Ce Shabbat, dans la parasha Ekev, nous lirons le verset dans lequel nous est ordonnée la mitsva du Birkat Hamazone : « Et tu mangeras et tu te rassasieras et tu béniras Hachem, ton D’, pour la bonne terre qu’Il t’a donnée ». Finalement, si nous remercions D’ chaque jour de nous donner de la nourriture, c’est pour être conscients de la qualité de la Terre d’Israël. Et quoi de plus agréable, surtout en cette période de vacances, que d’aller à la rencontre de la terre et de ses bienfaits. L’équipe de LPH s’est rendue, récemment, dans la région de Har Hevron, au sud de Hevron et nous voulions vous faire partager les belles découvertes que nous y avons faites. En espérant, que cela vous donnera envie d’aller, vous aussi, rendre visite à une population si accueillante et si particulière et d’être au contact de la Terre, notre Terre.
Les vins de la Cave Livni
Il suffit de poursuivre quelques minutes après Kiryat Arba – Hevron, pour arriver à la vigne d’Avraham Livni. Ce dernier vit ici depuis 1981 sur une terre que même les cheikhs arabes ont toujours appelé « la terre des Juifs ». Le terrain est particulièrement riche sur le plan agricole puisque sept variétés de cerises y poussent, mais aussi des vignes de très bonne qualité. Avraham Livni explique que le terroir est très particulier dans cette partie du pays : « Nous sommes à 900 mètres d’altitude. En hiver, nous pouvons avoir jusqu’à 80 centimètres de neige, et en été nous bénéficions du climat sec du désert de Judée. La combinaison de ces deux caractéristiques donne un vin unique, noir, et comme nous sommes prêts des cerisiers, on dit qu’ils lui donnent un peu du gout des cerises ».
En 2003, Avraham Livni se lance dans l’exploitation de sa vigne pour en faire du vin : « Nous avons compris que nous avions un des meilleurs raisins du pays ». Au début, c’est une simple passion – Avraham travaille dans le hi-tech. Puis en 2009 il décide d’y consacrer son temps, de fonder une vraie cave, assisté de son œnologue, d’origine francophone, Bruno Darmon. L’entreprise d’Avraham Livni n’embauche que des Juifs : « Nous y voyons un projet éducatif pour transmettre l’amour de la terre, de l’agriculture. Beaucoup d’écoles viennent nous rendre visite, des groupes de tout le pays ».
Cependant Avraham regrette une chose : « Avant les accords d’Oslo, nous vivions assez bien. Depuis, le terrorisme arabe règne ici ». Ainsi, bien que sa vigne soit située sur ce que tout le monde dans la région appelle « terre des Juifs », les Arabes des alentours ont tenté à plusieurs reprises d’incendier la vigne. Avraham lui-même a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. Il raconte l’une d’entre elles : « Un jour, j’arrive dans ma vigne avec mes ouvriers quand j’entends un téléphone sonner. Ce n’était ni le mien, ni celui de mes employés. J’aperçois alors une charge explosive à mes pieds avec un téléphone censé déclencher l’explosion… Cela n’a pas fonctionné… ». La vigne d’Avraham est surveillée en permanence par l’armée, qui y voit aussi un point stratégique.
Aujourd’hui, les caves Livni produisent 20000 bouteilles par an, dont 40% sont pour les exportations vers les États-Unis. Le marché européen, quant à lui, est plus difficile à pénétrer quand on propose du vin produit près de Hevron… Peu importe, Avraham et Bruno nous transmettent une passion du vin mais surtout de la terre, celle qui a été donnée à la tribu de Yehouda, que Yaakov avait béni, en lui promettant qu’elle donnerait… du bon vin. Une promesse millénaire qui se vérifie chaque jour ici.
Le yichouv Maon
Nous continuons notre route pour arriver au yishouv Maon, dont Bruno l’œnologue, fait partie des premiers habitants. Le yishouv a été fondé en 1983 comme village agricole, un peu sur le modèle du kibboutz, à part le fait que chaque famille conservait son intimité, sa cellule. Et force est de constater que Maon est un lieu très prospère sur le plan agricole : élevages, champs, etc. Maon est un peu le symbole du développement de la région de Har Hevron : des familles qui arrivent par idéal sont aujourd’hui au nombre de 70, donnent une attention particulière à l’éducation et, par-dessus tout, ont un attachement à la terre d’Israël au sens propre du terme.
La grotte d’Avigail
Il faut oser s’enfoncer encore un peu plus sur les routes de Har Hevron pour arriver à un lieu surprenant : la grotte d’Avigaïl. On raconte que lorsque David Hamele’h est venu ici avec 400 hommes armés pour tuer Nevel Hacarmeli qui vivait à Maon, Avigaïl l’épouse de ce dernier s’est donnée pour mission d’empêcher un bain de sang. Elle rencontra David au niveau de la grotte et réussit à le convaincre de renoncer à ses projets qui compromettraient son futur statut de Roi d’Israël. Peu de temps après, Nevel Hakarmeli mourra de maladie, et David envoya chercher la femme qui l’avait préservé d’un combat qui l’aurait peut-être perdu, puis il l’épousa.
Le mystère de Soussia
Pour conclure notre périple, nous devons évoquer l’histoire de Soussia. Le village se dresse près d’Otniel et l’on peut y voir les vestiges de la vie juive intense qui régnait sur place il y a 1500 ans. Des mikvaot, une synagogue construite sur le modèle du Beth Hamikdach et encore d’autres ruines visibles sont autant de preuves de la présence d’une communauté assez importante. Seulement voilà… aucune trace de ses habitants… En d’autres termes, tous ont quitté Soussia, à une certaine période, mais aucun élément archéologique ne permet de déterminer où et pourquoi ils sont partis. Il s’agit de l’un des plus grands mystères archéologiques et historiques encore non élucidés à ce jour…
Nous ne pouvons que vous encourager à vous rendre sur place, vous imprégner de l’atmosphère et des paysages, et qui sait, peut-être vous lancer sur la trace des Juifs de la Soussia antique ? Et si vous décidez de le faire, pensez à prendre avec vous un pique-nique que vous pourrez partager non loin de là, au cœur de la forêt de Yatir, la plus grande du Moyen-Orient.
Guitel Ben-Ishay