bien qu’étant en bonnes relations avec les dirigeants de Habayit Hayehoudi, le rav Melchior ne voit pas la possibilité d’une alliance avec ce parti à cause des différences idéologiques.
Photo Miriam Alster / Flash 90
