Emmanuel Navon
Universitaire
Je changerais sa centralisation et garderais sa diversité. Bien que je pense qu’il faille un curriculum de base, je suis favorable à un plus grand degré d’autonomie pédagogique pour les établissements scolaires. La politique pédagogique du Ministère de l’Éducation est trop centralisée et elle impose un curriculum rigide qui ne laisse pas assez de liberté aux directeurs d’écoles et aux enseignants. En revanche, je garderais la diversité du système scolaire qui offre aux parents un large choix entre différents types d’écoles. Dans le Gush Etzion, où j’habite, nous avons la chance de pouvoir choisir entre des écoles qui diffèrent les unes des autres tant idéologiquement que dans leurs méthodes d’enseignement (bien que le curriculum soit imposé par le Ministère de l’Éducation). À cela s’ajoute le choix non moins varié d’écoles à Jérusalem, ce qui nous a permis d’envoyer chacun de nos enfants dans des établissements scolaires différents, adaptés à leurs personnalités respectives.
Chlomo Zemmour
Cadre en éducation
Je crois que peu de pays aussi jeunes ont mis sur pied un système scolaire vaste, varié et structuré comme le système israélien. Tout n’est pas parfait et il reste encore beaucoup à réformer, en particulier dans le domaine qui fait aujourd’hui débat en Israël : la promiscuité dans les classes. Je soutiens le combat mené pour que cela change. Dans une société moderne en pleine crise d’autorité il est utopique d’espérer relever les défis éducatifs du 21ème siècle avec des classes bondées dépassant les 34 élèves. L’heure de cours de 50 minutes est rognée par les exercices nécessaires de discipline pour permettre dans le meilleur des cas de consacrer 25 minutes au contenu. Ce problème est aggravé au collège et au lycée. L’État d’Israël a vaincu dans le passé car Tsahal était fort. Tsahal était fort car la société était forte. Peut-on garantir cela dans l’avenir avec des classes surpeuplées ou l’inégalité sociale et intellectuelle régnera et où il sera de plus en plus difficile d’éduquer ? En revanche, il faut absolument maintenir le soutien donné aux mouvements de jeunesse. Dans une époque où l’individualisme est roi et où la transmission des valeurs est faible, quoi de plus fort que de valoriser l’éducation informelle, l’esprit de solidarité et la valeur du « collectif ».
Yael Lancri
Journaliste
Dans les classes de l’école primaire, il me semble qu’il faudrait modifier les horaires. La fin des classes à 13 heures implique en général des dépenses de tsa’aron lorsque les deux parents travaillent. Cela représente une somme importante surtout lorsqu’il y a plusieurs enfants et certaines familles ne peuvent supporter cette charge. Les écoliers sont alors livrés à eux-mêmes. Un autre point à revoir est celui de la mauvaise répartition des vacances scolaires. En dehors des fêtes juives, les élèves restent souvent de longs mois sans la moindre pause. En ce qui concerne le secondaire, à partir de la kita tet (équivalent de la 3e), le choix des matières optionnelles peut être un frein à la culture générale. Est-il judicieux par exemple que la géographie ne soit pas obligatoire ? Reste que le plus du système scolaire israélien réside sans doute dans une communication facile avec les professeurs, qui n’hésitent pas à téléphoner régulièrement aux parents.
Sophie Alisse-Stern
Enseignante. Écrivaine
L’école en Israël n’échappe hélas pas à la crise quasi générale du système scolaire : perte des valeurs traditionnelles telles que la politesse, le goût de l’effort, la patience ou le simple respect pour le professeur, baisse sensible du niveau de culture générale, désintérêt graduel pour les sciences humaines, banalisation de la violence, invasion du tout technologique qui met des élèves très jeunes en contact avec une réalité parfois sordide. Mais à côté de cette dérive bien difficile à contenir, il y a également dans l’école en Israël un indéniable souci de former les enfants et adultes de demain à certaines valeurs humaines et sociales qu’on ne peut réduire à un pur savoir ou une quelconque maîtrise technique. Des valeurs telles que le vivre ensemble, la solidarité, le souci de l’autre, une exigence de vérité, une empathie qui reste sans doute comme un garde-fou au milieu de cette « école-jungle » sans foi ni loi qui cantonne l’élève à un rôle de simple client dans l’usine scolaire.
