Simh’a Rotem (né Szymon Rathajzer) z.l, « Kaj’ik » de son nom de guerre, est décédé samedi à Jérusalem à l’âge de 94 ans. Il était le dernier témoin de la révolte du ghetto de Varsovie. Avant la guerre, il fit partie du mouvement de jeunesse Akiva et dès l’invasion de la Pologne par les Allemands, il entra en résistance. En 1942, il entra dans l’Organisation juive de combat (Żydowska Organizacja Bojowa) et grâce à son physique aryen éloigné des clichés antisémites ainsi que son polonais prononcé sans accent yiddish, il put passer inaperçu et servit de messager depuis l’extérieur à l’intention des combattants à l’intérieur du ghetto de Varsovie, dirigés par Itshak Zuckerman et Mordekhaï Anielewicz.
Lors de la révolte, il réussit à faire sortir ses parents du ghetto, leur sauvant ainsi la vie. Sentant que les combattants ont la partie perdue, il tenta alors de les faire évader par un passage secret. Malheureusement, ce passage fut découvert par les nazis. Par miracle et par débrouillardise, il réussit à échapper aux griffes nazies et à entrer malgré tout dans le ghetto pour prêter main forte à ceux qui combattaient encore. Avec Zivia Lubetkin, l’une des dernières survivantes, il réussit à mener une opération de sortie par les égouts avec environ quatre-vingt combattants vers la zone aryenne dans un premier temps, puis vers les forêts de l’extérieur de la capitale polonaise.
Simha Rotem z.l. poursuivit ses activités souterraines de résistance jusqu’à la fin de la guerre, notamment en aidant à soigner les quelques milliers de Juifs qui se cachaient encore dans les ruines de la ville. En août 1944, il participa à l’insurrection de Varsovie aux côtés des résistants polonais.
Après la guerre, Simha Rotem z.l. adhéra au sionisme et à l’organisation ‘Beri’ha’ (Fuite) qui organisait l’immigration de Juifs européens en Palestine mandataire malgré l’opposition des Britanniques.
Il fut aussi l’un des fondateurs du kibboutz Lo’hamei Ha-Gettaot.
Simh’a Rotem z.l. a obtenu plusieurs décorations : la Croix d’officier de l’ordre du Mérite de la République de Pologne (2003), la Grand croix de l’ordre Polonia Restituta (2013) et la médaille d’or de l’armée polonaise (2013).
Lors de l’oraison qu’il a prononcée lors de la cérémonie d’inhumation, le président de l’Etat Reouven Rivlin, qui connaissait bien le défunt, a cité le testament moral qu’il voulait léguer aux jeunes générations : « Soyez un être humain. Nous sommes des animaux à deux pattes. C’est ce que je ressens. Mais parmi nous, les animaux à deux pattes, il y a ceux qui sont aussi des êtres humains et qui méritent cette appellation ».
Photo Anna Kaplan / Flash 90