Jonathan Berdah
Directeur programme de soutien scolaire Matsliah
Avant toute chose nous devons essayer de trouver le bon côté qui se cache dans notre merveilleuse Terre. Comme l’a si bien dit Moché dans le livre de Dévarim : « laisse-moi voir cette BONNE terre ». Nous avons un bon pays, il faut juste améliorer quelques petits points. Au niveau du système scolaire nous devons avouer qu’il existe un problème en ce qui concerne l’intégration des jeunes olim. Malgré les efforts fournis, un grand nombre d’enfants ont du mal à s’intégrer. Nous devons mettre en place un programme adapté aux nouveaux olim, un système où aucun élève ne devra quitter un cours de Maths ou d’Anglais pour pouvoir suivre son Oulpan. Un programme de transition entre l’école française et israélienne. Pour finir sur une bonne note, nous devons féliciter l’implication des professeurs israéliens qui sont toujours là pour nos enfants, toujours disponibles, où l’épanouissement de l’enfant prime sur le bulletin de note. Béchem Hachem Naassé Vé’Matsliah !
Hanna Zini
Enseignante
Il y a lieu de changer quelque chose lorsqu’il y a une base de données établie. Or le problème réside dans le fait que le système éducatif israélien n’a pas été établi comme il faut. Ses racines sont pourries. Et chaque nouveau ministre de l’Éducation essaye d’apporter ses changements afin de justifier sa promotion. Pour éduquer un enfant juif, il faut tenir compte de son être juif. Et l’éducation qui doit être donnée n’a rien à voir avec celle transmise ailleurs. Préserver l’enfant juif, c’est l’éloigner de toute singerie face à une éducation étrangère. Ce qui ne signifie en aucune façon le déconnecter de la société moderne. Dès la prime enfance, il faut cerner la nature de l’enfant et le faire fleurir selon cette nature. C’est ainsi que le psalmiste le définit : « par la bouche des enfants et des nourrissons tu as fondé ta puissance. En dépit de tes détracteurs, tu réduis à l’impuissance ennemis et adversaires rancuniers » (Psaume 8-3). Ainsi, dès le plus jeune âge, en préservant la pureté et la sainteté de nos enfants, nous pourrons bâtir un monde nouveau et nos ennemis n’auront aucune emprise sur nous.
Or nous avons un grave problème : nous voulons être comme « les autres » ! Déjà au temps du prophète Samuel le peuple avait demandé : « Donne-nous donc un roi pour nous gouverner, comme en ont tous les peuples ». Oui nous voulons être comme les autres car nous sommes persuadés que singer les autres nous mettra à l’abri de la solitude, de l’isolement et de la haine ! Et de ce fait l’éducation que nous proposons à nos enfants est celle de l’anonymat et du bon ton. Nous voici donc à la croisée des chemins, épiant de tous côtés, surtout de celui de l’Occident afin de faire comme tout le monde et surtout afin de plaire. Alors comment expliquer que malgré cette « fonte » au sein du système, les nations nous haïssent encore plus, ils nous montrent du doigt, et nous accusent de tous les maux de la terre ? Peut-être simplement parce que nous n’avons pas à choisir… c’est le Créateur lui-même qui nous a choisis ! Par bonté, par mansuétude, le Créateur dans sa grande puissance a voulu nous faire participer au parachèvement de la Création. Cette tâche nous incombe et elle ne peut se faire qu’à la condition sine qua non que les enfants juifs soient éduqués selon leur nature. Et l’essence de l’enfant juif est la sainteté et la pureté. Il est vrai que c’est une notion très difficile à comprendre. Dans cette perspective, l’éducation juive permettra à l’enfant d’acquérir la LIBERTÉ. Une éducation étrangère, étrangère à l’essence même du Juif, pousse celui-ci vers « l’autre », vers des horizons étrangers, oublieux de sa propre existence, oublieux de son peuple et de sa terre, tel qu’il est écrit dans le Cantique des cantiques : « il m’ont fait garder les vignobles et mon vignoble à moi, je ne l’ai point gardé ». Que reste-il donc ? Aujourd’hui, confronté à une société de consommation à outrance, l’enfant dispose, très jeune de tout et du superflu : la nourriture, l’habillement, la technologie de pointe et la permissivité à outrance ! Et lorsque « Yechouroun s’engraisse, il se rebiffe » (Deuteronome 32-15) !
Delphine Ankaoua
Centre de soutien scolaire Ya’had
J’ai fait l’Alya il y a 4 ans avec des enfants que j’ai déscolarisés de France pour les re-scolariser en Israël et, malgré les grosses différences, je reste très satisfaite du système israélien. Je travaille également au Merkaz Lemida avec une cinquantaine d’enfants olim pour les aider à s’intégrer en douceur dans les écoles israéliennes. À CHANGER : qu’il y ait plus de discipline dans les écoles ! Les enfants sont certes plus épanouis ici mais il faut y mettre des limites. La cantine et le dimanche chômé ne seraient pas de refus non plus… À GARDER : cette notion de Hessed qui est propre au système scolaire israélien. À Rosh Hachana mes enfants ont apporté de la nourriture aux familles nécessiteuses, à Hannoucah ils ont distribué des cadeaux aux enfants malades à Shaarei Tzedek, à Tou Bichvat ils ont planté des arbres avec des pensionnaires d’une maison de retraite, avant Pessah mon fils a même fait le ménage chez des personnes âgées (alors qu’à la maison il est incapable de faire son lit ;- !) Rak be Israel !
Anael Shmueli
Directrice du bureau francophone de l’association du Sherout Leumi
Je changerais le nombre d’élèves dans les classes afin que chaque professeur ait moins d’élèves dans sa classe. Cela permettrait de tirer le meilleur de chaque élève, de l’orienter selon ses besoins et de rendre l’expérience scolaire tellement plus intéressante ! Je garderais les professeurs et les directeurs qui s’occupent d’une génération qui nécessite beaucoup de patience et d’intelligence, et qui sont confrontés à des situations qui ne dépendent souvent pas d’eux.
David Ouaki
Directeur section francophone Campus Scolaire Yemin Orde
Le système israélien a de particulier un esprit basé davantage sur la pédagogie, et pas uniquement sur l’acquisition du savoir, et cela depuis le primaire. Le secondaire donne aux jeunes la possibilité de passer un bac israélien qui est modulable et beaucoup moins impitoyable que le bac français. Néanmoins dans un pays où la Alya B’H est grandissante, l’accent n’est pas suffisamment mis sur l’intégration des jeunes Francophones pour leur permettre un système d’adaptation où l’élève olé peut retrouver ses repères, avec un oulpan, mais aussi des cours dans les matières principales avec des professeurs francophones pour mieux comprendre la culture en Israël. Les jeunes israéliens doivent aussi mieux comprendre la culture française par le biais d’activités ou d’évènements au sein de l’école ; une école israélienne qui est connue pour intégrer des jeunes élèves francophones se doit d’organiser une journée basée sur l’alya de France qui serait appelée le Yom Tsarfat. Aujourd’hui de nombreux programmes pour Francophones ont été ouverts sur des campus scolaires dans un système d’internat ; Yemin Orde en a été le précurseur. C’est cela qui manque dans un système scolaire externe : pouvoir se mettre au diapason avec chaque élève olé, et lui permettre un soutien scolaire au sein de son école dans sa langue maternelle.
Photo by Sasson Tiram/Flash 90